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5 clés pour comprendre la crise que traverse la Rugby Football Union en Angleterre

Bill Sweeney, directeur général de la RFU. (Photo par Bob Bradford/CameraSport via Getty Images).

Ça ne date pas d’aujourd’hui que des clubs réclament la tête de Bill Sweeney, le directeur général de la Fédération anglaise de rugby. Mais l’affaire de sa rémunération record (1,3 million d’euros) alors que la RFU est en déficit et qu’il vient de virer 42 personnes pourrait lui être fatale.

Retour sur cinq affaires pour comprendre la situation de crise dans laquelle se trouve la Rugby Football Union.

2019 : son arrivée, déjà sur fond de scandale financier

En février 2019, la Rugby Football Union (RFU) nomme Bill Sweeney comme nouveau Directeur général. Il est alors l’ancien patron de la British Olympic Association (BOA) et reconnu pour ses compétences en matière de business, bien qu’il n’ait pas d’expérience spécifique dans l’administration du rugby. Il remplace Steve Brown, parti quelques mois avant après des critiques sur la gestion financière de la RFU, marquée par une perte de 30,9 millions de livres et 62 licenciements (en 2018).

Au cours de son mandat de 5 ans et demi à la BOA, Sweeney est passé d’un déficit de 700 000 £ en 2014 à des bénéfices records deux ans plus tard. Il a œuvré sur les Jeux olympiques de Sochi, Rio et Pyeongchang. Il semble être l’homme de la situation pour sauver le rugby anglais.

Il hérite alors de dossiers majeurs : la restructuration du calendrier mondial, l’accord de diffusion pour le Tournoi des Six Nations et les pressions des clubs de Premiership. Plus tard, il participera également à la recherche du successeur d’Eddie Jones qu’il aura viré à huit mois de la Coupe du Monde 2023. Mais à ce moment-là, personne ne s’en doute encore.

Il est le quatrième DG de la RFU depuis 2016 et son salaire annuel est de 430 000 £ (520 000€).

2020 : l’année de l’austérité

La priorité immédiate du nouveau patron pour redresser les comptes est de finaliser le plan 2019/2020, surnommé « l’année d’austérité », avec pas mal de coupes dans le rugby amateur et professionnel. Evidemment ça grince beaucoup.

Le rugby à sept est durement touché avec notamment la suppression de l’équipe anglaise au profit d’une Team GB partagée avec l’Écosse et le Pays de Galles. Cependant, des désaccords commencent à apparaître entre les fédérations. Dans le même temps, Twickenham fait face à des travaux importants (sa couverture) et sa rentabilité laisse à désirer.

Le Covid éclate, 100 emplois sont supprimés à la fédération, les salaires sont baissés (notamment ceux des dirigeants), ce qui ne va pas arranger la réputation de Sweeney qui souffre déjà pas mal, un an seulement après sa nomination.

2022 : Un plan pour passer la Premiership à 10 clubs

Avec 13 clubs depuis la saison 2021-2022, la Premiership pourrait passer à 10 clubs seulement. Bill Sweeney soutient pleinement ce projet afin de résoudre la crise financière du rugby anglais et, au passage, réduire les conflits de calendrier entre les matchs internationaux et de club. En plus de la faillite des Jersey Reds (D2), la liquidation de trois clubs pro – les Wasps, les Worcester Warriors (plus de 37 millions d’€ de pertes à eux deux) et les London Irish – oblige à ne pas attendre la saison 2024-2025 pour mettre cette réforme en œuvre.

Une enquête parlementaire pointe la responsabilité des dirigeants du rugby anglais – RFU et Premiership Rugby – dans la faillite des clubs. Face aux accusations de négligence, Sweeney prône un nouveau modèle de contrôle de la gestion des clubs en s’inspirant de la DNACG française.

2023 : Premiers appels à la démission

Le feu couvre depuis un moment mais une décision va mettre ne feu aux poudres en tout début d’année. Sweeney est confronté à des appels à la démission après une communication brouillonne et maladroite sur l’abaissement de la hauteur des plaquages à la taille dans le rugby amateur, qui a suscité colère et incompréhension dans les clubs. Initialement annoncée sans consultation, cette décision a conduit la RFU a présenté des excuses et annoncé des consultations pour définir précisément les règles et remonter la limite au sternum.

Une nouvelle organisation, la Community Clubs Union (CCU) rassemblant 270 clubs amateurs, demande l’annulation de cette décision et la destitution de ses responsables, dont Sweeney. « Bill Sweeney a montré qu’il n’était pas un ami du rugby amateur et qu’il avait sérieusement sous-estimé la force du rugby amateur », dénonce-t-elle.

Malgré les turbulences, Sweeney reste droit dans ses bottes et l’affirme au lendemain de la Coupe du Monde de Rugby où l’Angleterre repart avec le bronze : « personnellement, je pense que je suis la bonne personne, j’ai apporté mon expérience, mon vécu et ma connaissance du monde des affaires et du sport. Je sens que je suis la bonne personne, et j’ai accepté ce rôle pour une seule raison : pour l’amour du jeu. »

2024 : le rugby anglais explose

Mais après sept défaites en 12 matchs en 2024 (dans la lignée des six défaites enregistrées en 2022 sur le même nombre de rencontres), la RFU clôt l’année avec une nouvelle polémique. Après l’opération de « naming » de Twickenham en Allianz Stadium – un partenariat lucratif rapportant 100 millions de livres sur dix ans – la fédération procède au licenciement de 42 employés.

Malgré ces choix controversés, les dirigeants se félicitent de la situation financière « satisfaisante » de la RFU. Bill Sweeney devient plus que jamais l’homme à abattre en se voyant attribuer une prime de 358 000 £ (434 000 €) portant son revenu annuel total à 1,1 million de livres (1,3 million d’euros). D’autres dirigeants ne sont pas en reste, avec une prime globale avoisinant le million de livres (1,2 million d’euros) pour cinq d’entre eux.

Ces annonces surviennent alors que le financement alloué aux clubs du Championnat a été drastiquement réduit, passant de 645 000 £ par club en 2019 à seulement 133 000 £ en 2024. Pendant ce temps, l’Angleterre, qui occupait la première place mondiale à l’arrivée de Sweeney en 2019, a dégringolé à la 7e place.

Trois anciens présidents de la RFU, Martyn Thomas, Graeme Cattermole et Brian Baister, demandent ouvertement la démission des dirigeants actuels.

Dans une lettre ouverte, ils dénoncent les « dommages énormes et irréparables » causés à la réputation de la RFU : « L’annonce récente d’une perte financière record de 42 millions de livres pour une instance dirigeante sportive nationale, couplée à des augmentations de salaires et des primes généreuses… un mois seulement après le licenciement de 42 employés, a gravement terni la réputation de la RFU auprès des clubs membres, des employés et des supporters. »

Les trois anciens présidents estiment que les positions des dirigeants actuels sont désormais « intenables » et appellent à une nouvelle équipe de leadership capable de rétablir la confiance et le respect au sein de la fédération : « Nous exhortons les responsables à faire preuve d’honnêteté et à se retirer. »

Arrivé sur fond de scandale financier, Bill Sweeney pourrait bien être forcé de partir suite à un nouveau scandale financier qui cette fois le concerne au premier chef.

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