Aaron Grandidier-Nkanang, à force de travail
Au cours d’un entretien exclusif accordé à RugbyPass France, Aaron Grandidier-Nkanang est revenu sur son extraordinaire année 2024, conclue par de belles performances et ses premiers essais en Top 14 et Challenge Cup, avant de se projeter sur 2025.
En l’espace de quelques semaines, de juin à août, le joueur de la Section Paloise a remporté le titre mondial lors de la Grande Finale de Madrid du HSBC SVNS avant de décrocher le Saint Graal : le titre olympique en rugby à 7 au terme du « meilleur tournoi de sa vie », une compétition durant laquelle il a signé trois essais, dont un en finale contre les Fidji.
Pour autant, tout n’a pas été rose pour le natif de Londres, qui confiait récemment dans les colonnes de Rugbyrama qu’il pensait que la bascule du rugby à 7 au rugby à 15 serait plus facile.
En effet, à l’instar d’autres joueurs de l’équipe de France de rugby à 7 titrée lors de Paris 2024, comme Andy Timo, Nelson Épée, Rayan Rebbadj ou encore Jefferson-Lee Joseph, Aaron Grandidier-Nkanang a décidé de se consacrer pleinement au rugby à XV.
Mais cette bascule ne s’est pas faite sans mal. Transféré de Brive à la Section Paloise, le champion olympique a connu quelques difficultés en début de saison. « Je pense qu’on a tous connu une petite redescente émotionnelle. Une fois de retour à l’entraînement, inconsciemment, j’ai eu un petit down. »
« Je me souviens d’avoir été un peu dans le dur et c’est peut-être aussi pour ça que j’ai eu du mal à m’adapter au XV. »
Pour autant, dans la vie comme sur le terrain, Aaron Grandidier ne se défile pas. « Attention, je ne me cherche pas d’excuses, mais quand je repense à mon année et aux émotions incroyables, je me dis que c’était certainement la meilleure année de ma vie. »
La force du mental
Et c’est peut-être là, le nœud du problème. À l’instar de ce que racontait récemment l’escrimeuse Sara Balzer, qui a, elle aussi, connu une période compliquée après les JO, dans une vidéo Brut, cette petite dépression est liée à une prise de conscience implacable.
« C’est un peu ça qui est triste », reprend Grandidier. « Car on sait qu’on ne va peut-être jamais revivre ça de notre vie. »
Si cette gestion psychologique a été délicate, elle a été salvatrice pour l’international à 7.
« J’ai continué de travailler avec mon préparateur mental. Ce qui était important pour moi, c’était d’essayer de retrouver la confiance, ce qui semble bizarre quand on sort d’une compétition gagnée. J’ai fait l’un des meilleurs tournois de ma vie, mais j’étais en manque de confiance. C’est drôle, mais c’était le cas.
« J’ai beaucoup travaillé mentalement et aussi fait beaucoup d’extras au quotidien. Il s’agissait de revoir tous les entraînements, tous les matchs, prendre des notes, voir ce que je pouvais faire mieux, voir ce que j’avais bien fait, etc. »
Un club à l’écoute
Aaron Grandidier-Nkanang a aussi pu compter sur son club pour se remettre dans le droit chemin. « J’ai eu beaucoup de chance car les joueurs et le staff de Pau ont été très patients avec moi. Ils m’ont aidé à reconstruire cette confiance. »
S’il ne s’était fixé pour seul objectif de « jouer le plus possible », l’ailier a profité de la confiance du staff pour reconstruire la sienne. « Ils croient en moi et savoir qu’ils croient en moi, ça me donner de la confiance et ça me donne aussi envie de travailler pour eux. »
« C’était un travail quotidien. Je me suis accroché pour retrouver la confiance. C’est simple : quand tu joues, tu gagnes en confiance. C’est le seul moyen. »
Transition entre le rugby à 7 et le XV en cours 👀
Champion olympique à 24 ans cet été, le Palois est désormais marqueur d’essai en #TOP14 👊 pic.twitter.com/heuJfqr0WO
— TOP 14 Rugby (@top14rugby) January 3, 2025
Dompter cet équilibre instable
Pour autant, rien n’est acquis et Aaron Grandidier le sait bien. « À Pau, c’est bien parce qu’il y a beaucoup de concurrence, mais ça rend le fait de gratter du temps de jeu plus compliqué. »
Car ce qui prime pour lui depuis son retour dans ce monde qu’il redécouvrait, c’est la mentalité d’apprendre et de puiser dans l’expérience acquise à 7.
« S’il y a bien une chose que le rugby à 7 m’a appris, c’est que le sport peut-être un véritable ascenseur émotionnel en matière de confiance. La confiance, elle prend du temps à se construire, mais elle peut se perdre en un instant. Je suis totalement dans une phase de construction de confiance. Rien n’est fait et ça peut repartir aussi vite que c’est venu. »
En toute humilité, il s’appuie sur sa mentalité positive pour continuer d’avancer. « Je sais que je vais faire des erreurs. Des erreurs, j’en ai déjà fait beaucoup mais ça fait partie de l’apprentissage. »
« Je pense ne pas encore être à mon meilleur niveau »
En 2025, le Palois l’affirme : il veut s’améliorer dans tous les domaines. Et ça tombe bien, parce qu’il aime le challenge.
« J’ai fait d’énormes progrès sur les ballons hauts mais il faut encore que je progresse et ça reste un point que je veux bosser fort. Ma lecture de jeu défensif, de jeu offensif, ma qualité de plaquage, mon jeu au pied : j’ai vraiment tout un tas de choses à travailler. »
Mais au-delà de la progression personnelle, il y a aussi l’évolution collective. Pour la Section, qui était à la lutte pour les barrages jusqu’à la dernière journée la saison passée, la première moitié de l’exercice 2024/25 a été frustrante.
« On n’est pas à la place à laquelle on voudrait être », confie Grandidier. « On s’est fait beaucoup de mal à l’extérieur. À part à Perpignan, on n’a pas pris de points à l’extérieur et quand tu te déplaces mais que ça ne se passe pas bien, ça n’inspire pas confiance. »
En effet, Pau est 13e à l’extérieur à l’issue de la phase aller, juste devant le Stade Français Paris, avec un seul point de bonus défensif décroché à Aimé-Giral.
« Il y a des matchs où, même malgré le résultat, on peut tirer des choses positives et on peut s’appuyer sur ça pour bâtir cette confiance. Mais il y en a d’autres où ce n’était vraiment pas le cas et je pense que ça fait mal à la confiance collective. »
Heureusement pour les Palois, ils se sont mis dans de bonnes dispositions avant de se déplacer à Castres en s’imposant largement à la maison en conclusion de l’année 2024, une rencontre au cours de laquelle Aaron Grandidier-Nkanang a inscrit son premier essai en Top 14.
« Le match contre Vannes était un match très, très important. On était sous pression de partout et on a répondu présents. Comme je l’ai dit, le Top 14, c’est un marathon. En quelques matchs, tu peux te retrouver en haut de tableau. »
Hors de question de lâcher quoi que ce soit, donc, d’autant que l’ailier l’affirme : le groupe est déterminé. « Je sens que tout le monde s’implique », conclut-il. « Tout le monde a envie de faire mieux et de s’améliorer. »
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