43 minutes de temps de jeu effectif pour la France
« On finit avec un ‘ball in play’ à 43 minutes ; c’est une belle mise en jambes pour commencer cette tournée », relevait le troisième-ligne Grégory Alldritt juste après la victoire 52-12 sur le Japon samedi 9 novembre. L’ailier Louis Bielle-Biarrey ne cachait pas qu’il avait « beaucoup couru ».
Le « ball in play », c’est le temps de jeu effectif, c’est-à-dire combien de temps, sur les 80 minutes d’un match, les joueurs jouent vraiment au rugby. Et bien, sur cette première rencontre de l’automne au Stade de France, ils ont joué 43 minutes.
Un gain considérable depuis 1995
En fait, c’est beaucoup. En 1995, lors de la Coupe du Monde de Rugby, le temps de jeu effectif était de 29 minutes et 45 secondes exactement en moyenne par match.
Au cours des huit années entre 1995 et 2003, six minutes ont été ajoutées au temps de jeu effectif de la Coupe du monde et au cours des huit années suivantes, seules 14 secondes ont été ajoutées.
En moins de trente ans, le temps de jeu effectif a considérablement augmenté jusqu’à être de 34 minutes et 18 secondes en moyenne par match sur la Coupe du Monde de Rugby 2023 en France, quasiment autant qu’en 2019.
Les conséquences des nouvelles règles
Il apparaissait que le rugby était arrivé à un plafond qui allait perdurer… à moins que l’on change les règles pour limiter au maximum les arrêts de jeu. Et c’est justement ce que World Rugby a voulu faire à partir des tests de l’été 2024.
L’idée principale : éviter les temps morts et ajouter plus de spectacle. Au grand damne d’ailleurs de certains joueurs qui avaient l’habitude de souffler au moment de l’établissement d’une mêlée ou d’un alignement. Désormais, il faut faire vite : 30 secondes avant de mettre en action une mêlée ou de lancer le ballon dans l’alignement. Dans le cas de la touche, même si le lancer n’est pas droit et qu’il n’est pas contesté, le jeu peut continuer.
Déjà à France 2023 les coups de pied étaient chronométrés : 60 secondes pour une transformation ou une pénalité au moment où elle est ordonnée par l’arbitre (avant, c’était 90 secondes pour une transformation et 60 secondes pour une pénalité).
De même, « le ballon doit être joué après que le maul a été arrêté une fois, pas deux », ce qui accélère et favorise là encore le jeu. Autre changement, la suppression de l’option mêlée lors d’un coup de pied franc ; ça gagne un peu de temps aussi
France et Japon, deux équipes joueuses
Bref, ces petits ajustements dans différents secteurs de jeu arrivent à mettre plus de rythme dans le jeu et, par conséquent, augmentent le temps de jeu effectif. Et donc, on a rajouté dix minutes, l’air de rien, un an après contre le Japon.
Il est vrai que les deux équipes sont joueuses, préférant faire des passes que de jouer au pied, par exemple. Le temps de la dépossession cher au premier mandat de Fabien Galthié (se débarrasser la balle si au bout de 20 secondes de ruck on n’a toujours pas réussi à la dégager) semble révolu.
En raccourcissant les passes et en n’hésitant plus à multiplier les phases de jeu dans l’axe, les stratèges du XV de France favorisent désormais un dézonage sur les couloirs, envoyant leurs ailiers aussi bien d’un côté que de l’autre, tels des électrons libres, ce qui leur convient.
La France a effectué 31 coups de pied, contre seulement 19 pour le Japon, qui a conservé un ratio efficace d’un coup de pied pour 10,6 passes (contre un pour 4,7 passes côté français). Naoto Saito, demi de mêlée japonais, s’est distingué avec 87 passes sur les 202 de son équipe, tandis qu’Antoine Dupont n’en a réalisé que 51, représentant un tiers des passes françaises.
Avec plus de rythme et moins de temps morts, tout l’enjeu est désormais de savoir si telle ou telle équipe peut tenir le rythme physiquement.
Greg Alldritt et Peato Mauvaka s’en amusaient en zone mixte. « Il était quand même dans le rouge à la fin. Mais c’est bien, ça lui fait découvrir ce que c’est de jouer 80 minutes », persiflait le premier à l’encontre du second. « Je n’ai pas l’habitude de jouer autant et surtout de finir troisième-ligne. Mais j’étais moins dans le rouge que Greg quand même ! », lui renvoyait Mauvaka.
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