La frustration française
Tout n’a pas été noir dans le match de la poule A entre la France et l’Uruguay. Los Teros se sont extrêmement bien sortis de cette confrontation – la première dans l’histoire – en perturbant en permanence une équipe de France qui a réussi à semer le doute dans l’esprit de ses supporters.
Dommage car, pour la première fois de son histoire, l’équipe de France disputait un match de Coupe du Monde de Rugby à domicile au nord de Paris et les Nordistes auraient préféré une meilleure performance.
Les Bleus en sont ressortis abasourdis. « Beaucoup de frustration », a concédé le deuxième-ligne Cameron Woki. « On aurait aimé montrer une autre prestation. On était face à une équipe qui avait énormément d’envie et qui commençait sa compétition. Il fallait les respecter. Je pense qu’on les a respectés, mais je pense qu’on n’a pas su mettre notre jeu en place, en mêlée ou dans le jeu courant. On savait qu’on dominait, mais on n’était pas patients. »
Le même Cameron, sans doute le plus lucide en zone mixte et le moins à même de mâcher ses mots, lâchait à propos du nombre de pénalités concédées : « C’est énorme. C’est même inadmissible au niveau international. C’est même une chance d’avoir gagné ce match avec les 15 pénalités. »
Quelques jours auparavant, Levan Maisashvili, sélectionneur de la Géorgie, battu par l’Australie 35-15, admettait que son équipe s’efforçait d’être en-deçà des 10 pénalités par match pour se maintenir dans le très haut niveau. Sur ce plan, la France a dévissé.
« On était partis sur une performance en termes de discipline qui nous a permis de gagner le match contre la Nouvelle-Zélande. Mais ce soir, on a fait une mauvaise performance en termes de maîtrise collective », confiait le sélectionneur Fabien Galthié dans un rare éclair d’auto-critique lors de la conférence de presse d’après-match, préférant retenir le plus important à ses yeux : la victoire.
« En face, il y avait une équipe qui combattait énormément au sol avec des joueurs très agressifs sur le porteur de balle, sur les plaquages. On a d’abord été surpris. Et puis après tu doutes, c’est vraiment le type de match, on appelle ça des matchs piège et c’en était un. Il faut mettre les bons ingrédients au bon endroit, au bon moment et nous, on a peut-être mélangé un peu tout. »
Le talonneur Pierre Bourgarit complétait : « Ça a généré de la frustration. On se sentait dominants en mêlée et on n’a pas toujours été récompensé. On a été mis en difficulté dans les rucks par les Uruguayens. Ça arrive qu’on se prenne le bec, ce n’est jamais bien méchant. Ça fait partie du sport. »
« Il y a eu un faux rythme. On est tombés dans le piège des Uruguayens. On aurait dû emballer la rencontre pour les fatiguer. Une fois qu’on avait la main sur le ballon, on avait moyen de marquer derrière », enchaînait Sekou Macalou, le troisième-ligne aile.
La discipline, ce sera le point principal à travailler contre la Namibie à Marseille le 21 septembre, avant un break de deux semaines. Cette prestation et ce résultat contre l’Uruguay ne devraient pas remettre en cause la première place de la poule devant la Nouvelle-Zélande. A moins d’un faux pas lors du dernier match de poule face à l’Italie le 6 octobre à Lyon.