Disparition de Medhi Narjissi : « On veut savoir si c'est un accident ou si c'est une faute »
La douleur est immense au sein de la communauté du rugby français et au-delà. Le 7 août, le jeune demi de mêlée espoir du Stade Toulousain Medhi Narjissi (17 ans) était porté disparu au large du désormais mal nommé Cap de Bonne Espérance, en Afrique du Sud. Un endroit appelé aussi le Cap des Tempêtes où tant de navires ont échoué.
Une semaine plus tard, la Fédération Française de Rugby (FFR) publiait un communiqué pointant du doigt la responsabilité du staff des U18 qui avait autorisé sur Dias Beach, un endroit réputé dangereux, une séance de récupération. Pris dans un rip tide, le corps de Medhi n’a toujours pas été retrouvé.
« À la suite du dernier déplacement de l’équipe nationale masculine des moins de 18 ans en Afrique du Sud, la Fédération Française de Rugby a décidé d’interrompre temporairement toute mission d’encadrement de l’ensemble du staff », était-il indiqué dans le communiqué.
Dans un entretien à L’Equipe, le président de la FFR Florian Grill explique la progression de l’affaire.
« Une enquête de la police sud-africaine est en cours. De notre côté, nous avons dépêché au Cap Jean-Marc Béderède, directeur technique national adjoint, pour accompagner la famille de Medhi Narjissi et mener une enquête interne. Ce rapport sera complet avec l’interview individualisée de chacun des membres du staff. Nous voulons savoir pourquoi cette régénération, qui était au programme, s’est déroulée sur cette plage, ce qui n’était pas prévu ; comment elle s’est organisée, comment et par qui elle a été validée… », dit-il.
« On veut savoir si c’est un accident ou si c’est une faute. Si c’est une faute, elle devra bien évidemment être sanctionnée. Ce sera sanctionnable par la justice et sanctionnable par la FFR. Nous ne sommes pas là pour préserver l’institution, ni telle ou telle personne. »
Plus loin, il s’attend à ce qu’une plainte soit déposée à l’encontre de la fédération par la famille de Medhi dont le père était talonneur au SU Agen.
« Je comprends sa colère, la colère de la famille, et je mesure parfaitement la probabilité que des actions contre la Fédération soient conduites », admet-il. « Personne ne peut imaginer la douleur des parents, et à la place du père de Medhi, j’aurais fait exactement la même chose. J’ai prévenu mes équipes que toute action contre la Fédération est normale, logique, et qu’il fallait assumer. »
Alors que l’été 2024 s’achève, miné par les affaires en Argentine impliquant Oscar Jegou et Hugo Auradou (agression sexuelle à Mendoza) d’un côté et Melvyn Jaminet de l’autre (propos racistes), le président de la FFR prévient : « à l’évidence, les systèmes qui existaient depuis des années ne fonctionnent plus. Il y aura un avant et un après. Le 29 août, nous allons rassembler tous les acteurs du rugby : il faut qu’on se voie, qu’on se parle. Il va falloir que les choses changent ».