La fois où le Canada a créé l'exploit sur le SVNS
Il y a sept ans, le Canada a rugi dans la Cité du Lion.
Surnommée par certains le « miracle sur l’herbe », la victoire des Canadiens sur les États-Unis en finale pour remporter le titre en 2017 reste la seule victoire du circuit dans l’histoire de l’équipe.
Comme Rupert Cox s’est exclamé en commentaire à l’époque : « C’est une fin à la Disney pour le Canada ! »
Il s’agissait, et il s’agit toujours, d’un exploit remarquable, car toutes les planètes se sont alignées pour la « génération dorée » du rugby à sept canadien. Une équipe composée de John Moonlight, Nathan Hirayama, Harry Jones et Mike Fuailefau, et entraînée par Damian McGrath, avait travaillé dur toute la saison, attendant le moment de frapper.
Les souvenirs sont toujours présents pour Hirayama, le meilleur marqueur de l’histoire du Canada, nommé joueur de la finale ce jour-là.
« Mon principal souvenir de ce week-end est que, dans la tradition du rugby à sept, une bonne dynamique peut vous porter très loin. Lorsque nous avons battu la Nouvelle-Zélande en quarts le deuxième jour, ça a donné le ton pour le reste du week-end et nous avons commencé à rouler. »
Le chemin jusqu’à ce moment n’a pas été tranquille. La veille, le Canada avait été battu par les Fidji lors du dernier match de la poule et l’entraîneur McGrath n’a pas ménagé ses efforts.
« Damo nous a engueulés entre les deux journées du tournoi, à juste titre. On avait été plutôt moyens le premier jour, on avait réussi à se sortir de la poule et on s’était fait écraser par les Fidji », se souvient Hirayama.
Une bonne engueulade pour se relancer
« Damo n’était pas le genre de gars à nous engueuler souvent, mais ce soir-là, le groupe a vraiment compris qu’il nous disait en gros que notre jeu, résultats mis à part, n’était pas acceptable.
« Je me souviens avoir discuté avec lui après la réunion, et on s’est dit en plaisantant que c’était peut-être exactement ce dont on avait besoin. »
Il s’est avéré qu’il avait tout à fait raison. Les Canadiens ont battu la Nouvelle-Zélande, puis l’Angleterre en demi-finale, pour se préparer à rencontrer leurs grands rivaux américains dans le match décisif.
« Bien que nous n’ayons jamais gagné de Cup à ce moment-là, le sentiment au sein de l’équipe était que nous pouvions le faire », explique Nathan Hirayama. « On avait un groupe talentueux dans tous les domaines, sans parler de l’expérience, et lorsqu’on l’a rassemblé, on a senti qu’on pouvait jouer n’importe qui.
« On s’est présenté à chaque tournoi en espérant gagner, ce qui est un état d’esprit intéressant étant donné que nous ne l’avions jamais fait jusqu’à présent. »
Si le score final de 26-19 semble serré, le Canada a pris le contrôle du match dès le début, faisant la course en tête 15-0 avec des essais de Matt Mullins, Jones et Fuailefau.
Alors que les Etats-Unis remontaient au score, la défense inébranlable du Canada sur sa propre ligne d’essai a permis à Lucas Hammond de marquer ce qui allait être l’essai de la victoire à deux minutes du temps réglementaire.
Hirayama a conclu la dernière action, joué la montre avant d’envoyer le ballon dans les tribunes, déclenchant des célébrations folles. C’était, selon lui, la validation de ce qu’ils ont toujours cru être possible.
« Je pense que ça nous a confortés dans l’idée que, quel que soit le week-end, nous pouvions jouer contre n’importe qui dans le monde. Nous l’avons toujours dit, mais le prouver à nous-mêmes et à tout le monde était quelque chose que nous voulions vraiment avec ce groupe. »
Dans les pas du Kenya
C’est peut-être aussi à cause de Singapour.
Alors que la Nouvelle-Zélande et les Fidji ont dominé au fil des ans avec trois titres chacune, les exploits du Canada en 2017 ont eu lieu un an après la remarquable victoire du Kenya.
Comme le Canada, il s’agit du seul et unique titre du Kenya, qui se bat désormais pour regagner sa place dans le HSBC SVNS. La victoire du Kenya en 2016 n’aurait pas dû être une surprise, estime Hirayama, qui ajoute qu’ils auraient pu gagner plus souvent.
« C’était génial », dit-il à propos du titre du Kenya. « Comme nous, ils avaient un noyau de gars qui étaient là depuis un moment, qui avaient montré qu’ils pouvaient jouer n’importe qui, qui avaient déjà atteint la phase finale, qui avaient des joueurs de classe mondiale à de nombreux postes.
« Mais passer ce cap et gagner ce tournoi – je ne peux qu’imaginer à quel point cela a été énorme pour eux. »
Les temps sont durs pour le Canada en ce moment. Coincés en bas du classement, ils devront à nouveau lutter pour leur survie dans le tournoi de promotion-relégation de Madrid, après avoir évité la relégation l’année dernière, ironiquement en battant le Kenya à Twickenham lors du barrage de la saison dernière.
Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles les équipes traversent des périodes difficiles, mais la réflexion sur la victoire en 2017 a mis en lumière un domaine que le Canada peut aisément identifier comme faisant partie du problème.
Madison Hughes, Perry Baker, Stephen Tomasin, Maka Unufe et Ben Pinkelman faisaient tous partie de l’équipe des USA ce week-end-là à Singapour et sont toujours dans le groupe sept ans plus tard, bien qu’après un certain temps d’absence pour certains d’entre eux.
Hughes, Tomasin et Baker joueront d’ailleurs ce week-end, alors qu’aucun membre de l’équipe canadienne de 2017 n’est encore présent.
« Je pense que l’équipe du Canada a connu l’un des plus grands, voire le plus grand renouvellement de joueurs des Series après les Jeux olympiques de Tokyo, il y a seulement trois ans », estime Hirayama.
Des problèmes de croissance
« Neuf ou dix de nos joueurs ont pris leur retraite juste après les Jeux olympiques pour diverses raisons. Naturellement, avec un tel renouvellement, il y aura toujours des problèmes de croissance. »
Mais il garde l’espoir que la génération actuelle de jeunes joueurs a ce qu’il faut pour sauver leur peau.
« Malgré leur position actuelle au classement, je vois du talent dans cette équipe et je pense qu’ils ont juste besoin de temps pour grandir ensemble », affirme-t-il.
« En tant que jeune Canadien qui gagne en expérience, ces joueurs n’ont aucune compétition qui ressemble de près ou de loin au circuit mondial, il y a donc toujours une période de rodage nécessaire. »
Alors que les équipes se préparent à concourir à nouveau à Singapour, 2017 peut sembler bien loin dans le rétroviseur pour le rugby canadien.
Mais ce qu’ils ont réalisé il y a sept ans reste un marqueur pour le programme alors qu’ils luttent pour le maintien sur le circuit.
Qu’il s’agisse d’un miracle ou d’un conte de fées de Disney, pour Hirayama et ses coéquipiers qui ont remporté le titre, cela reste tout simplement le plus beau jour de l’histoire.