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Le combat de Jodie Ounsley, rugbywoman et malentendante

Jodie Ounsley des Exeter Chiefs pendant le match de l'Allianz Cup entre les Worcester Warriors Women et les Exeter Chiefs Women au Sixways Stadium, Worcester, Royaume-Uni, le 22 septembre 2023. Exeter Chiefs / ©Pro Sports Images Ltd.

Dans la communauté rugby, l’Anglaise Jodie Ounsley (23 ans), se distingue non seulement par ses skills exceptionnelles sur le terrain, mais également par son engagement à briser les barrières et à soutenir les athlètes sourds et malentendants.

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Jodie a accordé une interview à RugbyPass, où elle a partagé des informations sur son parcours personnel, sa lutte pour le fair-play envers les athlètes sourds et malentendants, ainsi que ses expériences en tant que joueuse de rugby professionnelle avec les Exeter Chiefs.

Elle a commencé en portant des sacs de charbon de 50 kg !

« Mon initiation au sport a commencé avec une course typique du Yorkshire : la course au charbon (qui consiste à porter un sac de 50 kg de charbon sur 1,1 km, ndlr). C’est ainsi que j’ai fait mes premiers pas dans le sport avant de m’orienter vers le jiu-jitsu brésilien. Mon père, qui était un pratiquant professionnel, a exercé une grande influence sur moi. En grandissant à ses côtés, en l’observant s’entraîner et s’impliquer dans tout ça, j’ai naturellement suivi ses pas en me lançant également dans le combat.

« Je faisais littéralement de la lutte avec mon père et je perdais à chaque fois, mais j’y allais quand même. J’ai ensuite commencé à participer au Championnat britannique, puis j’ai commencé à pratiquer le rugby et j’ai adoré ça. C’est à ce moment-là que j’ai dû choisir l’un ou l’autre et j’ai opté pour le rugby.

« J’ai commencé à jouer au rugby vers l’âge de quinze ans, ça fait pas mal de temps déjà. Le temps passe vite, j’ai l’impression d’avoir commencé hier et il s’est passé tellement de choses dans ce laps de temps.

« Cette saison marque ma deuxième année avec les Exeter Chiefs et j’ai vraiment apprécié chaque instant ici, que ce soit l’équipe, l’endroit, ou encore le staff. L’ambiance est incroyablement chaleureuse, tout en étant dans un environnement extrêmement professionnel qui me permet de donner le meilleur de moi-même. On vous pousse à vous dépasser, tout en vous accordant le respect nécessaire, avec des attentes élevées en termes de performances. C’est vraiment un environnement idéal pour moi.

« Avant de rejoindre Exeter, j’étais chez les Sale Sharks et j’ai également beaucoup apprécié mon expérience là-bas, c’est une équipe formidable. À l’époque, je jouais à la fois pour l’équipe de rugby à sept d’Angleterre et les Sale Sharks, mais désormais je me concentre exclusivement sur le XV et je suis déterminée à voir jusqu’où cela peut me mener.

« J’ai pas eu de chance au niveau des blessures. Ca fait quatre mois que je suis absente, et ce dès le premier match de la saison… C’est un peu frustrant, mais je garde le moral. Malgré ma blessure, je prends du plaisir à jouer et je suis déterminée à travailler dur pour revenir en pleine forme. Je suis impatiente de voir où ça va aller. »

Les ‘Sourdlympiques’, compétition largement inconnue

Actuellement, Jodie Ounsley suit un entraînement rigoureux ainsi qu’une rééducation régulière pour se remettre de sa blessure. Elle observe : « C’est assez intense car ils veulent que vous reveniez sur les terrains le plus rapidement possible », mettant en avant la détermination et la résilience nécessaires dans le sport professionnel.

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En tant que présidente honoraire de UK Deaf Sport et ailière des Exeter Chiefs, l’un des points centraux des efforts d’Ounsley est sa campagne de sensibilisation au fair-play pour les athlètes sourds et malentendants.

Elle explique : « Peu de gens connaissent les Deaflympics. Beaucoup de gens connaissent les Jeux olympiques et paralympiques, mais les ‘Sourdlympiques’ demeurent largement méconnus. C’est un processus en cours et nous mettons principalement nos efforts sur la sensibilisation du public.

« En grandissant, j’ai ressenti un manque de modèles d’athlètes sourds dont je pouvais m’inspirer. C’est pourquoi nous avons lancé cette campagne visant à permettre à chaque personne sourde et malentendante d’exploiter pleinement son potentiel dans le domaine du sport et de l’activité physique, et à proposer à la prochaine génération d’enfants sourds des modèles inspirants. »

Paradoxe : un handicap qui n’est pas assez reconnu

Sa campagne vise à sensibiliser et à obtenir des fonds pour soutenir les athlètes sourds dans leur parcours vers la reconnaissance et le succès.

La campagne appelle notamment le gouvernement à mettre un terme à la discrimination et à soutenir financièrement le sport pour les personnes sourdes. Actuellement, les athlètes sourds ne peuvent concourir qu’aux Jeux paralympiques et bénéficier de financement que s’ils ont un autre handicap paralympique éligible. Les athlètes sourds sont actifs dans les Deaflympics.

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D’après UK Deaf Sport, l’organisme caritatif coordonnant la campagne, bien que le Royaume-Uni dispose de l’un des systèmes de soutien aux talents et aux performances sportives les plus financés au monde, avec une allocation de 612 millions de livres sterling sur quatre ans pour les sports olympiques et paralympiques via UK Sport, la politique gouvernementale actuelle exclut les athlètes sourds de cet accès, car ils ne participent pas aux Jeux paralympiques.

C‘est pourquoi UK Deaf Sport demande au gouvernement d’allouer 3 millions de livres sterling sur les quatre prochaines années, ce qui représente seulement 0,5 % du budget actuel d’UK Sport, pour établir des programmes de développement de talents et de performances spécifiquement conçus pour les athlètes sourds, afin qu’ils bénéficient d’un traitement équitable par rapport à leurs homologues olympiques et paralympiques, et pour garantir la participation d’une équipe britannique compétitive aux prochains Deaflympics, prévus à Tokyo en 2025.

Un adulte sur cinq est malentendant et des recherches récentes ont révélé que la communauté sourde est l’un des groupes les plus inactifs avec 53% des adultes sourds inactifs.

Soutenir la cause de toutes les manières

En réfléchissant à ce qui l’a poussée à lancer cette campagne, Jodie Ounsley souligne le manque de sensibilisation aux Deaflympics. Ses bons souvenirs et son expérience de la compétition à l’âge de 16 ans sont à l’origine de sa passion pour la défense des athlètes sourds.

« Il s’agit avant tout de faire connaître ce sport, de sorte que plus les gens seront au courant, plus le financement sera assuré », affirme-t-elle.

« Je ne peux plus participer aux Deaflympics parce que je suis devenue joueuse de rugby professionnelle, ce qui est dommage, et je pense que c’est encore une fois la raison pour laquelle je veux essayer d’apporter mon soutien de toutes les manières possibles, même si je ne participe pas moi-même à la compétition. »

Bien qu’elle ne puisse pas participer elle-même aux ‘Sourdlympiques’ en raison de ses engagements professionnels dans le rugby, Ounsley reste déterminée à soutenir la cause de toutes les manières possibles.

Rejoindre les Exeter Chiefs a été une expérience enrichissante pour elle, qui apprécie l’ambiance accueillante et la camaraderie au sein de l’équipe. Cependant, elle reconnaît les défis que représente le fait d’être une joueuse sourde dans un sport majoritairement auditif.

Les défis d’une joueuse sourde dans un sport majoritairement auditif

« Je trouve que, d’après mon expérience personnelle, le rugby professionnel est un sport d’équipe, et il est assez difficile d’y intégrer une personne sourde… ce sont des défis quotidiens », raconte-t-elle.

« Beaucoup de mes coéquipières et du staff oublient généralement que je suis sourde. Je pense que c’est parce que je continue à jouer et que je dois souvent le leur rappeler », observe-t-elle, mettant en avant l’importance de sensibiliser et de lever les barrières pour les personnes sourdes dans le rugby et le sport en général.

Jodie Ounsley souligne également la progression de l’équipe de rugby d’Angleterre des sourds et insiste sur la nécessité d’obtenir plus de fonds pour soutenir son développement. Malgré les défis rencontrés, elle garde espoir quant au potentiel de voir davantage d’athlètes sourds et malentendants briller dans le sport professionnel et devenir des modèles pour les générations futures.

« En Angleterre, il y a aussi une équipe de rugby pour les personnes sourdes, ce qui soulève à nouveau la question du financement. Au fil des années, l’équipe a connu une expansion significative, j’ai moi-même joué mon premier match à l’âge de 16 ans. Cependant, elle a encore besoin de davantage de fonds, ce qui constitue actuellement un obstacle majeur. Pour attirer plus de joueurs sourds et promouvoir la pratique du rugby dans cette communauté, c’est une fois de plus l’exposition qui est cruciale. »

Montrer l’exemple et inspirer

« Quand j’étais jeune, surtout dans le contexte du rugby, je n’ai pas souvent vu de personnes sourdes, que ce soit dans le sport professionnel ou le rugby professionnel. Cela s’explique en grande partie par les préoccupations liées au contact physique, ainsi que par l’utilisation d’implants cochléaires et d’autres dispositifs similaires. Personnellement, je suis devenue une figure historique en étant la première joueuse sourde d’Angleterre à évoluer dans le rugby à sept.

« C’est simplement que lorsque les gens voient cela, ils se disent : ‘Ah, je peux faire la même chose’, et cela peut déclencher un effet domino, ce qui serait formidable. Plus il y a de personnes qui inscrivent leur nom dans l’histoire, plus il y a de modèles positifs, et plus cela encourage les autres à suivre le même chemin.

« J’aimerais voir davantage de personnes sourdes et malentendantes évoluer dans le sport professionnel ou représenter leur pays, que ce soit aux Deaflympics, dans le rugby amateur ou même dans des sports accessibles aux entendants comme je l’ai fait. Je dirais simplement qu’il est essentiel de s’engager davantage dans le sport. Peu importe si l’on est sourd ou non, le sport devrait être une activité naturelle à laquelle tout le monde peut participer. »

D’abord, sensibiliser

Alors qu’elle se tourne vers l’avenir, Jodie Ounsley reste concentrée sur son rétablissement et sur ses aspirations en matière de rugby. Avec son dévouement inébranlable et son esprit pionnier, elle continue d’inspirer les athlètes du monde entier, prouvant que les barrières sont faites pour être brisées et que l’excellence véritable ne connaît pas de limites.

« En ce moment, je joue pour les Exeter Chiefs et je m’engage activement dans la collecte de fonds et je cherche à contribuer autant que possible au développement du sport des sourds au Royaume-Uni. Beaucoup d’efforts sont déployés en coulisses. Bien sûr, il n’y a pas de solution rapide ; ces initiatives exigent du temps, et c’est ce sur quoi nous nous concentrons actuellement : sensibiliser d’abord, puis établir les bases pour l’avenir. Bien que je sois pleinement investie dans les Exeter Chiefs pour le moment, je suis également animée par la passion de promouvoir ce secteur chaque fois que j’en ai l’occasion. »

Les Deaflympics ont été lancés en 1924 et ont 100 ans cette année. Il s’agit d’un événement entièrement distinct, reconnu par le CIO comme faisant partie de la famille olympique. Pour en savoir plus sur la campagne en cours et sur la manière dont vous pouvez apporter votre soutien pour aider à mettre fin à la discrimination des athlètes sourds, cliquez ici.

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G
GrahamVF 38 minutes ago
Does South Africa have a future in European competition?

"has SA actually EVER helped to develop another union to maturity like NZ has with Japan," yes - Argentina. You obviously don't know the history of Argentinian rugby. SA were touring there on long development tours in the 1950's

We continued the Junior Bok tours to the Argentine through to the early 70's

My coach at Grey High was Giepie Wentzel who toured Argentine as a fly half. He told me about how every Argentinian rugby club has pictures of Van Heerden and Danie Craven on prominent display. Yes we have developed a nation far more than NZ has done for Japan. And BTW Sa players were playing and coaching in Japan long before the Kiwis arrived. Fourie du Preez and many others were playing there 15 years ago.


"Isaac Van Heerden's reputation as an innovative coach had spread to Argentina, and he was invited to Buenos Aires to help the Pumas prepare for their first visit to South Africa in 1965.[1][2] Despite Argentina faring badly in this tour,[2] it was the start of a long and happy relationship between Van Heerden and the Pumas. Izak van Heerden took leave from his teaching post in Durban, relocated to Argentina, learnt fluent Spanish, and would revolutionise Argentine play in the late 1960s, laying the way open for great players such as Hugo Porta.[1][2] Van Heerden virtually invented the "tight loose" form of play, an area in which the Argentines would come to excel, and which would become a hallmark of their playing style. The Pumas repaid the initial debt, by beating the Junior Springboks at Ellis Park, and emerged as one of the better modern rugby nations, thanks largely to the talents of this Durban schoolmaster.[1]"


After the promise made by Junior Springbok manager JF Louw at the end of a 12-game tour to Argentina in 1959 – ‘I will do everything to ensure we invite you to tour our country’ – there were concerns about the strength of Argentinian rugby. South African Rugby Board president Danie Craven sent coach Izak van Heerden to help the Pumas prepare and they repaid the favour by beating the Junior Springboks at Ellis Park.

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J
JW 7 hours ago
Does South Africa have a future in European competition?

I rated Lowe well enough to be an AB. Remember we were picking the likes of George Bridge above such players so theres no disputing a lot of bad decisions have been made by those last two coaches. Does a team like the ABs need a finicky winger who you have to adapt and change a lot of your style with to get benefit from? No, not really. But he still would have been a basic improvement on players like even Savea at the tail of his career, Bridge, and could even have converted into the answer of replacing Beauden at the back. Instead we persisted with NMS, Naholo, Havili, Reece, all players we would have cared even less about losing and all because Rieko had Lowe's number 11 jersey nailed down.


He was of course only 23 when he decided to leave, it was back in the beggining of the period they had started retaining players (from 2018 onwards I think, they came out saying theyre going to be more aggressive at some point). So he might, all of them, only just missed out.


The main point that Ed made is that situations like Lowe's, Aki's, JGP's, aren't going to happen in future. That's a bit of a "NZ" only problem, because those players need to reach such a high standard to be chosen by the All Blacks, were as a country like Ireland wants them a lot earlier like that. This is basically the 'ready in 3 years' concept Ireland relied on, versus the '5 years and they've left' concept' were that player is now ready to be chosen by the All Blacks (given a contract to play Super, ala SBW, and hopefully Manu).


The 'mercenary' thing that will take longer to expire, and which I was referring to, is the grandparents rule. The new kids coming through now aren't going to have as many gp born overseas, so the amount of players that can leave with a prospect of International rugby offer are going to drop dramatically at some point. All these kiwi fellas playing for a PI, is going to stop sadly.


The new era problem that will replace those old concerns is now French and Japanese clubs (doing the same as NRL teams have done for decades by) picking kids out of school. The problem here is not so much a national identity one, than it is a farm system where 9 in 10 players are left with nothing. A stunted education and no support in a foreign country (well they'll get kicked out of those countries were they don't in Australia).


It's the same sort of situation were NZ would be the big guy, but there weren't many downsides with it. The only one I can think was brought up but a poster on this site, I can't recall who it was, but he seemed to know a lot of kids coming from the Islands weren't really given the capability to fly back home during school xms holidays etc. That is probably something that should be fixed by the union. Otherwise getting someone like Fakatava over here for his last year of school definitely results in NZ being able to pick the cherries off the top but it also allows that player to develop and be able to represent Tonga and under age and possibly even later in his career. Where as a kid being taken from NZ is arguably going to be worse off in every respect other than perhaps money. Not going to develop as a person, not going to develop as a player as much, so I have a lotof sympathy for NZs case that I don't include them in that group but I certainly see where you're coming from and it encourages other countries to think they can do the same while not realising they're making a much worse experience/situation.

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