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À Toulouse, l’argent ne fait pas tout

Toulouse ou l'art de se renouveler (Crédit : Getty Images)

Par Gavin Mortimer

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Samedi 4 janvier, le Stade Toulousain s’est déplacé sur la pelouse de La Rochelle avec ce que l’on pourrait appeler sa jeune garde. Pas de Dupont, Ramos, Willis, Cros, Flament, Mauvaka ou Ntamack.

Le seul titulaire à évoluer régulièrement chez les pros n’était autre que Cyril Baille, qui revenait sur les pelouses après six mois de convalescence à cause d’une blessure à la cheville. Sans lui, la moyenne d’âge de l’équipe n’était que de 21 ans et certains joueurs faisaient même leurs débuts en Top 14.

En face, La Rochelle a aligné ce qu’elle avait de mieux à offrir, à savoir un XV expérimenté emmené par Grégory Alldritt, Brice Dulin, Uini Atonio, Paul Boudehent ou encore Jack Nowell, qui comptent 200 sélections à eux cinq.

Beaucoup s’attendaient à un massacre, mais il n’en a rien été : La Rochelle a gagné grâce à une pénalité sur la sirène (22-19) au terme d’un match accroché.

Rencontre
Top 14
La Rochelle
22 - 19
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Toulouse
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C’est peu dire que les vainqueurs du jour n’affichaient pas la moindre once de satisfaction à l’issue d’une rencontre qualifiée de « douce-amère » par Ronan O’Gara, qui considérait ce match « comme une défaite ».

Si ce résultat consternait O’Gara, il en était de même pour tous les rivaux de Toulouse, tant en France qu’en Europe et même en Afrique du Sud. Ugo Mola, l’entraîneur toulousain, avait décidé d’aligner sa jeune garde car son équipe décollait dès le lendemain pour Durban afin de préparer la rencontre de Champions Cup du samedi 11 janvier contre les Sharks.

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Mola veut profiter de la belle dynamique instaurée lors des deux premiers matchs de compétition au cours desquels les Toulousains ont passé 60 points à l’Ulster et Exeter. Ce serait étonnant de voir les Sharks faire sortir Toulouse des rails, tant cette équipe semble vouée à remporter un nouveau doublé cette année.

L’équipe est si dominante que ses rivaux semblent impuissants.

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Juste avant Noël, Midi Olympique titrait « Le combat des chefs » pour teaser son article dédié aux équipes cherchant à mettre fin à l’hégémonie toulousaine.

Les présidents des 30 clubs professionnels français étaient réunis à Lyon le 17 décembre pour discuter du salary cap de 10,7 M € et tenter de freiner Toulouse en remettant en question les 180 000 € reversés par la FFR à chaque club par international sélectionné avec le XV de France. En effet, la fédération reverse cette somme à chaque match de Top 14 manqué (jusqu’à 10) par les internationaux appelés dans le même temps avec les Bleus.

Toulouse est l’équipe qui bénéficie le plus de cette règle, au grand dam de ses rivaux, notamment Jacky Lorenzetti, président du Racing 92, qui avance que la masse salariale de Toulouse avoisine les 13 millions d’euros grâce à ces crédits, soit 30 % de plus que la majorité des clubs.

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Quant à Mohed Altrad, président du MHR, il déclarait, dans les colonnes de Midi Olympique : « On sait, avant chaque match de Toulouse, qui va gagner et quelque part, le sens propre du sport disparaît. Le sport, pour moi, c’est l’indécision, le suspense, l’outsider qui tord le cou au favori. »

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D’après Altrad, Toulouse met à mal le suspense sur la scène rugbystique européenne et ce, même si avant ces déclarations, le Stade Toulousain comptait déjà trois défaites en championnat cette saison.

Altrad reprend : « Quel club peut aujourd’hui rivaliser avec cette équipe ? Le Leinster en Europe et, peut-être, une province néo-zélandaise en Super Rugby. C’est tout. »

Mais est-ce la faute de Toulouse ? Le club affiche le budget le plus élevé de Top 14 – 50 M €, soit 5 M € de plus que le Stade Français – car il peut compter sur le soutien de son investisseur principal, Fiducial.

D’après Altrad, du fait de la bonne santé financière du club, « les joueurs toulousains vivent au paradis et veulent y rester, parce qu’ils gagnent tout, tout le temps. Même avec des offres supérieures à ce qu’ils perçoivent là-bas, il est quasiment impossible de les en sortir. »

J’ai eu la chance d’interviewer de nombreux joueurs de Toulouse ces dernières années, dont Jack Willis, Julien Marchand, Antoine Dupont, Thomas Ramos ou encore Josh Brennan. Ils sont unanimes : Toulouse est un club qui ne se concentre que sur sa santé, tant financière que sportive. Ce club vit bien, il est bien structuré, comme le prouve le fait qu’il n’a connu que deux entraîneurs en 30 ans.

À titre de comparaison, Montpellier a vu passer huit entraîneurs sur son banc en 14 saisons. Nombreuses sont les stars passées par le club sans y laisser leur trace et il en va de même pour d’autres gros noms du Top 14, comme le Racing 92, le Stade Français ou Toulon.

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À Toulouse, la plupart des joueurs de l’effectif sortent du centre de formation, comme Brennan, fils de Trevor, ancien joueur du Leinster et de l’Irlande. Quand j’ai interviewé Josh en 2021, il évoquait le fameux « ADN toulousain » : « À Toulouse, l’identité de jeu est primordiale. Chez les jeunes, on nous apprend à jouer comme l’équipe première. Les lancements sont donc les mêmes au sein de toutes les équipes, peu importe la catégorie d’âge. C’est comme ça qu’on nous inculque l’ADN toulousain dès le plus jeune âge. C’est un facteur très important. À Toulouse, on est comme une grande famille. »

Cet ADN explique comment la jeunesse toulousaine a tenu tête à La Rochelle.

L’argent ne fait pas tout, pour un joueur de rugby. Si Mohed Altrad n’a pas réussi à s’attirer les services des joueurs toulousains, c’est peut-être parce qu’ils font passer la stabilité de leur environnement avant le reste et qu’ils prennent du plaisir à aller au travail tous les jours.

Est-ce le cas à Montpellier, où les rumeurs de dissensions dans le vestiaire entre Français et étrangers étaient légion ces dernières années ? Là encore, cela vaut pour le Racing et le Stade Français.

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Si Altrad et les autres présidents du Top 14 pensent que l’argent est la raison principale de la domination toulousaine ces dernières années, ils font fausse route.

Mola et son staff n’ont pas d’égal quand il s’agit de faire grandir les jeunes pousses, comme on a pu le voir encore contre La Rochelle. Mais ils ont aussi cette capacité à cibler les étrangers qui ont déjà l’ADN toulousain en eux, comme Pita Ahki, Jerome Kaino, Blair Kinghorn ou encore Cheslin Kolbe. En 10 ans, Ugo Mola a rarement fait fausse pioche au moment d’aller chercher des étrangers. Dernier exemple en date : Jack Willis.

Le flanker anglais de 28 ans a récemment prolongé son contrat jusqu’en 2029, lui qui a déjà été capitaine de l’équipe à plusieurs reprises cette saison. S’il a fait passer sa carrière en club avant son pays, ce n’est pas pour l’argent, mais bien parce qu’il aime la vie à Toulouse. « Je ne pourrais être plus heureux qu’ici », m’a-t-il confié en 2023. « Toulouse n’a fait que renforcer ma foi en ce sport qu’est le rugby. »

Cet article a été initialement publié en anglais sur RugbyPass.com et adapté en français par Idriss Chaplain.


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