Florian Grill : « le cadre n’a pas été respecté par les joueurs »
De retour d’Argentine, le président de la Fédération Française de Rugby répond aux questions. Il annonce vouloir renforcer les sanctions pour prévenir tout autre dérapage en concertation avec l’ensemble des acteurs du rugby français.
Concernant l’affaire des propos racistes formulés sur les réseaux sociaux par Melvyn Jaminet, Florian Grill a annoncé avoir saisi le Procureur de la République. Concernant les accusations d’agression sexuelle à l’encontre de Oscar Jegou et Hugo Auradou, il préfère rester prudent tant que la justice argentine n’a pas statué.
Dans quelle mesure êtes-vous toujours en contact avec les joueurs sur place ?
Nous sommes toujours en contact avec les familles sur place, en coordination avec les avocats. Les joueurs sont dans une prison intermédiaire, sécurisée et digne à Mendoza. L’état actuel est d’essayer qu’ils puissent être mis en résidence pour qu’ils soient dans un environnement digne et sécurisé. Le dernier contact date d’hier avec la famille d’un des deux joueurs. Les familles des deux joueurs sont sur place.
Pouvez-vous détailler le cadre précis dans lequel s’est déroulé cet après-match ?
Il y a un cadre extrêmement précis qui existe depuis des années, fondé sur l’autonomie et la responsabilisation des joueurs et ce cadre n’a pas été respecté par les joueurs. Le cadre prévoit qu’ils puissent sortir en groupe avec des joueurs un peu plus seniors chargés de prévoir des taxis et de faire rentrer tout le monde. Ce qui a été fait par Baptiste Serin. Mais il y a certains joueurs qui n’ont pas respecté ce cadre. Le staff n’est pas en responsabilité, les joueurs ont décidé de sortir du cadre.
Quel est votre sentiment sur la version des faits suite à ce que vous ont dit les deux joueurs ?
On n’est ni juge, ni enquêteur, on n’a pas d’avis à apporter sur la version. Il y a deux versions et la version des joueurs n’a pas encore été plaidée. On a confiance en la justice argentine et c’est à elle de déterminer s’il y a culpabilité ou pas. On a une intime conviction mais on n’a pas à l’exposer aujourd’hui. Il faut respecter le travail de la justice argentine et qu’elle puisse mener son enquête jusqu’au bout pour que les décisions soient prises derrière.
Une réflexion a-t-elle été menée sur la possibilité de mettre fin prématurément à la tournée ?
Oui, on s’est posé la question et assez rapidement on a considéré qu’il fallait que les matchs aient lieu. C’est aussi une question de respect vis-à-vis de la fédération uruguayenne et de la fédération argentine de rugby pour qui c’était important que ces matchs aient lieu. Pour nous le rugby doit continuer même si ce qu’il s’est passé est extrêmement grave.
Visiblement, le cadre posé n’a pas été respecté. Est-ce qu’il faut le changer ?
Oui, on va changer les règles. Simplement, on ne veut pas une décision verticale qui tombe d’en haut, on veut le faire en concertation avec les staffs de nos 14 équipes de France, avec les joueurs et en concertation aussi avec la Ligue Nationale de Rugby et le rugby professionnel. On comprend qu’il y ait besoin d’une soupape mais pas au point d’aller dans ces extrêmes incompatibles avec la performance sportive. On va renforcer la démarche à la fois dans la sensibilisation mais aussi dans la sanction. J’ai évoqué des sanctions financières mais aussi des sanctions qui peuvent aller jusqu’à l’exclusion temporaire ou définitive des équipes de France. Il faut en passer par là. C’est un enjeu de survie pour le rugby français, qu’il soit professionnel ou amateur.
J’ai une pensée aussi pour les équipes de la fédération, les salariés qui bossent, tous les bénévoles de la fédération ou des clubs. Ils subissent ça et ils n’ont pas à le subir.