« Ça me fait marrer quand les entraîneurs des pays riches se plaignent de n'avoir que 10 jours de préparation »
Mark Evans, le directeur général des Fijian Drua, estime que la sélection fidjienne, forte de 33 joueurs, qui arrivera en France en deux contingents à partir du 11 août, est la mieux préparée de l’histoire de la nation insulaire. Pour autant, il prédit qu’elle sera encore plus dangereuse lors du tournoi de 2027 en Australie.
Evans est évidemment fier des 18 joueurs fidjiens de la Drua qui ont mérité d’être sélectionnés dans l’équipe des Fidji pour la Coupe du Monde de Rugby 2023. Ils sont partis dans l’hémisphère nord sous la direction de Simon Raiwalui, l’entraîneur en chef, après être restés invaincus lors de la Coupe du Pacific Nations Cup, en battant les Tonga, les Samoa et le Japon.
Les Fidji disputeront des matchs de préparation contre la France à Nantes (19 août) et l’Angleterre à Twickenham (26 août) avant de prendre place dans la poule C où le Pays de Galles, l’Australie, la Géorgie et le Portugal devront faire face à leur mélange de stars européennes telles que Semi Radradra, Josua Tuisova et Levani Botia, ainsi qu’à leur important contingent de joueurs de la Drua.
Mark Evans, qui a précédemment occupé des postes stratégiques aux Harlequins et aux Saracens, va bientôt fêter le premier anniversaire de sa désignation en tant que Directeur général de la Drua. L’un des principaux objectifs lors de la création de la franchise du Super Rugby Pacific était de fournir à l’équipe nationale des Fidji davantage de joueurs professionnels. Le triomphe lors de la PNC intervient après l’impressionnante saison de la Drua dans le Super Rugby Pacific, qui l’a vue se qualifier pour les phases à élimination directe pour sa deuxième année seulement dans cette compétition remodelée.
La première année d’Evans à la tête de l’équipe se termine avec la majorité de sa to-do list cochée – incluant un nouveau terrain d’entraînement nivelé et bien drainé – et il attend avec impatience de voir l’impact que les Fidji pourront avoir lors de la Coupe du Monde de Rugby. Il est persuadé que le véritable effet d’une équipe de rugby professionnelle opérant aux Fidji et offrant aux joueurs une alternative viable au départ à l’étranger pour faire fortune dans le rugby, sera plus clairement visible lorsque l’Australie organisera la Coupe du Monde de Rugby dans quatre ans.
« Je ne pense pas que l’impact de la Drua sur l’équipe nationale se fera pleinement sentir avant la Coupe du monde 2027, car elle ne joue pas ensemble depuis assez longtemps », estime-t-il. « L’autre pièce du puzzle conditionnée à ce que peut apporter la Drua à l’équipe nationale est un programme de jeu cohérent. En dehors d’une année de Coupe du monde, les Fidji n’ont droit qu’à cinq matchs.
« Les Fidji sont 10e au classement mondial, mais le programme des matchs ne reflète pas cette réalité. Il n’est pas adapté et si les choses changeaient, vous auriez une autre nation du tiers 1 véritablement compétitive et vous pourriez également faire venir les grandes équipes aux Fidji.
« Je trouve ridicule que les matchs que les Fidji disputent en novembre nécessitent que l’équipe prenne l’avion pour jouer quelques jours plus tard et ça me fait marrer quand les entraîneurs des nations plus riches se plaignent de n’avoir que 10 jours pour se préparer. L’objectif est de mettre les Fidji avec les Tonga, les Samoa, les États-Unis, le Canada, l’Uruguay et peut-être un autre pays dans leur propre tournoi, mais le véritable objectif devrait plutôt être de faire participer les Fidji au Rugby Championship. »
Evans poursuit en ces termes : « Les Fidji exportent des joueurs vers un certain nombre de marchés : les écoles de Nouvelle-Zélande et d’Australie, la NRL et la France, où les clubs veulent qu’ils jouent pour cinq ans. C’est un véritable appel d’air et il n’est pas réaliste de penser que nous pourrons le réduire à zéro. Cependant, nous commençons à mettre en place de nouveaux programmes pour ces jeunes.
« La Coupe du monde des moins de 20 ans est généralement un tremplin et cinq ou six d’entre eux partent normalement vers d’autres horizons, mais aucun n’y est allé. Nous en avons signé trois et deux autres étaient déjà dans notre système. Il n’y a pas si longtemps, on n’avait pas le choix si l’on voulait devenir joueur professionnel à moins d’être sélectionné par le programme de rugby à sept. Si vous receviez une offre de l’une des écoles néo-zélandaises ou australiennes, vous ne reveniez probablement pas ou un recruteur français ou la NRL vous prenait.
« Notre objectif doit désormais être de rendre notre parcours aussi attrayant que possible tout en acceptant qu’avec une seule équipe, il sera très compétitif d’obtenir un contrat avec la Drua. Nous nous imposons une limite de 37 joueurs dans l’effectif, avec une équipe de développement de 10 joueurs derrière. Nous ne pourrons pas absorber tout le monde, mais nous voulons une plus grande part du marché des 16-17 ans. Nous avons un salaire minimum et si des joueurs sont retenus dans l’équipe, c’est un nombre important par rapport aux normes fidjiennes et c’est volontaire.
« Nous avons atteint nos objectifs en termes de nombre de joueurs sélectionnés pour la Coupe du monde et de performances sur le terrain, nous avons fait des progrès dans les filières de formation des jeunes joueurs et six d’entre eux intègrent l’équipe senior. Le public était bruyant et enthousiaste, mais un peu moins nombreux que je ne l’espérais (10 000 personnes en moyenne) et nous avons encore du travail à faire dans ce domaine. L’objectif est de remplir les deux terrains de Suva et de Lautoka et nous serons financièrement assez stables.
« Nous avons pris un gros coup en jouant en Australie la première année et cette année a été meilleure avec six matchs à domicile et nous serons en mesure d’augmenter progressivement le budget de jeu. La prochaine fois, il y aura sept matchs dans les îles et nous améliorerons les infrastructures médicales et sociales dans le centre de haute performance, avec en point d’orgue le nouveau terrain d’entraînement.
« Il y a une véritable pénurie dans l’Ouest de terrains bien drainés et plats pour s’entraîner et lorsque le temps sera mauvais, il sera important de pouvoir disposer de son propre terrain. Le terrain se trouve juste à l’extérieur de Nadi, près de l’aéroport, et Fiji Airways nous a accordé un bail de trois ans sur un terrain qui sera prêt pour le début de l’entraînement le 1er novembre. »