Antoine Dupont : c’est dur de réaliser qu’on est le meilleur joueur du monde
On le sent à la fois fier et gêné par cette énième distinction qu’il obtient cette année. Paradoxalement, la première année en dix ans où il joue le moins au rugby à XV, Antoine Dupont a tout raflé : le Brennus, la Champions Cup, l’Oscar Midol, la médaille d’or aux JO, les deux tournois sur le circuit mondial de rugby à sept, on en passe, et maintenant, le titre de Joueur de l’Année en rugby à 7 à l’occasion des World Rugby Awards.
Il est le premier à recevoir cette récompense après avoir été sacré meilleur joueur du monde de rugby à XV en 2021.
« C’est toujours dur de réaliser la dénomination de meilleur joueur du monde », confie-t-il dans les salons de la cérémonie à Monaco, son trophée sous le bras. « C’est très fort et malgré ça, on joue dans un sport collectif. Je pense que la notion de solidarité et de collectif est encore plus forte en rugby à sept où on sait que s’il y a une erreur individuelle ou si on ne se donne pas pour le coéquipier d’à-côté, on le paie cash. »
Un sport collectif par excellence
Dans sa communication, Antoine Dupont a toujours pris soin de toujours mettre le collectif en avant quand toutes les caméras du monde se braquaient sur lui, vitrine d’un sport co qui le porte depuis tant d’années et qui lui permet d’être ce qu’il est aujourd’hui. Et dimanche soir, il n’a pas dérogé à sa règle.
Antoine Dupont écrit un peu plus l’histoire ! 🏉🇫🇷
Après avoir été élu Joueur de l’année World Rugby à XV en 2021, il devient le Joueur de l’année à VII en 2024 👏#JeuxOlympiques | #WorldRugbyAwards pic.twitter.com/ArLom2SvY7
— Jeux Olympiques (@jeuxolympiques) November 24, 2024
« C’est une récompense pour toute l’équipe de France », insiste-t-il. « Le fait que Aaron (Grandidier-Nkanang, ndlr) soit dans la Dream Team aussi, qu’il soit nommé avec moi, que Jérôme (Daret, ndlr) soit le coach de l’année, ce n’est pas anodin, ça récompense toute une équipe, tout un staff, tout un groupe.
« On était 14 sur les Jeux, mais c’est plusieurs dizaines de joueurs qui ont aidé à construire cette équipe de France qui a performé sur les Jeux. Cette récompense s’adresse à tout le monde. »
« J’ai eu raison de suivre mon intuition »
Lui-même avoue n’avoir jamais rêvé à une distinction individuelle dans un sport d’équipe. « Je n’ai jamais rêvé d’être meilleur joueur du monde quand j’étais petit. C’était pas quelque chose qui me motivait plus que ça », révèle-t-il.
« Je rêvais de gagner des Brennus, des Six Nations, des Coupes du Monde. Déjà, je crois que ça n’existait pas les trophées individuels à l’époque. Ce n’est pas quelque chose qui est caractéristique de notre sport. Mais c’est vrai que une fois qu’on arrive à avoir cette distinction-là, c’est hyper gratifiant, c’est une fierté incroyable. Mais ça n’a jamais été un objectif de vie. »
Il a déjà terminé le jeu en rugby à 7 😮💨
Antoine Dupont est différent 👽#SixNationsRugby | #WorldRugbyAwards pic.twitter.com/Qb992G5rtN
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D’ailleurs, même devenir olympien n’était pas nécessairement dans ses plans en tant que rugbyman. L’idée a maturé tardivement jusqu’à se concrétiser après la Coupe du Monde de Rugby 2023 grâce à une organisation aussi bien en club qu’au niveau fédéral qui lui a permis de réaliser son ambition.
« Au début, personne n’y croyait… »
« Je me dis qu’au final c’était un pari risqué mais ça en valait tellement la peine. J’ai eu raison, je pense, de suivre mon intuition, même si au début personne n’y croyait vraiment », rappelle-t-il.
« C’est après que tout le monde a dit que c’était logique, mais je me souviens qu’au début, les premiers articles qu’il y avait, personne ne disait ça. Je n’ai pas la mémoire courte non plus et je suis fier des choix que j’ai fait.
« Une médaille d’or, ça change une vie. C’est toujours dur de le mesurer tant qu’on ne l’a pas vécu. Tout le monde dans le rugby n’avait pas spécialement cette appétence pour l’olympisme, que j’ai découvert sur le tard.
« Une fois qu’on a participé, qu’on est rentré dans le village olympique, qu’on a vécu cette compétition de l’intérieur, ça nous marque à vie. Cette médaille d’or nous unira pour toujours. »
La soif d’aller encore plus loin
Cet énième trophée vient couronner une année civile exemplaire où il a tout gagné, a switché de façon outrageusement facile d’un format à l’autre.
« Si on regarde d’un point de vue comptable, pragmatique, certainement », sourit-il. « J’ai gagné toutes les compétitions auxquelles j’ai participé, j’ai gagné des trophées individuels et collectifs de chaque compétition.
« En plus, le rugby que l’on a développé avec Toulouse, je pense que c’est l’année où on a été le plus performant, où on n’a rien volé à personne, où on a mérité les deux titres qu’on a gagné.
« Je pense que même avec l’équipe de France à 7 on maitrisait notre rugby, on maitrisait notre sujet. Lors de la finale, il n’y avait quasiment pas de suspense sur la fin de match. J’ai eu la chance d’être dans des équipes qui maitrisaient complètement leur rugby. »
Mais comme c’était le cas après avoir gagné contre la Nouvelle-Zélande le 16 novembre à l’heure où la France entière était euphorique, Antoine Dupont a le don de ramener les gens sur terre.
« Tous les matchs que l’on fait, on sait que l’objectif ultime ça reste cette Coupe du Monde qui est loin et proche à la fois. On essaie surtout d’apprendre de nos erreurs, d’essayer de s’adapter à ce qui se fait en face, d’essayer d’être en perpétuelle évolution, en perpétuel mouvement. Quand on s’arrête on régresse parce que les autres à côté, eux, ils travaillent », dit-il.
A-t-il tout gagné ? Pas encore. Et le Tournoi des Six Nations 2025 sera le premier trophée sur sa liste en vue de la Coupe du Monde de Rugby 2027 en Australie.
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