5-3, 6-2 voire 7-1 : les entraîneurs en quête de la formule de banc magique
La composition du banc des remplaçants revêt désormais une importance capitale dans le rugby moderne. Les entraîneurs n’hésitent plus à y placer six ou sept avants, misant sur la polyvalence des joueurs.
Quasiment que des avants sur le banc à la manière des Sud-Africains champions du monde, ou un accent mis sur les arrières ? Derrière les combinaisons, les entraîneurs de rugby s’adaptent aux conditions météorologiques, à leurs adversaires mais aussi à leur propre équipe.
Contrairement au football, les huit joueurs remplaçants au coup d’envoi peuvent chacun entrer en cours de match.
Pour choisir leur banc, les entraîneurs prennent en compte les deux familles de joueurs : les avants (première à troisième ligne, qui participent à la mêlée) et les arrières. Il est commun qu’un joueur puisse évoluer à plusieurs postes sur les lignes avant ou arrière, mais il est beaucoup plus rare de pouvoir passer de l’une à l’autre.
Le troisième ligne Sekou Macalou l’avait fait – avec succès – avec la France en test-match contre l’Afrique du Sud en 2022 (30-26) en jouant à l’aile, faute de solution satisfaisante sur le banc pour pallier la blessure de Jonathan Danty en début de match.
À l’inverse, on a vu ce même Danty, trois-quarts centre de métier, évoluer en troisième ligne aile il y a quelques semaines, tandis que son partenaire rochelais Levani Botia a régulièrement fait des allers-retours entre ces deux mêmes postes durant sa carrière.
On voit aussi régulièrement un centre, voire un ailier, venir pousser sur les flancs de la mêlée quand un 3e ligne a écopé d’un carton jaune en cours de match.
Des joueurs de plus en plus polyvalents
« Le banc de touche, tu le prends d’abord en compte en fonction de tes forces à toi », assure Christophe Urios, l’entraîneur principal de Clermont. « En deux, tu peux imaginer le faire aussi en fonction des conditions. Et en trois, tu intègres aussi le contexte du match », détaille-t-il.
Les avants, dont on privilégie la force à l’endurance, sont les plus susceptibles d’être remplacés, surtout sur les deux premières lignes. Le règlement international et du haut niveau en France impose aussi à une équipe de compter trois remplaçants de première ligne sur sa feuille de match, sinon l’équipe ne peut inscrire que 22 joueurs et non 23.
Le banc le plus classique inclut cinq avants et trois arrières, de quoi s’adapter à une grande majorité de situations avec un joueur proche de son meilleur poste. Mais « à l’avenir, les joueurs devront être de plus en plus polyvalents », estime le troisième ligne clermontois Anthime Hemery.
Plutôt adepte du 5-3 depuis le début de saison, l’entraîneur du promu Vannes, Jean-Noël Spitzer, explique qu’en Top 14, « ce n’est pas le rythme ou les séquences très longues qui posent problème » mais « les changements de rythme, les fulgurances ».
Par conséquent, « tu es obligé de t’appuyer sur des joueurs qui ont cette puissance/vitesse, au détriment de joueurs plus énergétiques ». Selon lui, la formule 5-3 permet de « compenser cela » en ramenant des joueurs frais dans les lignes arrière. « On verra en plein hiver où ce sera peut-être davantage du 6-2 », quand les terrains boueux ne permettront plus autant de fulgurance ballon en main, explique-t-il.
L’UBB et son banc en 7-1 inspiré des Springboks
Le 5-3 est désormais largement concurrencé par la formule 6-2, notamment utilisée par le sélectionneur de l’équipe de France Fabien Galthié lors de la série de 14 victoires consécutives des Bleus entre 2021 et 2023 et encore pendant les matchs de novembre dernier.
Cette option ajoute de l’énergie aux avants, qui peuvent être facilement remplacés tout en épuisant leur vis-à-vis, mais avec seulement deux joueurs pour couvrir les sept postes à l’arrière.
Le Mondial 2023 a encore poussé plus loin la logique avec un banc avec sept avants pour un seul arrière proposé par les Springboks, finalement vainqueurs de la compétition.
En France, l’Union Bordeaux-Bègles s’est essayée, en octobre contre La Rochelle, à cette tactique impulsée par son manager Yannick Bru, auparavant membre de l’encadrement des Sharks de Durban, franchise sud-africaine.
Si l’UBB a perdu le match, elle a largement dominé la seconde période, avec pourtant 14 joueurs après une expulsion.
« C’était la première fois, pas la dernière », assure Noel McNamara, entraîneur des arrières de l’UBB, en louant la « polyvalence » de ses arrières. « Arthur Retière peut jouer demi de mêlée ou ailier », deux postes très différents, souligne-t-il.
Le banc en 7-1 « montre la puissance et l’importance des avants », abonde le manager du Racing 92 Stuart Lancaster. « Ça dépend des joueurs à disposition. Je ne l’ai jamais fait (…) mais ça a l’air de marcher. »
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