Le paradoxe Baptiste Serin : si bon et si loin du XV de France
A près d’une semaine de l’annonce d’un premier groupe de 42 joueurs pour préparer le Tournoi des Six Nations, la question se pose sur l’avenir de Baptiste Serin en bleu. Car c’est un véritable paradoxe que vit le demi de mêlée du RC Toulon (30 ans, 46 sélections) : comment se fait-il qu’un si bon joueur soit autant écarté du XV de France ?
Jadis habitué des feuilles de match sous Guy Novès (16 sélections en 2016-2017) et Jacques Brunel (17 sélections en 2018 et 2019), il l’est clairement moins depuis que Fabien Galthié a pris les commandes en 2020 avec 13 sélections en quatre ans, dont seulement quatre sur les deux dernières années (2023 et 2024).
Non pas que les relations soient tendues entre les deux hommes, mais une première explication semble s’imposer. « J’ai un poste où il y a beaucoup de concurrence. La réalité est là aussi », a évoqué le joueur au micro de RMC mardi 7 janvier.
Antoine Dupont était sa doublure à ses débuts
Au fil des ans, Serin a baissé dans la hiérarchie des demis de mêlée jusqu’à se pointer à la quatrième place aujourd’hui derrière Antoine Dupont, Nolann Le Garrec et Maxime Lucu. Or, qui se souvient que Dupont était sa doublure lors de ses débuts en 2017 ?
« Franchement, les mecs qui y sont le méritent. C’est à moi de montrer tous les week-ends qu’il faut faire plus et d’essayer de faire changer d’avis le sélectionneur », insiste Baptiste Serin.
Et justement, semaine après semaine, le natif de La Teste-de-Buch montre en club qu’il est une pièce essentielle. S’il ne fallait retenir qu’un exemple, ce serait son engagement menant au premier essai de Toulon contre le Racing 92 samedi 4 janvier.
Au sortir d’un ruck, Serin donne un petit coup de pied à suivre et, d’une remarquable chistera, arrive à transmettre à son capitaine Charles Ollivon. Plaqué à son tour (le fameux plaquage qui lui provoquera d’ailleurs une rupture d’un ligament croisé du genou droit et mettra un terme à sa saison), Ollivon libère la balle que récupère à nouveau Serin qui rejoue au pied pour trouver cette fois son ailier Setariki Tuicuvu qui file marquer.
Sous les radars de Galthié
Sorti juste avant l’heure de jeu, Serin aura joué à fond son rôle de playmaker, passant trois transformations. Après un début de saison où les Toulonnais balbutiaient, il a été la clé de voûte des sept dernières victoires en huit matchs.
LE MAESTRO BAPTISTE SERIN 🤩@RCTofficiel 🤯#RCTR92 pic.twitter.com/LUCCeiRnqT
— CANAL+ Rugby (@CanalplusRugby) January 4, 2025
Extrêmement talentueux, expérimenté, mais complètement passé sous les radars du sélectionneur du XV de France Fabien Galthié qui ne fait appel que rarement à lui, souvent pour boucher un trou.
« Bien sûr que j’ai envie d’y aller et que j’espère y aller », assure Baptiste Serin. « J’ai un poste où il y a beaucoup de concurrence et je ne pense pas être dans les premiers choix non plus. Un joueur a une place, Toto ; après, ça diminue les places.
« J’essaie de faire le travail avec le club pour essayer d’y revenir. Mais je ne suis pas décideur. J’ai envie d’y revenir et je fais tout pour. »
Capitaine face à l’Argentine
Lui-même attendra avec impatience la liste dans quelques jours, en espérant y figurer, comme avant. Même si l’espoir s’est affaibli ces dernières années. « C’était quelque chose que j’attendais tellement pendant des années et je n’ai pas réussi à revenir. Tu tombes dans un moment où tu te dis que c’est impossible, même par rapport à tes performances. Mais j’y crois. Je m’y attache.
« Quand j’y étais tout le temps, je trouvais que c’était normal, à un moment de ma carrière. Et quand tu n’y es plus, tu te dis qu’il y a quelque chose qui te manque. Oui, ça me manque. Malheureusement, ça ne m’appartient pas. »
Pourtant, lorsqu’il lui a confié le capitanat pour la tournée en Amérique du Sud en juillet dernier, Galthié ne tarissait pas d’éloges à son égard.
L’espoir s’est affaibli
« C’est le joueur le plus expérimenté. Il a plus de 30 ans, plus de 40 sélections », avait-il rappelé avant le départ. « Il a fait très belle saison avec son club. Pour nous, c’est un joueur essentiel dans le leadership, dans la conduite du jeu et dans l’expérience.
« Sa présence permettra aux autres joueurs de se concentrer un peu plus sur la performance. Car c’est une équipe qui a zéro expérience collective et qui va devoir maîtriser ses émotions. C’est un challenge très relevé. Baptiste a quand même ce vécu qui nous permet de le nommer capitaine de l’équipe de France. »
Pour la Coupe du Monde de Rugby 2023, Galthié l’avait mis « en attente », au même titre que Brice Dulin, un autre joueur d’expérience qui n’est plus rappelé non plus. Mais ça ne date pas d’aujourd’hui.
Blessé avant la tournée de novembre 2021, Serin avait vite été remplacé et lors du Tournoi 2022 qui mena au Grand Chelem, il n’était même pas dans le groupe des 42 ; plutôt dans celui des « 75 ». Le staff lui avait préféré Dupont, Lucu et Couilloud, dans l’ordre. Mais Baptiste y croit encore.
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