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Jonathan Laugel : comment il a vécu sa non-sélection à Paris 2024

Le Français Jonathan Laugel prend un selfie avec les fans lors de la troisième journée du Cathay/ HSBC Hongkong Sevens au Hongkong Stadium le 2 avril 2023 à Hongkong, Chine. Crédit photo : Mike Lee - KLC fotos pour World Rugby

Le vétéran de France 7 a mis un terme à sa carrière au lendemain de la médaille d’or décrochée à Paris 2024, tournoi olympique duquel il a été écarté. En exclusivité pour RugbyPass, il raconte comment il a vécu cet épisode.

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Lorsque la sélection pour les Jeux olympiques est tombée le 8 juillet, le nom de Jonathan Laugel (31 ans) n’y figurait pas. Avec une telle expérience pourtant, on aurait pensé qu’il en fasse partie, que ce serait une consécration pour saluer près de 600 matchs avec l’équipe de France de rugby à sept, dont 443 sur le World Series, au terme d’une carrière commencée par le tournoi de Wellington en février 2012.

Son dernier match aura donc été le 5 mai à Singapour face aux États-Unis ; une défaite de deux points (19-17). Un faible écart qui ne pardonne pas tant l’exigence du Sevens est grande. Et c’est entre autres pour cela qu’il n’a pas été sélectionné pour les JO.

« Le ressenti n’était pas évident à vivre », confie-t-il dans un entretien exclusif avec RugbyPass.

« Même si, c’est une réalité, ce n’était pas ma meilleure saison et j’en étais conscient. J’étais aussi conscient qu’il y avait des joueurs très performants à mon poste. De ne pas être dans ce groupe des Jeux olympiques, c’était un scénario auquel j’avais pensé.

« Jérôme (Daret, le coach) et Christophe (Reigt, le manager) m’ont appelé et Jérôme m’a partagé cette nouvelle de la non-sélection dans le groupe olympique.

« Ensuite, il m’a rapidement demandé si j’acceptais de me mettre à disposition de l’équipe pour les besoins qu’elle aurait, notamment sur des analyses de match pendant la compétition pour apporter un regard complémentaire. Pour moi, c’était évident de me mettre à sa dispo.

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« Dans tous les scénarios que j’avais fait, pris ou pas pris, ce qui comptait c’est que l’équipe aille chercher sa médaille et qu’on puisse être le plus performant possible. Je suis vite passé à autre chose. »

Le Français Jonathan Laugel se détache de la défense uruguayenne pour marquer un essai lors de la première journée du HSBC Singapore Sevens au Singapore National Stadium le 8 avril 2023 à Kallang, Singapour. Crédit photo : Mike Lee - KLC fotos pour World Rugby

Si Jonathan ne participe pas aux dernières semaines de la prépa olympique au Centre National du Rugby à Marcoussis, son expertise est régulièrement sollicitée comme un super consultant, même pendant la compétition, ce qui lui a permis de vivre le tournoi de Paris 2024 de manière qu’il n’aurait pas soupçonnée.

« Je pense qu’il y a eu eu trois rôles », dévoile-t-il. « Le rôle du supporter qui était de crier depuis mon siège ; c’est un rôle qui était assez agréable.

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« Il y a eu le rôle du joueur car Jérôme m’a consulté, avec d’autres joueurs, sur une analyse de match des équipes et des individualités, par exemple pour l’Afrique du Sud, où on devait identifier les identités fortes du tournoi et sur quels points elles pourraient s’exprimer le mieux.

« Et ensuite, une troisième posture qui était celle de spectateur plus engagé en ouvrant la session finale de rugby à sept. J’avais cette triple casquette. C’était assez puissant et ça m’a procuré beaucoup d’émotion. »

Pendant la finale, c’est des tribunes qu’il a vu Joseva Talacolo marquer au bout de deux minutes, Andy Timo perforer la défense fidjienne jusqu’à ce que Jefferson-Lee Joseph parviennent à récupérer un offload pour marquer son les poteaux et égaliser, Antoine Dupont rentrer pour la seconde période, échapper à un plaquage et passer à Aaron Grandidier pour mener au score, puis Dupont, encore, enfoncer le clou et remporter la finale 28 à 7.

« J’étais avec ma mère et ma sœur. C’était un moment qui était plein d’émotion, parfois antinomiques. Je suis là, je suis avec les gars au soutien. J’ai envie qu’ils gagnent pour le rayonnement que ça va apporter au rugby à sept en France et dans le monde. Mais d’un autre côté, je me dis qu’ils vont le faire et moi je suis dans les tribunes », raconte Jonathan Laugel.

« C’est à ce moment-là où on se crée des scénarios dans la tête avant que ça arrive : si on se retrouve en finale, moi dans les tribunes, comment je réagirais.

« Ce que j’avais construit, c’était de pouvoir estimer la responsabilité que j’ai eu dans ce résultat final et comprendre que je suis une part du résultat et de l’histoire en train de s’écrire. C’est ce à quoi je me suis raccroché rapidement pour exprimer beaucoup de joie, en les voyant dominer cette finale et faire le jeu juste.

« Après, beaucoup de personnes sont venues me voir dans les tribunes pour me féliciter pour cette médaille et m’y associer. Concernant l’équipe, je les voyais célébrer, je me suis demandé si je devais les appeler, si j’avais envie d’aller sur le terrain…

« Je sentais que cette association, plus spirituelle en ce qui me concerne, me convenait. Je n’ai pas ressenti la nécessité d’aller vite sur le terrain la fêter ou vite les retrouver après, pour avoir la médaille par procuration.

« Je me sentais bien avec leur victoire. Les voir heureux me rendait heureux. Partager ce moment avec ma famille qui m’avait accompagné aussi dans toute cette trajectoire émotionnelle depuis plusieurs mois me semblait la bonne chose à faire. »

A l’heure qu’il est, Jonathan n’a toujours pas tenu la médaille d’or au creux de ses mains. « Pas encore. Et est-ce que j’ai vraiment besoin de la toucher ? », s’interroge-t-il.

« Elle n’est pas autour du cou, mais elle est quelque part en moi. C’est imperceptible, mais on ne m’enlèvera pas ce ressenti. Je n’étais pas sur le terrain, je ne l’ai pas eu autour du cou. Spirituellement, c’est ce qui m’apporte le plus. L’essentiel est fait. Mentalement, ça me nourrit bien plus que si je dois la toucher. »

C’est sans amertume ni frustration qu’il n’a pas célébré au Club France, qu’il ne s’est pas rendu au Champ-de-Mars sous les ovations du public, qu’il n’a pas dansé avec ses coéquipiers. Pour lui, l’essentiel est ailleurs.

« J’ai aussi conscience que la victoire appartient à ceux qui sont sur le terrain, à ceux qui l’ont vécu en équipe. C’était important que eux en profitent. J’étais juste heureux de les voir heureux, fêter, danser cette danse qu’on a faite pendant des années. J’étais trop content qu’ils fassent honneur à ce travail qu’on a réalisé, sans amertume. J’avais la sensation d’être là où je devais être, même si c’était devant la télé », sourit-il.

Désormais une nouvelle page s’ouvre. Ce 24 août, il se marie, en septembre, il part en lune de miel, en octobre, il entre chez Capgemini, là où il a été formé au cours des dernières années. Une nouvelle page de sa vie s’ouvre.

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Oh no, not him again? 2 hours ago
England internationals disagree on final play execution vs All Blacks

Okay, so we blew it big time on Saturday. So rather than repeating what most people have all ready said, what do I want to see from Borthwick going forward?


Let's keep Marcus Smith on the pitch if he's fit and playing well. I was really pleased with his goal kicking. It used to be his weakness. I feel sympathy for George Ford who hadn't kicked all match and then had a kick to win the game. You hear pundits and commentators commend kickers who have come off the bench and pulled that off. Its not easy. If Steve B continues to substitute players with no clear reason then he is going to get criticised.


On paper I thought England would beat NZ if they played to their potential and didn't show NZ too much respect. Okay, the off the ball tackles certainly stopped England scoring tries, but I would have liked to see more smashing over gainlines and less kicking for position. Yes, I also know it's the Springbok endorsed world cup double winning formula but the Kiwi defence isn't the Bok defence, is it. If you have the power to put Smith on the front foot then why muzzle him? I guess what I'm saying is back, yourself. Why give the momentum to a team like NZ? Why feed the beast? Don't give the ball to NZ. Well d'uh.


Our scrum is a long term weakness. If you are going to play Itoje then he needs an ogre next door and a decent front row. Where is our third world class lock? Where are are realible front row bench replacements? The England scrum has been flakey for a while now. It blows hot and cold. Our front five bench is not world class.


On the positive side I love our starting backrow right now. I'd like to see them stick together through to the next world cup.


Anyway, there is always another Saturday.

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C
CO 2 hours ago
Scott Robertson responds to criticism over All Blacks' handling errors

Robertson is more a manager of coaches than a coach so it comes down to intent of outcomes at a high level. I like his intent, I like the fact his Allblacks are really driving the outcomes however as he's pointed out the high error rates are not test level and their control of the game is driving both wins and losses. England didn't have to play a lot of rugby, they made far fewer mistakes and were extremely unlucky not to win.


In fact the English team were very early in their season and should've been comfortably beaten by an Allblacks team that had played multiple tests together.


Razor has himself recognised that to be the best they'll have to sort out the crisis levels of mistakes that have really increased since the first two tests against England.


Early tackles were a classic example of hyper enthusiasm to not give an inch, that passion that Razor has achieved is going to be formidable once the unforced errors are eliminated.


That's his secret, he's already rebuilt the passion and that's the most important aspect, its inevitable that he'll now eradicate the unforced errors. When that happens a fellow tier one nation is going to get thrashed. I don't think it will be until 2025 though.


The Allblacks will lose both tests against Ireland and France if they play high error rates rugby like they did against England.


To get the unforced errors under control he's going to be needing to handover the number eight role to Sititi and reset expectations of what loose forwards do. Establish a clear distinction with a large, swarthy lineout jumper at six that is a feared runner and dominant tackler and a turnover specialist at seven that is abrasive in contact. He'll then need to build depth behind the three starters and ruthlessly select for that group to be peaking in 2027 in hit Australian conditions on firm, dry grounds.


It's going to help him that Savea is shifting to the worst super rugby franchise where he's going to struggle behind a beaten pack every week.


The under performing loose forward trio is the key driver of the high error rates and unacceptable turn overs due to awol link work. Sititi is looking like he's superman compared to his openside and eight.


At this late stage in the season they shouldn't be operating with just the one outstanding loose forward out of four selected for the English test. That's an abject failure but I think Robertson's sacrificing link quality on purpose to build passion amongst the junior Allblacks as they see the reverential treatment the old warhorses are receiving for their long term hard graft.


It's unfortunately losing test matches and making what should be comfortable wins into nail biters but it's early in the world cup cycle so perhaps it's a sacrifice worth making.


However if this was F1 then Sam Cane would be Riccardo and Ardie would be heading into Perez territory so the loose forwards desperately need revitalisation through a rebuild over the next season to complement the formidable tight five.

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