Le Canada promet de mettre les moyens pour réhausser son niveau
Ce n’est pas un secret que de dire que le rugby au Canada est moribond. L’équipe nationale ne s’est pas qualifiée pour la Coupe du Monde de Rugby 2023 en France ; une première dans l’histoire. Depuis 1987, le Canada avait été qualifié à chacune des neuf éditions. Pas cette fois.
En rugby féminin, le XV emmené par le franco-canadien Kevin Rouet a récemment repris des couleurs dans le WXV 1 en Nouvelle-Zélande après avoir connu des années compliquées.
Dans le rugby à sept, depuis la période John Tait à la tête de l’équipe féminine qui s’est terminée en scandale, le 7 féminin a progressivement sombré avant de reprendre vie en ce début de saison du HSBC SVNS. Quant aux garçons, ils ont toujours oscillé dans le ventre mou du circuit mondial.
Le dernier épisode en date qui témoigne d’un secteur en crise, est l’arrêt forcé de la seule franchise canadienne dans la Major Rugby League. Confrontés à d’importantes difficultés financières et économiques, les Toronto Arrows, unique club pro du Canada, a jeté l’éponge pour la prochaine saison de la MLR.
Bref, tout cela revient à dire que le rugby canadien a sans doute touché le fond et ne plus que remonter. Si bien que lorsque Rugby Canada annonce en grande pompe ces jours-ci avoir peaufiné son plan stratégique “pour les années 2024-2027 et au-delà”, on ne peut que se réjouir.
Trois objectifs
Adopté à l’unanimité, le nouveau plan met l’accent sur trois objectifs stratégiques :
- Appuyer nos équipes pour qu’elles gagnent : bâtir des équipes nationales très performantes et fournir des environnements d’entraînement qui permettent de réussir.
- Être une organisation sportive de premier plan : transformer Rugby Canada en une organisation sportive nationale robuste et de classe mondiale.
- Accroître la capacité financière : augmenter et diversifier les revenus, accroître la stabilité financière et créer de nouvelles opportunités.
Pour l’heure, les intentions sont là, mais tous les détails n’ont pas encore filtré, mais un certain nombre ont été dévoilés pour remettre le rugby sur les bons rails, comme en témoigne le document officiel (à télécharger en PDF).
Dans les grandes lignes, c’est bourré de bonnes intentions : établir des environnements d’entraînement et de jeu régionaux pour préparer les joueurs au rugby international, encourager des partenariats clairement définis avec le rugby professionnel pour appuyer nos équipes nationales canadiennes, générer des revenus indépendants et avoir un impact positif sur nos communautés, faire en sorte que le rugby soit un sport à regarder à la télévision et à suivre sur les médias sociaux…
Des engagements écrits noir sur blanc
Néanmoins, c’est écrit noir sur blanc, Rugby Canada s’engage sur différents points qui sont désormais gravés dans le marbre :
- Se concentrer sur la réussite du rugby de haut niveau
- Donner la priorité à la stabilité financière de l’organisation
- Incarner l’unité et être une seule équipe
- Encourager un environnement de travail, d’entraînement et de jeu sûr, positif et inclusif
- Être une organisation avec laquelle il est formidable de s’associer
- Rechercher l’excellence
- Apporter progressivement et chaque jour des améliorations
- Communiquer de manière proactive, consistante et réfléchie
- Bâtir sur ce qui nous a précédés et à rendre honneur aux 150 ans d’histoire du rugby au Canada
- Prendre des décisions difficiles
- Créer des liens entre nos différentes communautés et entre nos communautés et nos équipes nationales
Des objectifs ambitieux
Les objectifs à réaliser sont ambitieux. Mais sont-ils tous réalisables ?
Si les Canadiennes, actuellement 5e au classement mondial World Rugby, peuvent prétendre à remporter la Coupe du Monde de Rugby 2025 en Angleterre, Rugby Canada attend que les hommes se qualifient pour la Coupe du Monde de Rugby 2027 en Australie et reviennent dans le Top 12 mondial… alors qu’ils pointent à la 21e place aujourd’hui.
Concernant le sept, il est demandé aux équipes nationales de concourir aux Jeux olympiques 2024 à Paris (ce qui n’est le cas que pour les femmes pour le moment car les hommes participeront au tournoi de repêchage quelques semaines avant l’échéance olympique) ainsi qu’à ceux de Los Angeles 2028.
Autre vœu à moyen terme : recréer un tournoi féminin et masculin annuel en partenariat avec USA Rugby.
Un soulagement pour les joueuses et les joueurs
« À partir de maintenant, aucune décision ni aucune mesure ne sera prise à Rugby Canada sans faire référence au plan pour assurer l’adéquation et la cohérence avec ses objectifs », promet Sally Dennis, la présidente du conseil d’administration de Rugby Canada.
« En tant que joueurs, il est à la fois rassurant et très intéressant de voir notre organisation établir une direction claire », a ajouté l’ambassadrice des joueurs, Sophie de Goede.
« Cette clarté atténue les facteurs de stress hors du terrain pour les joueurs et nous permet de nous concentrer sur notre rôle dans le plan stratégique – fournir des performances de classe mondiale. Je pense pouvoir parler au nom de tous les joueurs en disant que nous avons hâte de représenter le Canada en tant qu’“une seule équipe” à l’avenir. »
Rugby Canada – qui a son siège social au Centre national d’entraînement Al Charron à Langford, en Colombie-Britannique – administre et gère les programmes nationaux masculins et féminins seniors et juniors de rugby à XV et à VII, et régit le jeu communautaire et de clubs pour plus de 30 000 participants inscrits d’un bout à l’autre du pays, en collaboration avec dix fédérations provinciales membres.
Les membres de son personnel travaillent également à Vancouver, à Winnipeg, à Toronto, à Ottawa et à Québec.