L'équipe-type RugbyPass des Six-Nations
Qui a marqué les esprits ? Qui n’a pas répondu aux attentes ? Quels sont les joueurs dont les statistiques confirment ce que nous avons vu de nos propres yeux ? Quels sont ceux qui ont eu de l’influence sans faire de bruit ? Alors qu’une nouvelle édition du Tournoi des Six Nations vient de prendre fin, l’élite européenne a de quoi se poser des questions.
L’Irlande peut s’enorgueillir d’avoir soulevé un 2e trophée consécutif, mais sans le Grand Chelem qu’elle convoitait. L’Angleterre a enfin trouvé son rythme offensif, mais elle a calé à Lyon face aux Bleus. La France a commencé le Tournoi en affichant un visage inquiétant, mais l’a bouclé en ressemblant beaucoup plus à l’équipe qu’on connait depuis quatre ans.
L’Italie est entrée dans l’histoire en signant le meilleur Tournoi de son histoire (deux victoires, un nul, deux défaites), reléguant une horrible Coupe du monde aux oubliettes. L’Écosse, une fois de plus, a alterné l’encourageant et le déprimant, tandis que la cuillère de bois dont a écopé le Pays de Galles est avant tout le produit d’une perturbation massive de son identité de jeu et d’un grand nombre de débutants jetés dans le creuset de la compétition.
Au terme d’un Tournoi des Six Nations 2024 passionnant, RugbyPass fait le point et dresse son XV du championnat.
N’hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires ci-dessous, mais n’oubliez pas que c’est forcément subjectif. Allez, on s’y met…
15. George Furbank
Un élément essentiel du renouveau de l’attaque anglaise. Il n’a pas l’aisance de Freddie Steward dans les airs, mais en contre, Furbank fait des étincelles et affiche une créativité supérieure, digne du joueur qui joue parfois en 10 pour les Saints. Bien qu’il n’ait débuté que trois matches et qu’il se soit blessé tôt contre la France, ses courses en profondeur ont déstabilisé l’Irlande et il a marqué un essai brillant en première phase à Murrayfield.
L’Irlandais Hugo Keenan conserve une classe folle, le jeune Gallois Cam Winnett s’est battu admirablement dans des circonstances difficiles, tandis que Thomas Ramos a oscillé entre les postes d’arrière et de demi d’ouverture. Sans différence sur ses statistiques de tireur d’élite.
14. Monty Ioane
Une menace constante dans la surprenante équipe des Azzurri de Gonzalo Quesada. Ioane a parcouru près de 400 mètres, réalisé sept franchissements de ligne et huit offloads, uniquement battu dans ces deux dernières catégories par Damian Penaud. Il a joué chaque minute du Tournoi italien et a marqué des essais capitaux contre l’Angleterre et le pays de Galles.
Après un début de campagne en dedans, Penaud a retrouvé sa forme tandis que Calvin Nash a pris sans problème la place laissée vacante par Mack Hansen dans les rangs irlandais.
13. Juan Ignacio Brex
Une main de fer dans un gant de velours. Dans le langage moderne du rugby, Brex est un centre “triple menace” qui peut courir, botter et passer à merveille. Il est capable de faire à peu près tout ce que l’on peut demander à un second centre international, et ce à un niveau exceptionnel. La manière de Brex de jouer dans le trafic est superbe, guidant une ligne de trois-quarts relativement jeune. Il a été désigné homme du match à l’issue des deux derniers matchs, une double récompense amplement méritée.
Huw Jones a mené l’attaque écossaise en marquant un essai individuel somptueux contre l’Irlande et, malgré quelques moments difficiles en défense, Gaël Fickou a souvent mis la France dans le bon sens, concluant notamment une action fulgurante avec aplomb à Lyon.
12. Bundee Aki
Un poste à haute concurrence compte tenu du dynamisme de Tommaso Menoncello pour l’Italie et des coups de tonnerre d’Ollie Lawrence lors des meilleurs matches de l’Angleterre.
Mais la régularité dans l’excellence d’Aki, à un mois de son 34e anniversaire, est vraiment remarquable. Il a conservé sa forme éblouissante de la Coupe du monde et s’est attelé à détruire les défenses et à briser la ligne d’avantage. Il a parcouru près de 400 mètres ballon en main en 50 charges.
11. James Lowe
Lui aussi fait preuve d’une constance remarquable. Lowe reste l’un des meilleurs finisseurs d’Europe et le canon qui lui sert de pied gauche est un atout précieux pour Andy Farrell. Seul Finn Russell a botté plus de mètres.
Lowe a inscrit quatre essais, a réalisé sept franchissements et a parcouru plus de mètres ballon en main que n’importe quel autre joueur : près de 100 mètres par match. Un autre Tournoi des Six Nations à savourer pour l’ailier d’origine néo-zélandaise.
Duhan van der Merwe a fait très mal au pays de Galles et à l’Angleterre, mais son influence a diminué plus tard dans le Tournoi, sevré de ballon.
10. Jack Crowley
Il a pris la place d’une icône et a mené son équipe à un nouveau titre de champion. Crowley est jeune et en phase d’apprentissage, mais il a réalisé une première campagne impressionnante dans le maillot de la légende Johnny Sexton. Il a la capacité de travail d’une fourmi, et apporte au poste de demi d’ouverture une dimension physique, notamment en défense.
Il a commencé le Tournoi des Six Nations par une formidable démonstration de gestion du jeu à Marseille et, malgré une performance d’équipe en demi-teinte contre l’Écosse, il l’a terminé avec une médaille de vainqueur autour du cou.
George Ford a été sublime à Lyon, faisant preuve d’esprit et d’astuce, tandis que Finn Russell a joué son rôle de chef d’orchestre à la perfection contre le Pays de Galles en première mi-temps, mais son influence a fluctué en fonction des résultats de l’Écosse.
9. Jamison Gibson-Park
Nolann Le Garrec a contribué à transformer l’attaque française lors des deux derniers matches, mais le brio de Gibson-Park sur l’ensemble des Six-Nations lui permet de devancer le jeune joueur du Racing.
Le style de Gibson-Park est impitoyable : rapide, percutant et mortel, il sert les attaquants irlandais, extrêmement efficaces, partout sur le terrain, choisissant les options et donnant l’impulsion. Il a terminé le Tournoi avec trois passes menant à l’essai. Personne n’a fait mieux. Il s’est même montré solide sur l’aile lorsque les blessures et le banc de touche en 6-2 ont obligé l’Irlande à bricoler une ligne arrière à Twickenham.
8. Ben Earl
Dans la lignée de sa Coupe du monde sensationnelle, il a réalisé un excellent Tournoi des Six Nations. La boule de démolition des Saracens a porté 15 fois plus que n’importe quel autre joueur et a couru 143 mètres de plus que n’importe quel autre avant.
Seuls deux ailiers, Lowe et Penaud, ont fait mieux que ses 418 mètres couverts balle en main. Earl a battu 24 défenseurs – personne n’a fait mieux parmi les avants – et a marqué deux essais. Ces chiffres impressionnants soulignent l’impact évident d’Earl et son importance croissante dans le renouveau anglais.
7. Tommy Reffell
Toujours à la pointe du combat, il a montré la voie à certains de ses coéquipiers. Il a participé à plus de rucks et a gagné plus de ballons sur les points de rencontre que n’importe quel autre joueur. Il s’est particulièrement illustré lors de la défaite galloise contre l’Angleterre.
Sam Underhill a été une fois de plus, un véritable sécateur humain.
6. Charles Ollivon
Au sein d’une équipe française oscillant entre le néant et le satisfaisant, Ollivon a offert des moments de grande classe et son leadership. Son rendement n’a que rarement baissé. 3e ligne souvent présent au soutien offensif, il a marqué un essai contre l’Italie, a déchiré la défense anglaise tout en parvenant à glisser le ballon à Léo Barré après contact. Le premier capitaine de l’ère Galthié demeure un joueur incontournable pour le sélectionneur et un exemple pour ses coéquipiers.
Alex Mann est arrivé à maturité dans la 3e ligne galloise, et Andy Christie a été un atout majeur pour l’Ecosse, en particulier lors du dernier match.
5. Tadhg Beirne
Les contributions de Beirne à la conquête d’un nouveau titre irlandais ont pu passer un peu inaperçues tant ses qualités sont grandes. Son activité est essentielle pour Andy Farrell : il porte le ballon, plaque solidement, tout en constituant une menace en attaque. Sa capacité à anticiper ce qui peut se passer et à savoir où il doit se trouver est bluffante : personne n’a volé plus de touches que lui.
Ollie Chessum a été efficace aussi bien à l’attelage que sur le flanc de la 3e ligne.
4. Dafydd Jenkins
Au sein d’un pays de Galles en pleine reconstruction, Jenkins, 21 ans seulement, a été une présence totémique. Rob Baxter a décelé son immense potentiel de leader à Exeter et lui a confié le rôle de capitaine au début de la saison. Il est le plus jeune capitaine du pays de Galles depuis l’emblématique Gareth Edwards il y a une cinquantaine d’années. Deuxième plus gros plaqueur derrière l’Italien Michele Lamaro, il a participé à 144 rucks offensifs. Sa réputation grandissante s’est encore renforcée. Le pays de Galles peut construire un pack autour de lui pour les douze prochaines années.
Joe McCarthy a eu une présence physique incontournable dans la salle des machines irlandaise.
3. Uini Atonio
Il avait annoncé sa retraite le soir de l’élimination en Coupe du monde, mais il est rapidement revenu sur sa décision, pour la plus grande joie de Fabien Galthié.
L’éternel Dan Cole mérite une mention, tout comme Zander Fagerson, l’avant le plus impactant d’Écosse, auteur de 22 plaquages à Dublin.
2. Dan Sheehan
Il redéfinit complètement le rôle du talonneur saison après saison. Sa forme irrésistible ne montre aucun signe de fléchissement, même s’il y a eu quelques lancers ratés lors du dénouement.
Il termine meilleur marqueur d’essais du Tournoi (cinq), a porté plus de ballons que n’importe quel joueur de première ligne et a fait preuve de rapidité, de puissance dans la droite ligne de son ascension fulgurante sous le maillot vert.
Jamie George a magnifiquement dirigé l’Angleterre en dépit d’un énorme chagrin personnel, lui qui a perdu sa maman durant la compétition.
1. Andrew Porter
Il s’est classé parmi les cinq meilleurs nettoyeurs de rucks, a gratté quelques ballons, et a porté, en moyenne, plus de sept ballons par match. Son essai derrière en mêlée fermée contre l’Écosse a été déterminant pour le titre et il a fait clignoter furieusement les feux arrière des visiteurs au moment de la mêlée, un domaine dans lequel sa technique a été critiquée par le passé.
Le massif Pierre Schoeman et l’ultra-mobile Danilo Fischetti ont fait preuve d’une grande efficacité et méritent d’être signalés.