Cyber harcèlement : au tour des joueurs de jeter l’éponge
Provale, le syndicat des joueurs de rugby professionnels en France, a lancé une plateforme permettant aux joueurs et aux joueuses de signaler les abus en ligne en réponse à un nombre croissant de cas de harcèlement en ligne ciblant les joueurs de rugby.
Un certain nombre de cas très médiatisés ont fait les gros titres en France ces derniers mois et Provale Rugby prend maintenant des mesures.
Un formulaire en ligne à remplir
Cette initiative consiste en un nouveau formulaire disponible en ligne où les joueurs peuvent signaler des incidents de cyberharcèlement en détaillant le moyen par lequel l’abus a été reçu – que ce soit par le biais de plateformes de réseaux sociaux comme X, Instagram, Facebook, ou via des messages directs – et de soumettre des preuves sous la forme de messages écrits ou vocaux.
Provale s’est engagé à se porter partie civile dans chaque cas pour soutenir les joueurs à travers les processus juridiques.
Cette évolution fait suite à la multiplication des cas où des joueurs ont fait l’objet d’insultes et de menaces en ligne. En février par exemple, les joueurs de l’ASM Clermont-Auvergne Rabah Slimani, Folau Fainga’a et l’ailier Alivereti Raka ont ainsi été bombardés de messages injurieux à la suite d’une défaite.
Selon le journal local La Montagne, Alivereti Raka a même envisagé d’abandonner le rugby professionnel et de retourner aux Fidji en raison de la détresse causée par ces messages dont l’un d’eux insultait ses propres parents : « Tes parents sont-ils handicapés ? », « Blesse-toi et ne joue plus jamais pour nous ».
« Lundi, quand il a reçu ces messages, Raka a immédiatement dit qu’il voulait rentrer au pays et voir ses parents », a confié son épouse Elodie aux journalistes. « Il était dans un état pas possible. Il avait envie de tout arrêter. Il a un peu repris ses esprits depuis face aux témoignages de soutien. Mais le mal est fait, c’est trop tard maintenant. Avec le temps, les choses vont se dissiper. Mais que l’on parle de ses parents l’a profondément marqué. »
La multiplication des cas de cyberharcèlement a incité Provale à mettre en place cette mobilisation, malgré les coûts opérationnels importants qu’elle implique.
Il n’y a pas que les arbitres qui sont victimes
Ce n’est pas la première fois que de tels problèmes se produisent à Clermont. Il y a plus d’un an, des problèmes similaires s’étaient produits après une défaite contre Toulouse. Le club a dû publier à nouveau un communiqué de presse soulignant la lutte permanente contre ce qu’il décrit comme un comportement inacceptable de la part d’une minorité de soi-disant « supporters ».
L’initiative de Provale vise à répondre à cette tendance et à l’enrayer en fournissant aux joueurs concernés un moyen de demander de l’aide et d’obliger les auteurs à rendre compte de leurs actes.
Des problèmes se sont posés lors de la Coupe du Monde de Rugby en France, la stratégie de World Rugby ayant finalement abouti à la toute première poursuite d’un supporter en Australie.
Le programme de lutte contre les abus en ligne de World Rugby a utilisé le service Threat Matrix pour identifier et sanctionner un individu en Australie qui avait harcelé un arbitre. Un jeune homme de 22 ans – originaire de Nouvelle-Zélande – a été condamné à une amende de 1 000 dollars australiens mais a échappé à l’inscription de sa condamnation dans son casier judiciaire.
« World Rugby se félicite de ce jugement historique », a salué Alan Gilpin, le directeur général de World Rugby. « Les abus en ligne, odieux et toxiques, sont malheureusement monnaie courante pour de nombreux sportifs et personnalités publiques. Nous espérons que cela envoie un message fort aux trolls en ligne : un tel comportement est totalement inacceptable, et le sport ainsi que les autorités sont déterminés à prendre des mesures. »
Les trolls et la persécution dont font l’objet les officiels de match ont été mis sous les projecteurs au début de l’année avec le documentaire Whistleblowers de World Rugby, qui relatait leurs expériences pendant la Coupe du Monde. Le documentaire sortira dans les prochains jours en France sur la plateforme de streaming gratuite RugbyPass TV.
Depuis la Coupe du Monde, Wayne Barnes s’est retiré de l’arbitrage après avoir dirigé la finale, tandis que le TMO Tom Foley s’est retiré également en citant « la pression et l’attention minutieuse dont j’ai fait l’objet après la finale de la Coupe du Monde de Rugby, ainsi qu’un torrent de critiques et d’insultes en ligne » comme l’un des facteurs ayant motivé sa décision. Mathieu Raynal devrait également prendre sa retraite à la fin de la saison.