L’équipe de France est-elle heureuse ?
La France a certes remporté la victoire samedi 10 février contre l’Écosse à Murrayfield, mais depuis le début du Tournoi des Six Nations, elle est loin d’être l’équipe à laquelle le monde du rugby s’est habitué ces dernières années.
Une défaite record contre l’Irlande lors de la première journée (17-38) a été suivie d’une prestation terne à Édimbourg (20-16), sauvée par un moment de magie de Louis Bielle-Biarrey en fin de match et par une décision de l’arbitre de touche diablement complexe.
Il y a une explication évidente à cette baisse de régime de la France, et l’absence d’Antoine Dupont dans ce Tournoi n’y est pas étrangère. Ajouté à cela la longue blessure au genou de Romain Ntamack, celle d’Anthony Jelonch (et maintenant même celle de Gregory Alldritt), les Bleus se sont vus arracher la colonne vertébrale de leur équipe.
Mais leurs problèmes sont peut-être plus profonds que cela, comme l’a récemment évoqué le Boks Office sur RugbyPass TV.
Les Bleus ont toujours la gueule de bois
Les anciens Springboks Hanyani Shimange et Jean de Villiers se sont retrouvés en compagnie de l’ancien pilier anglais Matt Stevens pour passer en revue la deuxième journée du Tournoi des Six Nations, avec un point spécifique sur les difficultés actuelles de la France.
Jean de Villiers, ancien trois-quarts centre (42 ans, 109 sélections avec l’Afrique du Sud) estime que les Français souffrent peut-être d’une « gueule de bois » après avoir été éliminés de leur propre Coupe du monde en quarts de finale par ses compatriotes, tout en expliquant le coup de massue mental que ça a représenté pour l’équipe.
« Ils manquent de confiance », explique le vainqueur de la Coupe du monde 2007.
« Beaucoup de gens ont dit que c’était la gueule de bois de la Coupe du monde après les attentes de leur Coupe du monde, et qu’ils n’étaient pas capables d’y répondre. On a l’impression que c’est ce que l’on voit dans cette équipe de France. On commence alors à se poser des questions : est-ce que c’est vraiment le cas ? Est-ce que cette équipe est heureuse ? Peut-elle s’en remettre ?
« Et peut-être aussi à comprendre l’aspect mental de ce qu’ils ont vécu – ils étaient sûrs de gagner la Coupe du monde. C’est ce que l’on ressent. Et la déception qui en découle, l’aspect mental du sport de haut niveau et l’effet qu’il produit lorsque vous ne répondez pas aux attentes. »
De la passion, mais pas de stratégie
Matthew Stevens (41 ans, 44 sélections avec l’Angleterre), qui a passé la dernière année de sa carrière en France sous les couleurs de Toulon (2015-2016), ajoute : « La France, c’est un vieux cliché, mais c’est un pays tout en émotion sur le plan sportif. Pour y avoir joué, il y a beaucoup de passion et pas beaucoup de stratégie dans la préparation d’un match.
« C’est un peu comme si l’on se disait “c’est notre terre, on doit la protéger, on doit y aller et mourir pour notre pays”. Ensuite, ils perdent Antoine Dupont, qui était très important pour eux. C’est une équipe de grands totems, ce qui, à mon avis, est toujours une faiblesse pour une équipe internationale, à l’opposé de l’Irlande qui a de la profondeur et de l’expérience sur tout le terrain. »
Les hommes de Fabien Galthié reprendront leur Tournoi des Six Nations le week-end prochain contre l’Italie à Lille avant d’affronter le Pays de Galles à Cardiff et de recevoir l’Angleterre à Lyon lors de la dernière journée.