Disparition de Medhi Narjissi : la contre-attaque du manager des U18
« On veut des réponses, on veut des coupables », exhortaient Jalil et Valérie Narjissi fin août à l’occasion d’une conférence de presse consécutive à la disparition tragique de leur fils Medhi survenue le 7 août.
Depuis cette date, le jeune espoir du Stade Toulousain est porté disparu au large du Cap, en Afrique du Sud, emporté par des courants forts. L’équipe des U18 s’y trouvait pour disputer l’International Series.
Lorsque la fédération française de rugby (FFR) a mené sa propre enquête interne, très vite les manquements du staff des U18 ont été pointés du doigt, comme il a été indiqué publiquement lors de la restitution le 12 septembre.
De là à faire le lien entre les « coupables » légitimement réclamés par la famille et le staff des U18 qui était en responsabilité au moment du drame, il n’y a qu’un pas.
« Aujourd’hui, on est en train de sacrifier un homme, de le clouer au pilori, on l’accable de tous les maux », affirme Arnaud Dupin, avocat de Stéphane Cambos, le manager des Bleus U18, dans une interview à nos confrères de Sud-Ouest.
Selon lui, non seulement l’enquête interne de la FFR est orientée, mais passe également sous silence « les sujets qui fâchent ».
« Stéphane Cambos, à qui on donne le titre de manager de l’équipe de France de U18, a été avisé la veille ou l’avant-veille de sa nomination et de son départ en Afrique du Sud. Ceci sans la moindre lettre de mission qui cadre ses fonctions », révèle l’avocat.
« Il a découvert plus tard l’existence d’un ordre de mission qui n’a pas été soumis à sa signature et dans lequel il est écrit que les questions de sécurité sont du ressort de son supérieur hiérarchique, le DTN [directeur technique national]. »
Concernant la fameuse séance de récupération qui a conduit au drame – organisée à Dias Beach, un endroit jugé dangereux et interdit à la baignade et toute activité – le pénaliste affirme : « la séance aurait dû se faire au terme de l’excursion à l’hôtel. Est-ce qu’il y a dans le dossier un élément objectif assurant que le manager ait donné un ordre contraire à la tenue du programme ? Non.
« Si le préparateur (physique) a décidé, et c’est l’enquête pénale qui devra le déterminer, de prendre des latitudes avec le programme établi, c’est sa responsabilité. »
D’ailleurs, au moment de cette séance de récupération tragique, Stéphane Cambos ne se trouvait pas sur place, mais accompagnait des jeunes en excursion au phare de Cape Point.
« Or, c’est quand il a vu que la baignade avait été organisée à son insu qu’il est descendu sur la plage. C’est à ce moment que le préparateur physique et ceux qui étaient autour ont stoppé cette séance. Là encore, cela n’apparaît pas dans le rapport : si la baignade s’arrête quand Stéphane Cambos intervient, c’est bien qu’il n’était pas d’accord avec ce qu’il passe », insiste l’avocat.
Qualifiant le rapport interne de la FFR comme « indigent et scandaleux », Maître Arnaud Dupin a décidé de porter plainte pour diffamation.
« Dans son rapport, la FFR s’interroge sur les conditions d’organisation de cette séance tout en indiquant que Stéphane Cambos était au courant des dangers de Dias Beach. Cela revient à le désigner pour responsable de la disparition de Medhi Narjissi. Cela s’appelle une exécution. C’est insoutenable », indique-t-il.
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