Hugo Reus après la finale perdue : « l’apprentissage fait mal »
Le capitaine de l’équipe de France des moins de 20 ans semble sans expression après la défaite en finale du championnat du monde face à l’Angleterre (21-13). Comme ses partenaires, Hugo Reus semble hagard, sonné, le regard perdu dans ses pensées, au loin, au-delà de ce résultat qui met fin à une belle aventure.
Pour les Bleuets d’abord qui ne sont plus champions du monde pour la première fois depuis 2018, qui devront attendre avant de décrocher un quatrième titre mondial, eux qui sont passés si près de l’exploit détenu aujourd’hui par les seuls Junior Blacks : être capable d’enchaîner quatre titres de suite. Il en faudra des générations pour y arriver. Au mieux, pas avant quatre ans.
Pour lui ensuite dont c’était la dernière performance avec le maillot des U20, lui le champion du monde 2023.
Quelques minutes après la remise du trophée à ses adversaires, le Rochelais s’en veut. D’abord à lui-même. « On a fait beaucoup trop d’erreurs. On est trop souvent sorti du cadre, chacun a voulu faire sa partition », dit-il.
« Ce soir les leaders, notamment moi, n’ont pas réussi à remettre l’équipe dans le droit chemin. On a fait chacun sa petite erreur. Dans les moments durs, quand les leaders sont censés rassurer l’équipe, il y a une touche directe, un coup d’envoi qui fait pas dix mètres… Mine de rien on apprend, sauf que l’apprentissage fait mal, très mal. On prend une sacrée gifle. C’est comme ça, il faudra savoir se relever, savoir apprendre de ça. »
Alors que le groupe avait bien étudié son adversaire du soir, l’Angleterre, qui les avait déjà privés du Six Nations quelques mois plus tôt, les Bleuets se sont laissé surprendre par leur rush défense et leur puissance en mêlée.
« On avait vu qu’ils montaient très forts et très serrés. On a essayé de faire des choses pour contourner cette défense. Mais le ballon en début de match est mouillé, on n’arrive pas à se mettre en confiance, on ne prend pas assez de profondeur, on se fait catcher avec le ballon, on fait tomber les ballons, beaucoup d’erreurs. Après, c’est l’enchainement. On n’arrive pas à mettre notre jeu en place et la défense anglaise a pris le pas sur notre attaque, sur ce qu’on voulait faire. Aujourd’hui il faut les féliciter parce que leur défense a pris le pas sur ce qu’on a essayé de faire », analyse à chaud le capitaine qui y a cru pourtant jusqu’au bout.
« Sur le terrain, je ne sais pas si à un moment on s’est dit qu’à un moment c’était terminé. Jusqu’au coup de sifflet final, c’est difficile d’imaginer qu’on a perdu », dit-il.
« Si on baisse la tête à trois minutes de la fin, on n’est pas fait pour ce sport », lâche sèchement Mathis Castro-Ferreira.
« Il y a eu une bascule autour de l’heure de jeu où tous les ballons retombaient dans leur camp et tout ce qu’ils faisaient était juste. Les leaders, notamment moi, n’ont pas réussi à remettre l’équipe dans le droit chemin. On n’a pas joué là où on avait dit qu’on devait jouer. C’est le résultat d’un match – je ne dirais pas complètement loupé – mais où on a fait trop d’erreurs pour espérer emporter un match de ce niveau-là avec une équipe anglaise aussi performante », répète Hugo Reus.
Si flamboyante à certains moments de la compétition – l’entraîneur Sébastien Calvet ne tarira jamais d’éloges sur la demi-finale remportée contre la Nouvelle-Zélande – le capitaine reconnaît que la France n’a jamais réussi à déséquilibrer la défense malgré le gros travail des avants.
« Les ballons de récup, on n’a pas su les exploiter comme on a su si bien les exploiter depuis le début. C’était un de nos points forts et ce soir c’était un de nos péchés », tranche-t-il.
« On a été un peu trop attentistes alors que d’habitude tout le monde est connecté pour les jouer et aller marquer. Comme sur le dernier ballon où on marque mais c’est anecdotique. Ce match va être dur à re-regarder, mais je pense qu’il faudra le faire pour apprendre, pour nous, pour chaque joueur. Ce n’est pas la fin d’un cycle, ce n’est pas fin d’une vie. J’espère que les prochains feront mieux. »