Ce qu'il faut à Antoine Dupont pour réussir dans le rugby à sept
Steph Curry ou Lebron James seraient-ils aussi performants au 3×3 qu’en NBA ? Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo seraient-ils bons au football à 5 ? Oui, bien sûr. Ils possèdent les mêmes skills qui les rendraient tout aussi dangereux dans une forme plus courte, mais est-ce que leur jeu les rendrait aussi dominants ?
Le rugby à sept est difficile à définir dans le contexte d’une variante du XV. Il a les mêmes règles, utilise le même ballon et le même système de notation, mais il est préférable de l’examiner sous l’angle d’un code différent. Sept joueurs sur un terrain de même taille, c’est très différent des formes plus courtes que sont le basket-ball et le football.
Le fait que l’un des meilleurs joueurs de rugby au monde, Antoine Dupont, fasse ses débuts sur le HSBC SVNS 2024 à Vancouver ce week-end revêt une grande importance, mais comment son rugby à XV va-t-il passer au rugby à sept ? Jetons un coup d’œil sur son jeu.
Les passes
En tant que neuf, et occasionnellement dix, à XV, Dupont sera à l’aise avec le mélange de passes larges de 20 mètres, de passes d’exploration plus courtes et de variantes créatives à gauche et à droite, à la fois statiques et en mouvement. C’est la clé qui lui permettra de se retrouver au milieu du terrain en attaque et de jouer le rôle de meneur de jeu.
Le jeu au pied
L’absence de chandelles laisse plus de place au jeu au dégagement de Dupont. En tant que botteur ambidextre doté d’une vision sublime, ce domaine de son jeu pourrait être un véritable point de différence pour l’équipe de France masculine de rugby à sept.
L’équipe de France est l’une des plus grandes, dotée d’une grande vitesse et d’une grande puissance. Le répertoire de Dupont, constitué de coups de pied croisés, d’éclats par-dessus ou de coups de pied rasants dans le dos, pourrait donc s’avérer très utile.
Les offloads
Les qualités offensives de Dupont, qui lui ont permis de changer le cours du jeu et de gagner des matchs de rugby à XV, ne seront peut-être pas aussi visibles qu’elles le sont en rugby à sept. Il possède la force de quelqu’un qui fait deux fois sa taille, ce qui sera apprécié avec son style combatif (et ses raffuts presque caractéristiques), mais il verra des choses très différentes sur le terrain.
La vitesse
C’est toujours la première préoccupation de tout joueur de rugby à XV qui passe au rugby à sept. Qu’il s’agisse de Stuart Hogg, Bryan Habana ou Jarryd Hayne, il y a la vitesse et la vitesse du rugby à sept. Dupont n’aura pas la puissance nécessaire pour marquer des essais à partir de 50 mètres, mais il n’en aura pas forcément besoin – ce sera l’affaire des finisseurs qui l’entourent.
La condition physique
Il ne fait aucun doute que le staff d’entraîneurs français expérimenté limitera le nombre de minutes de jeu de Dupont alors qu’il entame une transition olympique de six mois pour développer des jambes et des poumons que requiert le niveau Sevens.
Si l’on ne peut remettre en question sa capacité physique pendant 80 minutes, ce sont les enchaînements anaérobiques de 10 secondes, les sprints et les luttes qui vident les réservoirs et créent des moments difficiles dans les matchs de rugby à sept qui durent 14 minutes.
Chaque équipe dispose de cinq remplacements par match. Dupont devrait donc en utiliser deux par match pour le mettre à l’aise dans un premier temps.
La défense
Antoine Dupont aura confiance dans les plaquages en un contre un au contact, mais il sera mis à l’épreuve dans les espaces plus ouverts, en raison de la fatigue des jambes et de l’athlétisme incessant auquel il est confronté.
Même s’il s’agit de la partie la plus connectée de la ligne défensive, le milieu du terrain peut être un endroit solitaire où les courses transversales peuvent conduire à des situations de plaquage défavorables. C’est là que le temps de jeu est vital – il faut donc s’attendre à quelques failles dans l’incroyable armure de l’un des meilleurs joueurs à XV du monde.
Il ne fait aucun doute qu’il y aura suffisamment de moments forts de Dupont ce week-end pour remplir quelques bobines, mais à part les moments sublimes occasionnels, le staff d’entraîneurs française espère de petits pas de la part de ce grand nom.
Par Rob Vickerman