Édition du Nord

Select Edition

Nord Nord
Sud Sud
Mondial Mondial
Nouvelle Zélande Nouvelle Zélande
France France

Le point de bascule du Tournoi des Six Nations

Le point de bascule

Il ne reste plus que deux journées. Pour certains, ce sera la descente à partir de maintenant ; pour d’autres, il s’agira de lutter pour obtenir une ou deux victoires et gagner en respectabilité. Il faut distinguer deux catégories pour remporter l’édition 2024 : les « probables » et les « possibles ».

ADVERTISEMENT

Les « probables » [Irlande, France et Angleterre] ont remporté six de leurs neuf matchs, et leur seule défaite contre l’un des « possibles » s’est produite samedi 24 février à Murrayfield. Le résultat de ce match signifie que l’Ecosse semble une fois de plus la plus à même d’émerger des « Possibles » et de se battre pour le titre.

Les probables – L’Irlande [3-0], qui renaît de ses cendres après la Coupe du Monde

L’Irlande a respecté le scénario et a réussi à se relever après la déception de la Coupe du Monde de Rugby. Les hommes en vert n’ont pas tremblé lors des deux premières journées du Tournoi 2024, et nombre de leurs indicateurs de performance sont restés stables, voire se sont améliorés :

  • Augmentation du temps moyen de possession de balle. En hausse de deux minutes, passant de 20,5 minutes par match en 2023 à 22,5 minutes lors des trois premières journées de 2024, avec une proportion de possession en hausse de 5 %, passant de 52,5 % à 57,7 %. Ce type de ballon est précieux pour le XV du Trèfle. Donnez à l’Irlande suffisamment d’occasions et elle vous fera mal – une moyenne de cinq essais jusqu’à présent en 2024, contre quatre en 2023.
  • Un nombre de plaquages plus faible. La défense est facilitée par le fait que l’adversaire a moins de temps avec le ballon en main. L’Irlande ne réalise en moyenne que 152 plaquages par match, soit 60 de moins que l’Italie, en bas de tableau [212]. C’est comme tenir un bon joueur de billard à l’écart du tapis vert : moins il a d’occasions, plus il aura tendance à les saisir.
  • Plus grande domination dans le dernier quart d’heure. Le différentiel de points de l’Irlande dans les 20 dernières minutes était de 50-10 en 2023, il est actuellement de 40-0 un an plus tard. Par rapport à la Coupe du monde, leur touche a été des plus efficaces, avec un taux de conservation de 92,5%, offrant une plateforme redoutable pour 13 de leurs 15 essais jusqu’à présent.
  • La discipline est la seule véritable limite. L’Irlande a été pénalisée lors de ses trois matchs, avec un bilan global de 29 pénalités accordées et 37 concédées. Le pilier Andrew Porter a été la cible des arbitres avec six pénalités infligées.
  • Les joueurs clés ont été le nouveau capitaine de la touche Tadhg Beirne, qui a réalisé une formidable performance sur toute la ligne – 22 courses avec quatre franchissements et deux essais, 10 ballons gagnés en touche dont deux interceptions et en ruck – et l’impérial James Lowe, avec ses 33 courses pour 265 mètres parcourus et sept franchissements, le tout au côté de son véritable atout : le plus long jeu au pied de dégagement du tournoi depuis l’aile gauche [27 coups de pied pour 1226 mètres].

Les probables – La France [1-1-1] en chute libre ?

Les Bleus sont l’une des deux équipes qui s’éloignent des standards élevés qu’elles avaient établis lors du même tournoi en 2022 et 2023. On constate à la fois une dégradation au niveau de la touche et de la capacité à marquer des essais en dehors des phases conquêtes.

  • Le taux de possession de la France a toujours tendance à être faible, autour de 45 %, en raison de la quantité de ballon renvoyé au pied – généralement plus de 30 fois par match. Ils veulent gagner les duels de longs coups de pied entre les 22.
  • La différence sans Dupont réside dans une capacité moindre à contrer dans des situations « non structurées » en dehors de la phase de conquête : les Tricolores ont marqué 57% de leurs essais en 2023 [12 sur 21] avec le neuf toulousain à la manœuvre, à un taux de 2,4 essais « non structurés » par match. Sans lui en 2024, ils n’ont marqué qu’un essai sur cinq à partir de pertes de balles ou de renvois [0,33%]
  • Inefficacité offensive. Les offloads ont légèrement reculé, passant de 1 pour 12 courses avec ballon en 2023 à 1 pour 14 un an plus tard, les lignes d’avantage sont en baisse de 11% et la capacité de la France à marquer des essais s’est effondrée, passant de plus de quatre essais par match à seulement 1,25 en l’espace de 12 mois. Lors de la troisième journée, les Bleus n’ont marqué aucun point par visite dans les 22 de l’Italie. Peut-on vraiment attribuer tout cela à l’influence d’un seul joueur ?
  • L’absence de deux joueurs « totems » illustre le manque de continuité entre le club et la sélection nationale. Le trois-quarts centre Yoram Moefana a d’abord été préféré à Louis Bielle-Biarrey sur l’aile gauche contre l’Irlande. Le jeune homme de 20 ans, au talent inouï, comptait déjà trois franchissements et un essai décisif à son actif après un seul match contre l’Écosse, avant d’être remplaçant pour le match de la troisième manche contre les Azzurri. Le numéro 8 Greg Alldritt avait montré des signes de retour à son meilleur niveau avec 21 courses avec ballon, 27 plaquages et trois ballons grattés avant de se blesser brutalement à Murrayfield. Le staff a un besoin urgent de retrouver la confiance de ses supporters, et l’engagement en attaque sera un critère de sélection essentiel pour Fabien Galthié lors des deux derniers tours du tournoi.

Les probables – Angleterre [2-1], maintenir le cap ou faire du surplace ?

Steve Borthwick affiche un bilan positif de huit victoires lors de ses dix derniers matchs. Il a ainsi gagné un temps précieux pour remanier la défense anglaise sous la houlette de l’ancien sélectionneur des Springboks, Felix Jones, et pour rationaliser la phase offensive. La grande question est de savoir si ça va être efficace, alors que les deux missions les plus difficiles de l’Angleterre [à domicile contre l’Irlande et à l’extérieur à Paris] sont encore à venir.

  • La défense a clairement été l’un des principaux domaines de préoccupation, le champion du monde Jones arrivant pour enseigner le principe de destruction made in Springbok. Jusqu’à présent, les signes sont encourageants. Le taux de réussite des plaquages, qui était de 76 % en 2023, a légèrement augmenté pour atteindre 79,5 %, tandis que la moyenne de quatre essais par match concédés la saison dernière est tombée à 2,7. Bien qu’ils n’aient gratté que sept ballons en trois matchs, les joueurs de Jones bénéficient du plus faible ratio de ballons rapides [1-3 secondes de ruck] accordés à leurs adversaires (38 %), et cette statistique sera une arme importante contre les Irlandais.
  • L’attaque a montré des signes de ralentissement, car l’Angleterre investit désormais l’essentiel de son temps et de son énergie de l’autre côté du ballon. Vingt minutes de temps de possession actif en 2023 sont passées à 18,5 un an plus tard, et la moyenne de 96 rucks posés par match en 2023 est tombée à 82.
  • L’importance accrue accordée à la défense constitue désormais un « gros souci » pour Steve Borthwick. Avec le retour de Marcus Smith après une blessure, le retour d’Henry Slade au poste de 13 et l’apport de sang neuf avec Tommy Freeman de Northampton [cinq plaquages dominants, le plus grand nombre de mètres parcourus [167 m] et d’offloads [3], deuxième au nombre de franchissements [3] par un arrière anglais], Borthwick a un choix à faire. Comment ajouter du punch offensif alors que la défense consomme tant d’énergie et de ressources ? Comment utiliser au mieux les jeunes pousses comme Freeman, Smith et Ben Earl ? L’accueil de la toute puissante Irlande sera révélateur.

Les possibles – L’Ecosse [2-1] va-t-elle s’en mordre les doigts ?

L’Ecosse regrettera de ne pas avoir réussi à battre la France lors de la deuxième journée, un match qu’elle aurait dû remporter aisément. Cela aurait permis à l’Ecosse d’afficher un bilan de 3-0 et d’affronter plus sereinement l’Irlande lors de la dernière journée du Tournoi. Lorsque Gregor Townsend et son staff regardent les statistiques brutes, ils peuvent aussi se demander pourquoi ils mettent autant de jeu au pied et négligent les points forts qu’il a intégrés à son équipe.

  • En tant que botteur principal, Finn Russell est en tête du classement avec un 100% (15/15). La vraie question est de savoir pourquoi le jeu au pied écossais a explosé, passant d’une moyenne de 26 coups de pied pour 826 m par match en 2023, à un énorme 39 coups de pied pour 1226 m un an plus tard, avec leurs demi mêlées Russell et Ben White les deux meilleurs botteurs de la compétition. L’Écosse est descendue sous la barre des 1 000 mètres pour la première fois contre l’Angleterre à Murrayfield, et elle n’en a que mieux profité.
  • Jusqu’au troisième tour, l’accent mis sur le jeu au pied a largement amoindri la menace de l’ailier géant Duhan van Der Merwe, auteur de l’un des grands essais de l’édition 2023 à Twickenham. Le Sud-Africain d’origine a réalisé une moyenne de 10 courses pour 96 m avec 1,6 franchissement par match l’année dernière ; mais après deux tours en 2024, il a affiché des stats bien moins impressionnantes : huit courses pour 62 m avec un franchissement. Le triplé contre l’Angleterre a quelque peu sauvé ces statistiques avec sept courses pour 78 m, et 1,3 franchissement en moyenne par match.
  • L’inclinaison vers le jeu au pied de l’Ecosse signifie que même si le ballon est en jeu pendant de longues périodes, les Ecossais bénéficient de moins de temps effectif – 18,5 minutes sur 39 de jeu effectif [47,4%] contre 22,5 minutes sur 39 [57,7%] pour l’Irlande, soit quatre minutes de moins.
  • Townsend sera également préoccupé par le fait que ses joueurs perdent actuellement le dernier quart d’heure de leur match 29 à 3. Cette statistique est-elle le reflet d’une fragilité mentale ou physique ? Le jeu au pied est-il plus pénalisant pour l’Ecosse que pour ses adversaires ? Quoi qu’il en soit, le sélectionneur de l’Ecosse voudra que les talents du triangle arrière tels que Van Der Merwe, Blair Kinghorn et le nouveau venu Kyle Rowe jount plus à la main.

Les possibles – Pays de Galles [0-3], enfin un tournant ?

Le Pays de Galles a perdu ses trois premiers matchs, mais les résultats n’ont pas été à la hauteur des performances et de la nouvelle approche de Warren Gatland, qui en est à son deuxième mandat en tant que sélectionneur national. Les trois matchs ont donné des lueurs d’espoir et le Pays de Galles a offert l’opposition la plus déterminée à l’implacable progression de l’Irlande sur la voie du Grand Chelem lors du troisième tour à Dublin.

  • Le Pays de Galles a connu l’un des retournements statistiques les plus significatifs de tous en 2024. De 18,7 minutes de possession active et 49 % de possession globale en 2023, ils sont passés à 20,7 minutes de possession active et 52 % de possession un an plus tard.
  • Après avoir été une équipe de botteurs et de chasseurs de coups de pied lors des 40 premières minutes contre l’Écosse, le Pays de Galles s’est soudainement métamorphosé, au cours de ses cinq dernières mi-temps, en une équipe qui conserve le ballon et construit à partir de rucks : 109 rucks en moyenne pour un taux de rétention de 99%, passant de 92 à 95% de rucks en 2023. C’est un bond impressionnant par rapport au précédent plan de jeu de Gatland pour les hommes en rouge.
  • La phase statique reste chancelante – la touche fonctionne actuellement avec un faible taux de conservation de 79 %, et la première ligne titulaire a eu du mal contre l’Irlande. Le Pays de Galles manque également de cohésion pour constituer une véritable menace offensive sur plusieurs phases, un seul essai ayant été marqué après la cinquième phase de jeu jusqu’à présent. Mais leur gestion des rucks a été si remarquable qu’elle leur donne une chance de se battre contre tous les adversaires – le nombre de pénalités est de 35-20 en leur faveur, un signe certain d’un excellent contrôle des rucks.
  • Ce n’est pas un hasard si les deux meilleurs joueurs du Pays de Galles débutent tous deux dans la troisième-ligne : Gatland a enfin trouvé un successeur naturel et digne de Taulupe Faletau au poste de numéro 8 en la personne d’Aaron Wainwright [38 courses avec 149 mètres, plus 15 prises en touche en trois performances de 80 minutes] ; le côté ouvert Tommy Reffell a amélioré sa production offensive [25 courses, deux franchissements] en plus des sept ballons grattés lors du tournoi.

Les possibles – Italie [0-2-1], de nouvelles tendances se dessinent-elles ?

Il est difficile d’envisager une amélioration significative des résultats pour les Azzurri. Après une défaite 31-14 à Twickenham en 2023 et une courte défaite 24-27 au premier tour 2024, l’Italie s’est effondrée le tour suivant, passant d’une défaite combative 20-34 contre l’Irlande en 2023 à un cinglant 36-0 contre les mêmes adversaires. Au troisième tour contre la France, un carton rouge infligé au centre Jonathan Danty leur donne l’occasion de remporter le match sur le gong, le match se terminant sur un score nul de 13-13. Sous la houlette de Gonzalo Quesada, la Squadra Azzurra s’efforce de pratiquer un rugby plus resserré et mieux maîtrisé, mais elle perd au passage une partie de ses promesses offensives initiées sous la houlette de Kieran Crowley.

  • Les statistiques en attaque ne sont pas très agréables à lire. Dix-neuf minutes de temps actif en possession du ballon en 2023 [50% de possession] sont passées à seulement 16 [et 43%] en 2024. 96 rucks en moyenne par match en 2023 – avec un ratio de 60 % de ballons sortis rapidement, juste derrière l’Irlande – a chuté à 72 rucks en moyenne un an plus tard. Quelque 5,8 franchissements par match en 2023 sont tombés à 3,7 par match. Résultat, les Azzurri ont tendance à se cantonner à la défense, avec une moyenne de 212 plaquages par match en 2024, même s’ils ont joué une mi-temps à 14.
  • Le flanker Michele Lamaro, avec ses 55 plaquages [dont cinq dominants], et l’ailier Monty Ioane [263 m de course avec trois plaquages offensifs, trois franchissements] sont deux lueurs d’espoir, mais à l’heure actuelle, on ne sait pas comment Quesada va compenser la baisse de régime de l’ère Crowley en matière d’attaque. L’inquiétude est que la meilleure chance de victoire de l’Italie est peut-être déjà passée, avec l’occasion gâchée à la dernière minute contre les Français.

Six Nations

P
W
L
D
PF
PA
PD
BP T
BP-7
BP
Total
1
Ireland
3
3
0
0
15
2
Scotland
3
2
1
0
9
3
England
3
2
1
0
8
4
France
3
1
1
1
6
5
Wales
3
0
3
0
3
6
Italy
3
0
2
1
3
ADVERTISEMENT

LIVE

{{item.title}}

Trending on RugbyPass

Commentaires

0 Comments
Soyez le premier à commenter...

Inscrivez-vous gratuitement et dites-nous ce que vous en pensez vraiment !

Inscription gratuite
ADVERTISEMENT

Latest Features

Comments on RugbyPass

LONG READ
LONG READ 'Springbok Galacticos can't go it alone for trophy-hunting Sharks' 'Springbok Galacticos can't go it alone for trophy-hunting Sharks'
Search