Cyril Blanchard : « Jean-No, c'est un gros bosseur »
Au cours d’un entretien exclusif accordé à RugbyPass, Cyril Blanchard, talonneur du RC Vannes, a rendu hommage à Jean-Noël Spitzer, son entraîneur depuis maintenant huit saisons.
Dans le sport professionnel, c’est une éternité. S’il est déjà rare de voir un joueur rester aussi longtemps au sein d’un club, il l’est d’autant plus de voir un coach passer 20 ans sur le même banc, surtout pour l’emmener du rugby amateur au Top 14.
Mais comment Jean-Noël Spitzer a-t-il accompli tout cela ? Son talonneur a une petite idée. « Jean-No, c’est un gros travailleur. Il doit bien faire ses 80 heures par semaine, il bosse énormément. De toute façon, si tu veux rester 20 ans dans le même club et le faire monter de Fédérale 2 à Top 14, il n’y a pas de secret : il faut bosser. »
Soit. Mais s’il suffisait d’être un bourreau de travail pour performer sur une période aussi longue, les entraîneurs de haut niveau seraient nombreux. « Il se remet tout le temps en question avec l’aide de ses assistants, aussi. »
Blanchard – Spitzer, un duo qui évolue avec son environnement
Le talonneur ne tarit pas d’éloges envers son coach, avec qui il prend toujours autant de plaisir à travailler.
« C’est vrai qu’il y a des coachs dont on se lasse rapidement, mais lui, non », reprend Blanchard.
« Il faut se remettre en question, s’adapter, notamment aux nouvelles règles. Il est très fort sur ça. Il n’a rien volé à personne. Je l’ai vu sur les méthodes d’entraînement. L’année où je suis arrivé, par exemple, on se rentrait beaucoup dans la gueule [rires]. »
Jean-Noël Spitzer a donc l’humilité et l’intelligence de comprendre que ce qui fonctionne aujourd’hui sera obsolète bien plus vite que prévu.
« Au fil des années, il a compris que ce n’était pas une solution et qu’il fallait travailler d’une autre manière. Aujourd’hui, tout est timé, on travaille avec les data et en plus, il raffole de ça. »
Cyril Blanchard est d’ailleurs persuadé que c’est la volonté du club d’aller toujours plus loin qui a poussé son entraîneur à prolonger. « En début d’année, on parlait du fait que Jean-No allait peut-être signer à Castres, par exemple. Je ne suis pas dans sa tête, mais je pense que pour le faire rester à Vannes, il fallait qu’il y ait un projet d’évolution. »
Témoin privilégié de la croissance du RCV, Cyril Blanchard a la chance d’évoluer dans un club sain qui ne se repose pas sur ses lauriers, à l’image de son coach.
« En plus, depuis que je suis ici, il y a une évolution à tous les échelons du club, aussi bien sur la structure de La Rabine que sur le centre d’entraînement. Cela s’est fait en plusieurs étapes mais c’est ce qui fait que tu ne te lasses pas de jouer au Rugby Club de Vannes. »
Le club de Vannes a bien saisi l’importance de l’engouement exponentiel qui l’entoure et a pour projet de se doter d’une enceinte à la hauteur de cette vague.
« À Vannes, la prochaine évolution, ce sera de faire passer La Rabine à 14 000 ou 15 000 spectateurs. C’est ce qui permet de gagner encore plus au niveau du budget, donc de recruter de meilleurs joueurs, etc. C’est ainsi que ça fonctionne. »
Mako Vunipola, un champion altruiste
L’évolution du club s’est également ressentie lors du mercato, quand le RCV a réussi à s’attirer les services de Mako Vunipola, vice-champion du monde avec l’Angleterre et légende du rugby anglais.
Pour Blanchard, qui évolue littéralement à ses côtés en première ligne, l’apport de Vunipola est indéniable.
« C’est un plaisir de jouer avec Mako. Au-delà du CV qui arrive, je regarde l’homme qui arrive, qui il est au quotidien. Et c’est ça qui est agréable, c’est qu’au-delà de leur CV, ce sont de super mecs. »
Recruter des stars, c’est bien, mais encore faut-il qu’elles soient à-même d’apporter leurs qualités. Et dans ce domaine, comme sur le plan sportif, Mako Vunipola est à la hauteur. « C’est important pour la vie de groupe. Il donne beaucoup de conseils, il a cette faculté à prendre du recul, à analyser et à dire des choses cohérentes sur les points qui ne vont pas. »
Des vertus précieuses quand on lutte pour le maintien, situation dans laquelle cette expérience est indispensable.
« Mako, par exemple, ne va pas être celui qui court le plus, mais il va toujours être au bon endroit, au bon moment. Il ne fait jamais d’effort pour rien, là où des joueurs comme moi allons courir sur des actions alors qu’on sait qu’on ne doit pas y aller, des conneries [sic] comme ça. Lui, il a cette intelligence de jeu qui lui permet d’être là au bon moment. »
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