Bryan Habana : « Notre pays a fait du chemin »
Bryan Habana compte 124 sélections pour les Springboks, avec qui il a remporté la Coupe du Monde de Rugby 2007. Depuis sa retraite, l’Afrique du Sud a remporté deux nouveaux titres mondiaux. Les hommes de Rassie Erasmus ont également remporté le Rugby Championship cette année.
Habana n’y va pas par quatre chemins quand il s’agit de parler de cette génération. « Pour moi, sur le plan purement collectif, c’est la plus belle équipe de l’histoire des Springboks. Ce que cette équipe a accompli ces cinq dernières années, c’est légendaire », affirme celui qui ne croyait plus en l’émergence d’une génération dorée après le déclin de la sélection sous les ordres d’Allister Coetzee.
« J’ai porté ce maillot, mais aujourd’hui, je ne suis qu’un supporter, comme tous les Sud-Africains. C’est incroyable de voir ce que cette nouvelle équipe représente pour le peuple sud-africain.
« En six ans, Rassie a instauré une telle profondeur au sein de l’effectif, c’est fou. On peut se passer de doubles champions du monde comme Faf de Klerk ou Trevor Nyakane.
« Ils doivent être déçus d’avoir perdu contre l’Irlande en juillet, mais être double champion du monde et gagner le premier Rugby Championship complet depuis 2009, c’est la preuve que ce groupe restera certainement l’un des meilleurs de l’histoire de ce sport. »
Une nouvelle génération arrive
Au sein de cet effectif, de nouveaux joueurs ont pris leurs marques. Mais lesquels ont été les plus marquants selon Habana ?
« Sacha Feinberg-Mngomezulu, malheureusement blessé pour les matchs de cet automne, m’a impressionné. Aphelele Fassi a été tellement bon qu’il a réussi à prendre la place de Willie le Roux. Il prouve que le rugby sud-africain dispose d’un immense vivier de joueurs.
« Rassie a intégré des mecs comme Jerry Flannery et Tony Brown au staff et leur impact se ressent dans le jeu des Springboks. […] Rassie, c’est l’un des entraîneurs les plus inventifs au monde.
« Il a réussi à créer un engouement malgré le vieillissement de certains joueurs qui ne seront certainement pas là en 2027. En générant un nouvel élan d’énergie et de passion au sein de ce groupe, il fait ce qu’il faut pour qu’on puisse viser un troisième sacre consécutif dans trois ans.
« Il est sévère et juste en même temps. Regardez Willie le Roux. Il compte 98 sélections. Rassie aurait pu le titulariser sans contestation possible contre l’Argentine, l’Australie et la Nouvelle-Zélande pour lui faire passer les 100 sélections, mais non.
« Il fait toujours partie du groupe, mais il est un joueur parmi d’autres. Cela peut sembler dur, mais Rassie pense toujours à ce qui profite le plus aux Springboks. Il innove, il s’adapte, il fait tout pour apporter une nouvelle façon de voir les choses. »
Des Springboks à l’image de la nation arc-en-ciel
C’est cette approche qui a permis à Erasmus de faire des Springboks une équipe entièrement à l’image du peuple sud-africain, un peuple symbole de diversité.
« C’est difficile de faire comprendre aux gens qui ne connaissent pas l’histoire de l’Afrique du Sud à quel point elle est unique, notamment sur le plan des infrastructures. Malheureusement, 60 % voire 70 % de la population ne connaît pas l’égalité des chances à cause des événements passés.
« Quand on vient d’un quartier défavorisé et que l’accès à une bonne école est compliqué, c’est difficile de s’imaginer jouer pour les Springboks. Mais aujourd’hui, cette équipe réunit les joueurs les plus méritants et ça donne de l’espoir.
« Quand je me suis mis au rugby en 1995, il n’y avait que le regretté Chester Williams pour représenter 80 % de notre population. Mais ce n’est plus le cas. Notre sélection prouve que notre pays a fait du chemin, depuis. »
Cet article a été initialement publié en anglais sur RugbyPass.com et adapté en français par Idriss Chaplain.
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