France - Nouvelle-Zélande : ce que prévoit Fabien Galthié
Le sélectionneur de l’équipe de France a livré ce jeudi matin à Marcoussis une vision intéressante sur le choc de samedi entre les Bleus et les All Blacks.
Debout face à son auditoire dans son costard-cravate et toujours affublé d’une petite moustache, Fabien Galthié a répondu aux questions de journalistes 30 minutes durant, ce jeudi matin, à deux jours de l’affiche France – Nouvelle-Zélande (samedi, 21h10).
Si l’annonce de la composition d’équipe n’a révélé aucune surprise tant les entraînements de la semaine avaient donné des indications claires, les propos du sélectionneur qui ont suivi n’ont pas manqué d’intérêt.
Il y a bien eu un peu de langue de bois sur la réflexion qui a mené à l’absence de Matthieu Jalibert, ou sur la titularisation de Beauden Barrett côté black. Mais l’analyse anticipative de Galthié et son staff sur l’affiche de samedi mérite d’y revenir.
Tout est parti d’une question sur la titularisation de Romain Buros, sans doute la seule véritable surprise parmi les 23 joueurs retenus. L’arrière bordelais, qui va étrenner son maillot bleu, « transmet beaucoup de certitudes, de solidité, de détermination. Il est très bon en l’air », démarre Galthié.
« La nouvelle règle (interdisant les escortes) agrandit l’espace de jeu, crée un nouvel espace aérien »
Avant d’aller rapidement plus loin. « Il y aura à peu près 30 jeux au pied, dont une vingtaine de duels directs puisqu’il n’y a plus d’escortes. Ce sont des duels d’homme à homme. On se rend compte que cette nouvelle règle agrandit l’espace de jeu, crée un nouvel espace aérien d’abord sur les duels mais ensuite sur les ballons libres car ces duels en l’air provoquent énormément de ballons libres qui sont des ballons de KO. »
Un aspect du jeu qui fera de cette rencontre un match bien différent de celui gagné face au Japon (52-12) vendredi dernier, avec « quasiment 45 minutes de ball-in-play ».
« Là, il va y avoir beaucoup plus d’alternance entre le jeu devant la défense et le jeu haut, beaucoup de courses, de replacements sans ballon donc il va falloir être fort collectivement ».
Une prévision qui s’appuie sur une évolution du jeu constatée : « On se rend compte aujourd’hui que les arrières, les ailiers, voire les seconds centres, vont toucher plus de ballons dans les duels aériens que dans les couloirs », analyse l’ancien demi de mêlée.
« Ils vont avoir plus de ballons à négocier en se couchant lors de chasses, sur des coups de pied dans le dos, que dans les couloirs. Aujourd’hui le travail d’un ailier ou d’un arrière est plus au sol ou en l’air que ce qu’on pouvait imaginer auparavant. »
On comprend en filigrane la nécessité d’aligner au sein des lignes arrière à la fois des joueurs grands (Buros, Fickou), rapides (Bielle-Biarrey) et efficaces au sol (Moefana, Villière, même si ce dernier profite avant tout du forfait des autres pour jouer).
« Il va falloir développer des compétences 10-15 ou ailier – second centre pour répondre à ça. Les All Blacks ont beaucoup de hauteur, avec des centres qui dépassent les 1,90m, 1,95 m (Rieko Ioana culmine à 1,89 m, Jordie Barrett à 1,96 m, NDLR) et ce n’est pas par hasard s’ils ont privilégié cette aptitude. »
Le banc en 6-2 doit permettre aux Bleus de « tenir la distance » face à des All Blacks qui ont forcé la décision en fin de rencontre
Mais tout ne se jouera pas sur les duels aériens face à des All Blacks « très bons sur les phases de conquête pure, dans le combat de ligne, le jeu au sol, le jeu aérien et qui mettent toujours autant de vitesse dans leur ligne de trois-quarts et le déplacement de la 3e ligne ».
Bref, une équipe solide partout et qui a surpris par leur capacité à forcer la décision en fin de match aussi bien contre l’Angleterre (24-22) qu’en Irlande (23-13). Loin de l’image entrevue durant le Rugby Championship, où les troupes de Scott Robertson avaient eu tendance à s’effondrer dans les 20 dernières minutes.
« On pense qu’il faudra un maximum d’activités et de force collective pour tenir l’échange », estime Galthié, qui justifie ainsi son passage du banc des « finisseurs » de 5-3 (cinq avants, trois arrières) à 6-2, condamnant par la même occasion Matthieu Jalibert.
« Ce banc nous permettra de tenir la distance, en tout cas on le souhaite, sachant que les 20 dernières minutes et notamment les trois ou quatre dernières mêlées ont permis aux All Blacks jusqu’à présent de récupérer des pénalités décisives » à Twickenham et à l’Aviva Stadium », a relevé le sélectionneur.
« Ils ont été capables de mettre la pression partout, au sol, en l’air, ils ont été capables de renverser les matchs comme ça. »
A priori, les Bleus savent ce qu’il faut faire pour ne pas subir le même sort que les Anglais et les Irlandais. Mais face à la Nouvelle-Zélande, c’est toujours plus facile à dire qu’à faire.
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