L’Australie doit-elle s’inquiéter de l’exode de ses joueurs vers le XIII ou l’étranger ?
Le départ de Mark Nawaqanitawase chez les Roosters de Sydney à la fin de la saison de Super Rugby Pacific avait été officialisé en fin d’année dernière. L’ailier ou arrière international australien (23 ans, 11 sélections depuis 2022) restera avec sa franchise des Warathas jusqu’à la fin du championnat. Et ensuite, fini le XV.
L’autre grand nom à envisager un transfert en « rugby league » est l’arrière des Reds de Brisbane, Jordan Petaia. L’arrière polyvalent (24 ans, 31 sélections depuis 2019) pouvant jouer à l’aile, à l’arrière et au centre. En fin de contrat lui aussi à la fin de la saison, plusieurs clubs de XIII lui font les yeux doux (selon le Sydney Morning Herald), ce qui a poussé son entraîneur Les Kiss à interpeler la fédération en début de semaine pour qu’elle mette plus de moyens pour protéger ses joueurs.
« Je pense que ça devrait être une priorité », affirme Les Kiss, lui-même ancien ailier treiziste, mais qui a fait le chemin inverse pour venir entraîner les Reds. « Quand je parle de succession, je mets toujours la conservation en premier et le recrutement en second.
« Quelqu’un comme Jordy est important parmi ceux que vous voulez garder. Garder de bons joueurs de rugby est important dans ce sport.
« Il y a un énorme potentiel chez Jordy. Je sais qu’il peut jouer au poste de 15, 13, ou ailier. Mais développer d’autres compétences est ce qui l’excite.
« Il est le type de joueur avec lequel les supporters sont en phase. Il a quelque chose de spécial. Il est super compétitif, fort, grand, puissant. »
Enfin, un autre quinziste très en vu pourrait également partir, l’ailier ou arrière des Warathas Max Jorgensen (19 ans), que l’on avait vu lui aussi à la Coupe du Monde de Rugby France 2023 mais qui avait déclaré forfait après s’être blessé à l’entraînement, deux semaines après le début du tournoi, sans avoir pu jouer. Encore sans sélection, il serait tenté de ne plus jouer à XV.
On attendait tant de ces joueurs pour redorer l’étoile des Wallabies, mais ils ne sont pas les seuls à ne pas vouloir en être. La question se pose aussi dans les médias australiens pour Taniela Tupou, Ned Hanigan, Noah Lolesio et Jock Campbell.
La peur du ridicule
A plus de trois ans de la prochaine Coupe du Monde de Rugby chez lui, le rugby australien traverse une crise majeure et on voit mal encore comment il va pouvoir s’en sortir. L’arrivée en fin d’année dernière de Peter Horne, en tant que directeur de la haute performance, et de Joe Schmidt en tant que sélectionneur des Wallabies devrait aider. Mais ça va prendre du temps. Or, le temps presse.
En parallèle la disparition annoncée de la franchise des Melbourne Rebels laisse entrevoir un nouvel exode des joueurs, mais cette fois vers le Japon ou la Nouvelle-Zélande.
A l’inverse, l’arrivée de Joseph Suaalii (20 ans) en novembre prochain, star du XIII avec les Sydney Roosters, fait tousser lorsque l’on sait qu’un contrat de près de 1,6 million de dollars australiens (960 000 euros) lui aurait été proposé par l’ancienne présidence de la fédé. Son partenaire des Roosters, Joey Manu, passerait lui aussi au XV, mais en France, à Montpellier.
Il semble que la perspective de recevoir les British & Irish Lions l’année prochaine n’incite plus à conserver les joueurs, que ce soit au XV ou même au pays. Parmi les raisons évoquées : la crainte de perdre une tournée et de se ridiculiser en Coupe du Monde en 2027.
Le chantier est colossal pour Rugby Australia et les discussions viennent seulement de commencer.