Ronan O'Gara et le Munster, une "love story" éternelle
L’éloignement et le temps n’ont rien effacé : le manager irlandais de La Rochelle Ronan O’Gara retrouve samedi le Munster, sa province de cœur où il demeure une légende, en huitièmes de finale de la Champions Cup.
Après le bleu du Leinster croisé à six reprises ces dernières saisons, place au rouge du Munster et sa ‘Red Army’ de fidèles dont 2 000 sont attendus dans la cité portuaire.
« Pour eux, c’est un week-end extraordinaire, ils ont toujours fait ça », a déclaré mercredi O’Gara qui se souvient parfaitement de la première transhumance de ce type, « en 2000 à Bordeaux quand on a battu Toulouse » (31-25) en demi-finales.
« Ce qui est fou, c’est qu’il y aura plein de gens qui se sont donnés rendez-vous à La Rochelle et vont venir sans billet. J’ai prévenu le club, je ne sais pas comment ils vont faire pour les garder à l’extérieur du stade car ils vont attendre, attendre et s’il y a une petite fenêtre ou un trou… », imagine, souriant, l’ancien ouvreur qui a joué de 1997 à 2013 au Munster, remportant au passage deux fois la Coupe d’Europe (2006, 2008).
O’Gara à propos de la Red Army : « Quand tu as un moment faible, ils sont là »
« Il y a un énorme respect entre les supporters et moi », confirme-t-il. « Ils m’ont aidé à retrouver confiance après la Coupe du Monde 2007 où j’avais été nul, pas bien mentalement. Lors du premier match amical suivant à Musgrave Park (stade de Cork), quand je sors pour l’échauffement, ils ont tous applaudi. C’est resté en moi toute ma vie. Quand tu es dans un moment faible, ils sont là. »
« ROG est une légende du Munster, vous savez, et il le restera toujours pour tout ce qu’il a fait pour ce club lorsqu’il jouait ici », explique le deuxième ligne irlandais Tadhg Beirne. « Si vous lui demandez, je suis sûr qu’il dira toujours qu’il est un fervent supporter du Munster. »
Joueur d’un seul club et buteur record (1 365 points en Coupe d’Europe notamment), O’Gara fait toujours la fierté de sa province 17 ans après le dernier titre continental et 12 ans après sa retraite, surtout après avoir privé pour la deuxième fois de suite l’ennemi commun du Leinster d’une cinquième étoile en 2023 avec La Rochelle.
« C’est incroyable ce qu’il a apporté à La Rochelle, cette vitalité », ajoute Beirne. « Ils vivent pour ça, là-bas. J’ai vu des photos au fil des ans où ils reviennent à La Rochelle avec le trophée. La foule, tout ça, c’est assez spécial. »
« Partout où il est allé, il a remporté des compétitions, en Super Rugby (titré en 2018 avec les Crusaders dont il entraînait les lignes arrière), la Coupe d’Europe. Il a juste échoué en finale du Top 14 », embraye Mike Prendergast, son ami en charge de l’attaque des Munstermen. « Autant comme joueur qu’entraîneur, il est très apprécié au Munster et à juste titre. »
En mémoire d’Anthony Foley
Ces « déclarations d’amour » touchent l’intéressé : « C’est exactement pourquoi je suis dans le rugby. J’ai laissé ma trace là-bas, je vais laisser ma trace ici. J’ai adoré le Munster dans le passé, maintenant, j’adore La Rochelle où j’ai donné mon âme. »
Affronter le Munster va également raviver le souvenir encore vif de leurs dernières retrouvailles quand il était entraîneur-adjoint du Racing 92 lors de la campagne européenne 2016-2017.
Pas le retour à Thomond Park avec « des conditions de jeu catastrophiques » mais ce match aller à Colombes de triste mémoire, reporté le matin même « après le décès dans la nuit de mon ami Anthony Foley », entraîneur du Munster avec lequel il a joué pendant onze ans en province et en sélection.
« Ça a perturbé tout le monde et ce n’est pas le seul malheureusement. J’ai perdu sept, huit amis, qui étaient jeunes, de la famille du Munster. Je vais penser à eux avant tout samedi après-midi », souligne-t-il.
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