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Affaire Jegou-Auradou : comment la justice va étudier la demande de non-lieu

Les joueurs de rugby français Hugo Auradou (2e à droite) et Oscar Jegou (à droite) discutent avec leur avocat Rafael Cuneo Libarona (au centre) avant de prendre un vol pour la France à l'aéroport international d'Ezeiza, en province de Buenos Aires, Argentine, le 3 septembre 2024. Un tribunal argentin a autorisé, mardi, les deux joueurs, qui avaient été détenus pendant près de deux mois pour viol, à rentrer chez eux en attendant la conclusion de leur affaire. (Photo by Luis ROBAYO / AFP) (Photo by LUIS ROBAYO/AFP via Getty Images).

La justice argentine examinera vendredi 18 octobre, à huis clos, la demande de non-lieu présentée par les deux rugbymen français, Hugo Auradou et Oscar Jegou, inculpés pour un viol qu’ils nient avoir commis. Les faits sont survenus lors d’une tournée du XV de France dans le pays en juillet.

Comment l’audience va-t-elle se passer ?

L’audience va se dérouler à Mendoza, située à 1 000 km à l’ouest de Buenos Aires, là où se sont déroulés les faits.

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C’est là que se tiendront les échanges pour se prononcer sur la demande de non-lieu formulée par les avocats des joueurs Hugo Auradou et Oscar Jegou, inculpés pour un viol qu’ils nient avoir commis dans la nuit du 6 au 7 juillet.

Les avocats de la plaignante, une Argentine de 39 ans, et ceux des joueurs débattront de cette demande, qui a été introduite fin août par la défense.

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Avant cela, le parquet, représenté par deux procureurs chargés de l’enquête, plaidera également en faveur du non-lieu, comme il l’a annoncé début octobre à l’issue de l’instruction, en raison de « doutes ou d’absence de preuves ».

Les joueurs n’assisteront pas à l’audience

La juge Eleonora Arenas, qui présidera les débats à huis clos, devrait rendre une décision concernant le non-lieu au mieux le 25 octobre, lors d’une deuxième audience prévue. Cette décision pourrait être retardée de quelques jours si la magistrate choisit de mettre l’affaire en délibéré.

Le deuxième-ligne de Pau, Hugo Auradou, entre sur le terrain avant le match de Top 14 entre la Section Paloise Béarn Pyrénées (Pau) et le Castres Olympique, au stade du Hameau à Pau, dans le sud-ouest de la France, le 12 octobre 2024. (Photo by ROMAIN PERROCHEAU / AFP) (Photo by ROMAIN PERROCHEAU/AFP via Getty Images).

Bien que la plaignante et les inculpés puissent théoriquement assister à l’audience, Rafael Cuneo Libarona, l’avocat des joueurs, a indiqué à l’AFP que ceux-ci, rentrés en France depuis plus d’un mois, n’y seraient pas présents, même virtuellement. Les avocats de la plaignante n’ont pas précisé si elle sera présente.

Auradou et Jegou, toujours inculpés de viol aggravé en réunion

Auradou et Jegou, âgés de 21 ans, sont inculpés de viol aggravé en réunion et soutiennent depuis le début que les relations sexuelles avec la plaignante, rencontrée en boîte de nuit, étaient consensuelles et non violentes.

En revanche, l’avocate de la plaignante a décrit un viol caractérisé par une « violence terrible » et a déclaré que sa cliente avait été « sauvagement battue ».

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Les deux joueurs encourent des peines de prison allant de huit à 20 ans. Initialement placés en détention provisoire, puis assignés à résidence à Mendoza, ils ont été libérés à la mi-août et autorisés à rentrer en France début septembre. Depuis leur retour, ils ont repris le rugby dans leurs clubs respectifs : Auradou avec Pau et Jegou avec La Rochelle.

« L’accusation initiale a perdu de sa force »

Dans son argumentaire pour autoriser leur départ le 3 septembre, le parquet a noté que « l’accusation initiale a perdu de sa force », indiquant un basculement progressif de la procédure.

Me Cuneo Libarona a déclaré à l’AFP que sa « longue plaidoirie » de vendredi visera à « faire ressortir les contradictions, les incohérences et surtout les omissions » de la plaignante, qui l’ont convaincu dès le début de « l’innocence de ces garçons ».

De son côté, l’autre avocat argentin des rugbymen, German Hnatow, a également exprimé son optimisme, affirmant que tous les éléments du dossier « mènent à une seule direction : le non-lieu ».

Pessimisme du côté de la plaignante

Du côté de la plaignante, le sentiment de pessimisme prédomine. « Je n’attends rien… Je pense que cela va aboutir à un non-lieu, ce n’est qu’une question de temps », a déclaré à l’AFP Mauricio Cardello, l’un de ses avocats. L’avocate principale, Natacha Romano, n’a pas répondu aux médias depuis plusieurs jours.

Ce cadrage d'une séquence vidéo prise par AFPTV montre « Maria », la femme qui accuse les joueurs de rugby français Hugo Auradou et Oscar Jegou de l'avoir violée, en train de donner une interview à l'AFP à Mendoza, en Argentine, le 5 septembre 2024. Cette Argentine de 39 ans exprime dans cet entretien son sentiment d'« abandon par la justice », qui a permis aux joueurs de rentrer en France. Elle annonce également son intention de dénoncer l'un des avocats argentins de la défense pour « erreurs professionnelles ». (Photo by Ramiro GOMEZ / AFP) (Photo by RAMIRO GOMEZ/AFP via Getty Images)
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Les avocats de la plaignante, mère de deux enfants, ont dénoncé à plusieurs reprises la manière dont la justice a traité cette affaire. « Comment ils ont traité la victime, comment ils ont géré médiatiquement et fait fuiter des informations… », a déploré Me Hnatow. En septembre, ils avaient tenté sans succès de faire récuser les procureurs, les accusant de « juger au lieu d’enquêter ».

Sans surprise, la question du consentement a été au cœur du dossier tout au long de l’examen des témoignages, des images vidéo allant de la boîte de nuit à l’hôtel, ainsi que des messages audio. Tous ces éléments ont été largement diffusés dans la presse argentine, offrant une exposition parfois malsaine aux protagonistes.

La plaignante, surnommée « Maria », avait déclaré dans une interview à l’AFP en septembre se sentir « abandonnée » par la justice locale, qu’elle considère comme « aux ordres » — l’avocat Cuneo Libarona étant le frère du ministre de la Justice.

Elle a néanmoins affirmé se fier à « la justice sociale (qui) condamnera » les joueurs, tout en ajoutant que, selon elle, « le Tout-Puissant sait quels actes ils ont commis ».

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