Le moment où Oscar a tenté de sauver Medhi Narjissi
Dans la famille Boutez, domiciliée dans le Nord, les enfants ont tous fait de la natation et jouent désormais tous au rugby. Le grand de 18 ans à Nevers, la petite de 13 ans à Marcq-en-Barœul et le cadet de 16 ans à La Rochelle.
C’est ce dernier, Oscar, qui se trouvait avec les U18 en Afrique du Sud début août, pour participer à l’International Series. Il devait rencontrer par deux fois l’Afrique du Sud, puis l’Angleterre dans ce qui aurait dû être une expérience fondatrice pour ce groupe de gamins destinés à marcher dans les pas de leurs illustres aînés.
Le drame de la disparition tragique en mer au large du Cap de Medhi Narjissi, jeune espoir du Stde Toulousain de 17 ans, le 7 août a mis brutalement un terme à cette aventure transformée en cauchemar.
Dans une interview inédite au Parisien – Aujourd’hui en France, le papa d’oscar, Edouard, relate comment son fils a vécu cet épisode, depuis la fameuse séance de récupération sur cette plage interdite car réputée dangereuse, jusqu’à son retour en France.
Ce jour-là, après une journée d’excursions, les futurs Bleuets se retrouvent dans l’eau malgré des vagues importantes.
« Ils étaient quelques-uns à s’amuser dans les rouleaux alors que la séance venait de se terminer », raconte le papa d’Oscar. « Au bout de deux ou trois minutes, ils sont sortis et c’est là, alors qu’il allait rejoindre la plage, qu’Oscar a aperçu Medhi qui se débattait au large. »
Bon nageur, Oscar plonge et parvient à atteindre Medhi. « Il a pris son copain sur son dos. Mais les vagues étaient impressionnantes. La quatrième, c’était un mur de cinq mètres de haut. Il s’est retrouvé à moitié assommé, au fond de l’eau. Medhi avait disparu. Il est retourné sur la plage avec beaucoup de mal. » Medhi n’a jamais été retrouvé.
La famille de Medhi a salué l’intervention du jeune homme, le qualifiant de « héros ». « Aucun adulte n’est intervenu, ils sont tous restés sur la plage parce qu’ils ont eu peur, disent-ils, cela pose question évidemment », rappelle le papa.
“Il a pris son copain sur son dos. Mais les vagues étaient impressionnantes. La quatrième, c’était un mur de cinq mètres de haut.”
Aujourd’hui, les membres de l’encadrement se renvoient la balle et la question des responsabilités ne sera tranchée que par la justice. Dans le journal Sud-Ouest du 1er octobre, le manager Stéphane Cambos se dédouanait par les mots de son avocat.
Deux jours plus tard, le préparateur physique, Robin Ladauge, pointé du doigt dès le début et qui ne s’était alors jamais exprimé, faisait parvenir à L’Équipe un communiqué via son avocate, maître Laura Kerzerho, pour apporter sa version… différente de celle du manager.
« Au regard de la virulence des déclarations du manager Stéphane Cambos – à l’objectif affiché de ne rien assumer de ses responsabilités et de se défausser honteusement sur les autres – Monsieur Ladauge tient à réagir brièvement, avec le souci, avant tout, du respect de la douleur de la famille », est-il indiqué.
« La version du manager consistant à prétendre que la baignade aurait résulté de la décision d’un seul homme, et qu’il l’aurait soi-disant arrêtée dès son arrivée sur la plage, n’est pas tenable et purement mensongère. Il est effarant qu’elle soit relayée par certains médias avec complaisance et sans aucune contradiction.
« L’ensemble des éléments matériels, qui seront bien sûr mis à disposition de la justice, attestent du contraire. M. Ladauge fait confiance à la procédure judiciaire pour apporter les éclaircissements nécessaires sur les conditions d’organisation de ce stage par la FFR et ses dirigeants, sur le processus décisionnel du staff et la répartition des rôles en son sein, questions autrement plus cruciales que celle de savoir si le rôle d’un manager est bien de manager. »
Aujourd’hui, Oscar Boutez essaie de se reconstruire au Stade Rochelais, son club actuel, sous les couleurs duquel il a rejoué le week-end précédent.
« J’espère qu’il pourra transformer tout ça en une force pour lui. Le rugby est un sport où il a toujours trouvé de la solidarité », appuie son papa.
« D’ailleurs il m’a dit que dans cette équipe de France des moins de 18 ans, il y avait vraiment une belle ambiance. Il y a eu une erreur, c’est certain et cela a eu une conséquence dramatique. »