Le WXV, « des mini phases finales de Coupe du Monde » selon François Ratier
François Ratier, l’ancien coach du Canada et aujourd’hui de Bordeaux, porte un regard très impliqué sur le prochain match entre France et Canada le 29 septembre à Vancouver, en ouverture du WXV 1.
S’il n’y avait pas eu de blessées – Joanna Grisez qui se remet d’une blessure à la main et Annaëlle Deshayes d’une blessure au genou – le groupe des Lionnes du Stade Bordelais aurait pu être amputé d’une douzaine de joueuses pour le championnat de France !
Deux sont convoquées dans le groupe du Canada : la troisième-ligne Fabiola Forteza et la demie de mêlée Justine Pelletier.
Six sont mobilisées avec le XV de France féminin : les piliers Maïlys Borak, Assia Khalfaoui et Ylanna Brosseau, la talonneuse Agathe Sochat (capitaine du Stade Bordelais), la deuxième-ligne Madoussou Fall, et la trois-quarts centre Nassira Kondé.
Ajoutez à cela l’Ecossaise Rhona Lloyd repartie en Afrique du Sud pour défendre son titre de championne du WXV 2 pendant la même fenêtre et vous comprendrez que les Lionnes sont des joueuses que l’on s’arrache.
« Comme entraîneur de club, ce que j’attends du WXV, très égoïstement, c’est qu’elles ne se blessent pas ! », rigole François Ratier, arrivé au poste de coach de Bordeaux l’année dernière et dont le contrat s’arrêtera au terme de cette saison qui commence. « Je veux qu’elles sortent du terrain en pleine forme. Ensuite, que ce soit les Canadiennes ou les Françaises, que nos Bordelaises fasse rayonner leur équipe. »
Rhona Lloyd mise à part, il est difficilement imaginable que les Canadiennes et les Françaises, qui jouent toute l’année côte à côte, qui ont même remporté deux années de suite le titre de championnes de France, n’aient pas évoqué leur confrontation future prévue au BC Place de Vancouver dimanche 29 septembre.
« Elles sont amies. Elles ont partagé beaucoup de choses ensemble. La dernière confrontation, le Canada a battu la France à la même date l’année dernière. Ça peut être intéressant », estime François Ratier.
C’est logiquement vers lui que les sélectionneurs des équipes nationales respectives se sont tournés pour savoir où en étaient les joueuses. A commencer par Kevin Rouet, sélectionneur du Canada, à propos de Forteza et Pelletier.
« Il les connait par cœur. Que ce soit Kevin ou moi, on les a vus grandir avec la province de Québec, avec Canada Développement… Je ne lui ai rien dit de ce qu’il savait déjà. Elles travaillent énormément, elles sont à 100% dédiées à leur club et à l’équipe nationale. Elles ne trichent pas. Au niveau du jeu, il les connaît par cœur. Ce qui les caractérise le plus, c’est leur éthique de travail », assure Ratier.
Le natif de Charente et qui a toujours un pied des deux côtés de l’Atlantique est sans doute l’un des meilleurs techniciens à poser un regard sans concession sur le jeu de l’une ou l’autre équipe. Et il ne s’est pas trop fait prier pour le partager lorsque RugbyPass lui a posé la question.
« Il y a beaucoup de talents individuels dans l’équipe de France. C’est une équipe qui est en train de construire son jeu en ce moment. Pour l’instant, c’est un jeu qui est plus sur la réaction que sur imposer un style ; on l’a vu face à l’Angleterre par exemple. La France a des joueuses qui ont peut-être plus de rugby (années) et elles construisent leur style.
« Le Canada, c’est un peu plus clair ; c’est un jeu extrêmement physique devant – comme d’habitude, sans compromis – avec beaucoup de vitesse derrière maintenant. C’est un jeu très positif avec un état d’esprit positif. Elles vont surfer sur l’engouement des JO (médaille d’argent à Paris 2024, ndlr) avec les septistes qui vont amener de l’énergie dans cette équipe. »
Lui-même lorsqu’il était en poste n’a pas eu la chance de vivre une compétition comme le WXV dont c’est la deuxième édition seulement.
« On faisait déjà, mais c’était aux fédérations de payer », rappelle François Ratier. « On faisait des tournées en Europe en novembre, sur la même base que les garçons – Angleterre, France, Irlande pour nous. Sauf que ce n’était pas des compétitions World Rugby, mais des test-matchs organisés entre fédérations.
« Là, c’est une vraie compétition établie. En termes de match, on arrivait à reproduire à peu près la même chose, mais là, pour les sélectionneurs, c’est plus de confort dans leur planification et leur préparation.
« Ça s’est grandement amélioré avec World Rugby en termes de nombre de matchs de qualité, des oppositions qui sont plus resserrées. Ce qui se passe en ce moment, ce sont des mini phases finales de Coupe du Monde. C’est exceptionnel d’avoir ces compétitions. »
A 8 157 km de distance, il ne perdra pas une miette !