Florian Grill siffle la fin de la récré
Pour Florian Grill, président de la fédération française de rugby (FFR), « quand on porte le coq », on doit « assumer un certain nombre de responsabilités ».
Dans une longue interview à L’Équipe dans le cadre de la campagne pour sa réélection à la tête de la fédération (le 19 octobre prochain), il assure vouloir « resserrer la vis » autour des tournées et autres rassemblements des équipes de France pour éviter tout nouveaux débordements.
L’été 2024 a été particulièrement marqué par plusieurs évènements désolants – ivre, Melvyn Jaminet a proféré des propos racistes sur les réseaux sociaux, tandis que Oscar Jegou et Hugo Auradou sont encore sous le coup d’une mise en examen pour viol avec violence en réunion survenue en Argentine – et dramatiques – la disparition en mer au large du Cap du jeune espoir du Stade Toulousain Medhi Narjissi.
C’est dans ce contexte lourd que les élections fédérales se poursuivent et que le président actuel est mis sous pression. « Il y aura un avant et un après », répète-t-il au fil des interviews.
“On ne va pas interdire la troisième mi-temps, c’est notre culture, mais la quatrième et la cinquième.”
L’avant, c’était les troisième, quatrième, voire cinquième mi-temps après les matchs. « Les problèmes sur les tournées de l’équipe de France, ça ne date pas d’aujourd’hui », dit-il avec en tête l’affaire Bastareaud (« attaqué » par une table de chevet en Nouvelle-Zélande en 2009) ou celle d’une soirée fortement alcoolisée dans un hôtel d’Édimbourg en 2018.
« Il y a une forme d’acceptation de ces débordements y compris dans les clubs. On ne va pas interdire la troisième mi-temps, c’est notre culture, mais la quatrième et la cinquième », prévient Florian Grill.
« Quand on porte le coq et qu’on a la chance d’être un joueur professionnel, on ne peut pas prendre que le positif, c’est-à-dire beaucoup d’argent, et ne pas assumer un certain nombre de responsabilités qui vont avec.
« Il faut que tout le monde se rende compte que ça ne tient plus la route. Je suis en colère. J’ai envie que nos équipes de France et nos staffs comprennent la responsabilité qui est la leur. Ceux qui ne le comprendront pas ne seront plus avec nous. »
“J’ai envie que nos équipes de France et nos staffs comprennent la responsabilité qui est la leur. Ceux qui ne le comprendront pas ne seront plus avec nous.”
Évoquant une grille de sanctions financières plus dissuasives – à la fois pour les joueurs et les staffs – ainsi qu’un cadre beaucoup plus strict, il se dit favorable à encadrer encore plus les éventuelles sorties nocturnes.
« Un cadre était fondé sur l’autonomisation et la responsabilisation. On admettait ces soirées. C’est fini », rappelle-t-il.
« Avant, il y avait une espèce de sanction un peu générique qui était : “Nuit à l’intérêt supérieur du rugby”. On est en train de codifier et clarifier tout ça très précisément.
« Des sujets peuvent toucher à des propos racistes, d’autres à des violences sexuelles ou des violences tout court mais aussi à des excès d’alcool. Il y a une échelle à déterminer sans oublier la question de la récidive. On doit dire la vérité.
« Je n’ai pas souvenir que ça a été vraiment la pratique du rugby sur les cinquante dernières années. Avant, on préférait laver son linge sale en famille. Ce n’est pas ma conception des choses. »
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