Élection FFR : les chantiers du futur président
Un nombre de licenciés qui patine, des finances dans le rouge, l’encadrement des équipes de France à revoir de fond en comble : le futur président de la Fédération française de rugby, dont l’élection s’achève samedi, aura du pain sur la planche.
Avec AFP
L’encadrement des équipes de France
Les équipes de France sortent abîmées de l’été. Des propos racistes de Melvyn Jaminet aux accusations de viol contre Hugo Auradou et Oscar Jegou lors de la même soirée, alcoolisée, pendant la tournée en Argentine, l’image du rugby, bien au-delà de celle de l’équipe vedette masculine, a été fortement ternie.
Les deux candidats à la présidence de la FFR, le sortant Florian Grill, en place depuis juin 2023, et le challenger Didier Codorniou ont promis de remettre de l’exemplarité dans le XV de France.
L’élu devra aussi tirer les leçons et gérer les conséquences de la disparition tragique en mer de l’international U18 Medhi Narjissi avec l’équipe de France de sa catégorie d’âge lors d’un tournoi en Afrique du Sud.
La Fédération a notamment mis cause les conseillers techniques sportifs, « suspendus à titre conservatoire » en attendant les résultats de l’enquête administrative en cours. Florian Grill souhaite revoir les relations avec ces conseillers, sous l’autorité actuellement à la fois du ministère et de la fédération.
Le futur président devra aussi gérer les conséquences pénales de cette disparition, sur laquelle une enquête requalifiée en homicide involontaire est en cours, ainsi que la plainte pour « dénonciation calomnieuse » du manager des U18, critiqué par l’enquête interne.
Regagner les licenciés
Où sont passés les joueurs de rugby ? De 383 762 licenciés en 2014, le nombre de pratiquants dans des clubs est descendu autour de 300 000 en 2022. Même si les effectifs sont remontés depuis, autour de 360 000 la saison passée, le rugby reste un sport de deuxième catégorie, loin derrière le football, le tennis ou encore l’équitation.
Le sport bénéficie pourtant d’une large diffusion à la télévision, avec les matchs des équipes de France en clair, et des fortes audiences : six millions de téléspectateurs en moyenne lors du Tournoi des Six Nations en 2024 pour les rencontres des Bleus.
Les deux candidats font le même constat : de nombreux clubs ont disparu ou ont été contraints de se regrouper pour maintenir des équipes jeunes, notamment dans le monde rural. L’envolée du nombre de femmes licenciées, qui a plus que triplé en dix ans pour dépasser les 40 000 la saison précédente, peine à compenser le recul.
Pour tenter de faire venir et conserver les joueurs, les deux candidats veulent notamment améliorer les infrastructures vieillissantes, chacun y allant de son « plan Marshall » pour rénover les vestiaires et aider les clubs.
L’accueil des filles au rugby est notamment érigé en priorité.
Redresser les finances
L’amélioration des infrastructures se heurte au mur des finances. La fédération n’a pas connu un bénéfice d’exploitation depuis plusieurs années, marquées par une forte hausse de la masse salariale.
Elle a pu lors des dernières années compter sur CVC pour éponger ses déficits : le fonds d’investissement luxembourgeois a pris un septième des parts du Tournoi des Six Nations et reverse jusqu’à 14 millions d’euros par an à la FFR.
Mais ce versement exceptionnel, prévu par l’accord signé en 2021 sur cinq saisons, va s’arrêter en cours de mandat alors que les revenus des droits télé versés aux fédérations pour le Tournoi continueront d’être amputés de 14 %.
La FFR doit en outre éponger les pertes de l’organisation du Mondial-2023, avec une provision de 16 millions d’euros passés sur le prochain exercice et compte des litiges financiers, notamment avec l’équipementier Le Coq Sportif pour des impayés de plus de cinq millions d’euros. De quoi faire fondre les fonds propres dont elle dispose.