« Dominici était en train de fumer le cigare » : quand los Pumas racontent leur RWC 2007
Dans le cadre d’une nouvelle série exclusive de RugbyPass, Horacio Agulla, Juan Martin Hernandez, Felipe Contepomi et Juan Martin Fernandez Lobbe racontent de l’intérieur leur parcours historique jusqu’à la troisième place il y a seize ans.
Les histoires de la Coupe du Monde de Rugby relateront les récits les plus brillants et apporteront un nouvel éclairage sur la riche histoire du tournoi majeur à l’approche de France 2023.
Le premier article relate les exploits de l’Argentine en France, où elle a battu les Bleus à deux reprises, l’Irlande et l’Écosse, tout en bousculant le monde du rugby.
Horacio Agulla se souvient qu’après la défaite en demi-finale contre l’Afrique du Sud, le capitaine Agustín Pichot a emmené ses joueurs et leurs familles à Disneyland pour une pause de trois jours.
« Nous étions démolis après le match », raconte Agulla. « Nous ne pouvions pas penser à rejouer la France lors du match pour la troisième place. On les avait déjà battus, ils allaient venir nous écraser chez eux. Ils étaient en colère.
« Le dimanche, tous les dirigeants se sont réunis et ont décidé que nous n’allions pas nous entraîner avant le vendredi. Nous n’avons eu qu’une seule séance cette semaine-là. Nous n’avions pas besoin de nous entraîner. On savait déjà tout. Nous avions juste besoin de nous remettre les idées en place.
« Nous avions l’argent des joueurs, tous ceux qui faisaient une prestation publicitaire ou un truc de sponsoring y cotisaient, et si nous avions besoin de quoi que ce soit, on prenait de l’argent là-dedans. Nous ne pouvions pas compter sur la fédération pour payer. Nous avons utilisé une partie de cet argent pour faire venir toutes nos familles d’Argentine pour le dernier match, et nous sommes allés ensemble à Disneyland Paris.
« Nous étions 60 Argentins à Disneyland, sans penser au rugby, en mangeant ensemble, en faisant le tour du parc. Nous avons passé du bon temps avec nos familles pendant trois jours. Nous sommes revenus à l’entraînement pleins d’énergie. »
Agulla, qui n’avait que 21 ans à l’époque, a été mêlé à une bagarre à la mi-temps lorsque la France a été battue 34 à 10 lors du match pour la troisième place.
« Le match a été très, très chaud », raconte-t-il. « On remontait le tunnel et je me souviens que notre kiné essayait de straper l’un de nos joueurs. Il était au milieu du tunnel et l’un des joueurs français l’a poussé et il est tombé. J’arrivais par derrière et il y a eu une petite bagarre. En sortant du tunnel, la même chose s’est produite. Imaginez comment nous avons commencé la deuxième mi-temps.
« Après le match, on chantait, comme après chaque entraînement ou chaque match, avec nos enceintes, fort, autour de la zone de presse, en plaisantant là. Les Français passaient par là et ils étaient furieux, ‘vous ne nous respectez pas’. On s’amuse, c’est tout… Allez-y, montez dans votre bus.
« Nous les avons revus après en boîte de nuit. Je regardais en me disant : ‘oh putain, il va y avoir une bagarre ici, où est-ce que je vais me mettre s’il y a une bagarre ? Je n’irai pas au milieu de la bagarre, je vais me faire écraser”. J’ai regardé autour de moi et j’ai vu que Christophe Dominici était en train de fumer le cigare sur le côté et je me suis dit, oh mec, ce type comprend tout. Après ça, tout s’est bien passé. À la fin de la soirée, nous buvions tous ensemble. »