Le changement audacieux du demi de mêlée argentin
L’Argentine cherchera à capitaliser sur sa solide performance contre l’Irlande vendredi dernier, marquée par l’impact de Gonzalo García, entré en jeu comme demi de mêlée pour les 35 dernières minutes. Ce match, disputé à l’Aviva Stadium, s’était soldé par une défaite serrée face à une équipe irlandaise qui a peiné à contenir l’assaut des Pumas en fin de rencontre.
Ce vendredi. 22 novembre, les Argentins se préparent à affronter la France dans l’imposant Stade de France, théâtre de nombreuses rencontres légendaires, dont la récente victoire des Bleus face aux All Blacks. Le XV de Julián Montoya, galvanisé par sa prestation à Dublin, tentera de briser une dynamique française impressionnante.
Le bilan des Pumas au Stade de France est équilibré : deux victoires et deux défaites. Cependant, les souvenirs récents y sont amers, avec deux lourdes défaites contre la Nouvelle-Zélande et l’Angleterre lors de la phase finale de la Coupe du monde 2023, où l’Argentine avait terminé à la quatrième place.
Le poids de l’histoire dans le sport reste une notion abstraite, souvent débattue. Pour les Pumas, ce sont les 80 prochaines minutes qui dicteront l’issue de leur quête : une potentielle seizième victoire contre la France lors du 40? affrontement entre ces deux nations.
Felipe Contepomi, le sélectionneur argentin, a opté pour la continuité, procédant à un seul changement dans son XV de départ. L’imposant Marcos Kremer et l’explosif Mateo Carreras intègrent le banc, rejoints par Lautaro Bazán Vélez, qui figure pour la première fois de la tournée parmi les remplaçants.
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La titularisation de Gonzalo García au poste de demi de mêlée face au meilleur joueur du monde actuel reflète clairement les intentions stratégiques des Argentins. En justifiant ce choix, Contepomi a salué « sa bonne performance, ses solides entraînements, et le fait que cette rencontre représente une belle opportunité pour lui de débuter ».
« Bertranou a bien joué et beaucoup joué cette année, mais ce sont des décisions tactiques et stratégiques que nous prenons, et bien sûr parce que Gonzalo le mérite », a expliqué Felipe Contepomi.
L’équipe argentine, axée sur un plan de jeu en plusieurs phases et prête à exploiter chaque opportunité d’attaque, compte sur la rapidité d’exécution de sa charnière. García, en particulier, apporte un élément d’imprévisibilité à son jeu, forçant les adversaires à deviner ses intentions.
Face à lui, pour la première fois, se tiendra Antoine Dupont, dont la réputation de meilleur joueur du monde, surtout à domicile, ne cesse de grandir. L’impact de Dupont est multiplié au Stade de France, rendant le défi encore plus intense pour le demi de mêlée argentin.
Gonzalo García, ancien international U20 pendant trois ans, a surmonté une grave blessure au genou qui avait ralenti sa progression. De retour à son meilleur niveau, il sera épaulé par Tomás Albornoz, désormais titulaire au poste de numéro 10.
Ce choix de charnière illustre un changement générationnel au sein des Pumas, une transition qui arrive au bon moment. Cependant, le duo devra prouver sa valeur dans des conditions parmi les plus exigeantes.
Contepomi, de son côté, a tenu à minimiser l’importance du duel entre les deux numéros neuf, préférant mettre l’accent sur la performance collective de son équipe.
« Nous savons qu’il va jouer contre Dupont, mais il est important de ne pas trop se concentrer sur un seul joueur et d’oublier les quatorze autres, qui sont tous de grande qualité », a déclaré Felipe Contepomi. « La France pratique un rugby bien structuré, avec de solides lancements de jeu, tout en comptant sur des individualités exceptionnelles. »
Reconnu comme une légende au Leinster, Contepomi connaît bien le rugby français, ayant terminé sa carrière professionnelle avec deux saisons à Toulon et au Stade Français. Il a également été entraîné par Fabien Galthié, alors conseiller technique des Pumas.
« Compte tenu de notre situation géographique et géopolitique dans le rugby, le fait que de nombreux joueurs argentins évoluent dans un championnat aussi compétitif que le Top 14 est une excellente chose. Ce tournoi, avec son niveau de jeu élevé, a beaucoup contribué au développement de nos joueurs et à leurs performances. »
Cette familiarité avec le rugby français s’étend à l’effectif actuel, puisque onze des vingt-trois joueurs sélectionnés pour affronter les Bleus évoluent dans des clubs français, totalisant 894 sélections internationales. Parmi eux figure Guido Petti, deuxième ligne et seul rescapé de la victoire 18-13 des Pumas au Stade de France en 2014. À l’époque, Pablo Matera et Julián Montoya, alors en début de carrière, n’avaient pas été utilisés.
Le temps pourrait devenir un problème car la pluie est attendue, avec une capitale française enneigée dans les préparatifs.
⛄️❄️ Bataille de neige à la fin de l’entraînement au @StadeFrance ! Le CM n’a pas survécu 🤕🤣 #XVdeFrance #NeFaisonsXV #FRAARG pic.twitter.com/ZysAPMTCw5
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« Je vis en Angleterre, donc je ne lis même pas les prévisions météorologiques », a plaisanté le capitaine des Leicester Tigers, Montoya, dont les 108 capes seront déterminantes.
« Il s’agit de contrôler ce que nous pouvons contrôler en tant qu’équipe, quelles que soient les conditions météorologiques.
L’utilisation du banc sera aussi importante que contre l’Irlande et le retour dans l’équipe de Kremer et Carreras devrait être un coup de maître. Indisponibles lors des deux premières semaines, ils ont été en grande forme lors de la préparation de cette fin de saison pour être en mesure de jouer leur rôle.
L’équipe a remporté six tests sur onze en 2024 et pourrait terminer avec un ratio positif en gagnant à Paris. Huit tests ont été réalisés contre les quatre meilleures équipes du monde.
« Notre objectif », souligne Contepomi, « est d’être meilleur, à chaque fois, à chaque entraînement. Nous évaluons notre succès en fonction de ce que nous avons fait. Nous nous sommes améliorés et nous sommes sur la bonne voie, mais il reste encore beaucoup à faire.
« Nous avons également progressé sur de nombreux points. Je suis très satisfait de l’attitude de l’équipe, de la façon dont elle essaie constamment de s’améliorer, de son quotidien, de son esprit de compétition. Nous nous améliorons et faisons des pas en avant. »
Cet article a été initialement publié sur RugbyPass.com et adapté en français par Willy Billiard.
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