France-Irlande : le match de « deux bêtes blessées », selon Baptiste Serin
Rarement une édition du Tournoi des Six Nations n’aura été si ouverte et si attendue avec un immense choc en ouverture entre les deux plus grands déçus de la Coupe du Monde de Rugby 2023 : la France et l’Irlande.
Vendredi 2 février, le XV de France accueille à Marseille l’Irlande en ouverture du Six Nations 2024. Ce sera le premier match des deux équipes depuis leur élimination en quart de finale de France 2023, respectivement contre l’Afrique du Sud (28-29) et la Nouvelle-Zélande (24-28).
Bien malin celui qui pourrait livrer un pronostic clair tant les paramètres ont changé depuis l’automne dernier. Les maitres à jouer des deux équipes – Johnny Sexton et Antoine Dupont – ne sont pas là (pour cause de retraite et de projet à sept) et beaucoup de cadres sont partis ou blessés.
Les deux entraîneurs – Andy Farrell et Fabien Galthié – sont restés en poste, mais là où l’un voit une continuité (Farrell), l’autre voit une nouvelle impulsion (Galthié).
Un match très, très serré
Invité à s’exprimer sur le sujet dans le BastaShow avec Mathieu Bastareaud, la nouvelle émission de World Rugby à découvrir en exclusivité sur la chaîne YouTube de RugbyPass, le demi de mêlée et d’ouverture Baptiste Serin s’attend à un choc dès l’ouverture du Tournoi.
« C’est un match intéressant car ce sont deux nations qui ont vécu un énorme échec sur la Coupe du Monde », dit-il. « Pour moi, c’était les deux meilleurs ; c’était la finale. J’aurais mis une pièce sur la France ou sur l’Irlande. Malheureusement ils sont tombés sur deux gros morceaux en quart de finale.
« Ça va être intéressant. L’Irlande aime beaucoup tenir le ballon. Je pense que la France devra tenir sur les impacts physiques, être le plus réaliste possible. Je vois un match très, très serré. C’est difficile de donner un favori. Ça va être deux bêtes blessées. Sur le match en lui-même, il n’y a pas réellement de favori. La France jouera à domicile, ce sera un poids à Marseille.
« Petit avantage à la France par rapport à ce contexte. Il ne faut pas oublier que la France a trois matchs à domicile sur ce Tournoi ; c’est quand même un atout pour gagner le Tournoi à la fin… »
Serin, coupé dans son élan
Alors qu’il était lui-même pressenti pour regagner sa place dans l’équipe de France après avoir manqué d’y figurer pendant la Coupe du Monde de Rugby alors qu’il avait participé à la préparation, Baptiste Serin a été déclaré forfait pour cause de blessure survenue début décembre (luxation de l’épaule) en match de la Champions Cup contre Exeter.
Opéré deux semaines plus tard, la durée de son indisponibilité était estimée à quatre mois, soit la totalité du Tournoi. Une tuile de plus pour l’international aux 44 sélections qui tente de relativiser.
« Ça me coupe un peu dans mon élan parce que j’étais bien physiquement depuis un petit moment, avec Toulon on avait de super résultats », confie-t-il au micro de Mathieu Bastareaud dans le BastaShow.
« J’ai eu une blessure, ça arrive pour un paquet de mecs. Ça me coupe dans mon élan de Toulon mais ça me coupe aussi dans l’équipe de France parce que c’était un objectif d’y revenir. Le fait de ne pas avoir été dans cette liste a été un coup d’arrêt pour moi. »
Leur première sélection
Pour les deux partenaires de Toulon, le Tournoi des Six Nations reste une compétition à part. Pour Bastareaud, ça représente la toute première de ses 54 sélections. C’était une victoire contre le Pays de Galles (21-16) à domicile le 27 février 2009.
« Quand j’avais eu ma première sélection, Christophe Dominici m’avait dit : ‘tu as de la chance parce qu’une sélection tombe vraiment que si ça commence par le Tournoi’ », se souvient le trois-quarts centre.
« Pour lui, si ça tombait une tournée d’été, ça ne comptait pas. Une vraie sélection, tu commences à être international quand tu fais un match du Tournoi des Six Nations. »
Une chance que Baptiste Serin n’a pas eu, lui qui a eu sa première cape lors d’une tournée d’été contre los Pumas sept ans plus tard. « Ma première sélection, c’était une tournée en Argentine dans un stade grillagé. On aurait dit une prison, l’herbe était haute ; on se demandait où on était tombé ; mais qu’est-ce qu’on fout là ! Je m’en foutais, c’était ma première sélection, c’était énorme ! », se souvient-il en rigolant.
Le Six Nations : mythique
Serin sera des campagnes suivantes et n’en loupera aucune jusqu’à la dernière en 2021. « Ce Tournoi est si particulier car il réunit six équipes qui font partie des 12 meilleures nations au monde », dit-il.
« J’attache beaucoup d’importance au protocole, aux supporters, à leurs déplacements… J’ai la sensation que sur ces matchs-là, comparé aux tournées, les pays sont rythmés par ça.
« Quand tu vas en Italie, tu sens que c’est rythmé avec ça, qu’il y a beaucoup d’engouement. Le Pays de Galles, l’Irlande, l’Ecosse, l’Angleterre, je n’en parle même pas. Tu vas dans des stades mythiques, ça se joue à guichets fermés, tout le monde s’arrache les places. Tout le monde a envie de chercher le Grand Chelem à chaque fois. Le Grand Chelem, c’est quelque chose de particulier ! C’est quelque chose qui est rentré dans les mœurs du rugby mondial. C’est ancestral, ça a une histoire. »
Rien qu’en France effectivement les trois rencontres (Irlande, Italie, Angleterre) devraient se jouer à guichets fermés à Marseille, Lille puis Lyon. Plus de 400 000 demandes de billets ont été recensées pour les trois matchs à domicile des Bleus… pour seulement 175 000 tickets disponibles.