Galthié et le darwinisme, une autre théorie de la rotation
La conférence de presse du XV de France mardi 19 septembre était très attendue. Cinq jours après la piètre prestation contre l’Uruguay, on s’attendait à une large revue d’effectif et un retour des « premium » pour affronter la Namibie, 21e nation mondiale.
Les attentes étaient à la hauteur : douze changements dans le XV de départ par rapport à l’équipe qui a battu l’Uruguay 27-12. Seuls Cameron Woki, Louis Bielle-Biarrey et Anthony Jelonch conservent leur place de titulaire et dix joueurs titulaires pour le match d’ouverture face aux All Blacks font leur retour dans le XV de départ, dont cinq dans la ligne arrière.
La veille de l’annonce, Laurent Labit, entraîneur en charge de l’animation offensive, avait préparé les esprits au retour des joueurs qui avaient assuré la victoire contre la Nouvelle-Zélande (27-13) en ouverture. Fabien Galthié a détaillé son processus de sélection.
« On entend beaucoup de débats sur les compositions d’équipes », a-t-il commencé. « Il faut savoir qu’on compose nos équipes à la semaine. Dès le lendemain du match, avec le staff, on a une mécanique de construction d’équipe où chacun compose la sienne. On a une vision de la préparation, des rotations, on regarde les performances, on travaille sur l’émulation, on a besoin de tout le monde.
« Le match contre les All Blacks était clairement identifié. Le match a été un succès pour tout le groupe ; pas seulement pour l’équipe. Pour le match à Lille, ceux qui avaient joué les All Blacks avaient besoin de récupérer. Dès le lendemain, on a travaillé sur la composition d’équipe. Les joueurs la connaissent généralement au bout du deuxième jour et on leur annonce le troisième jour.
« Là, après le match à Lille (contre l’Uruguay), on avait une semaine de sept jours où on avait la possibilité de remettre les joueurs ayant joué All Blacks dans une rotation classique. C’est l’équipe qu’on avait posée le lendemain du match face à l’Uruguay. »
Loin des commentaires qui inondent les médias et les réseaux sociaux depuis cinq joueurs, Galthié se défend donc de tout « changement de cap », privilégiant l’évolution naturelle d’un groupe compétitif en Coupe du Monde de Rugby.
Mieux, il n’hésite pas à convoquer non moins que Charles Darwin pour appuyer sa démonstration : « Notre méthode est basée sur l’adaptabilité. On s’adapte et on lit en fonction des échéances. Vous savez, c’est la théorie de Darwin : ce sont les espèces les plus intelligentes qui s’adaptent. »
Très soucieux du bien-être de ses joueurs et de ne froisser personne, il refuse d’affirmer que son ailier Gabin Villière, pas au meilleur de ses performances sur les dernières rencontres, soit rétrogradé dans la hiérarchie du groupe.
« S’il vous plaît, faites attention au vocabulaire. Il y a une saine émulation dans ce groupe, on a besoin de tout le monde et tous les joueurs sont importants. Ce mot, on ne l’utilise pas », a-t-il insisté pour fermer le débat.