Redevenir maîtres chez eux, l'obsession des Bleus
Aborder une dernière journée du Tournoi des Six Nations en étant toujours en quête d’une victoire sur son sol, voilà un cas de figure que l’équipe de France ne rencontre pas souvent. Depuis que l’Italie a rejoint la compétition, en 2000, cela ne s’est produit qu’une seule fois : en 2013.
Cette année-là, les troupes du capitaine Thierry Dusautoir réalisent un Tournoi calamiteux : une défaite à Rome pour démarrer (23-18), un revers au Stade de France face au pays de Galles pour suivre (6-16), une déconvenue à Twickenham malgré l’essai fantastique de Wesley Fofana lors de la 3e journée (23-18) et un match nul à Dublin (13-13) lors de la 4e journée.
Derniers avant la dernière rencontre, la réception de l’Ecosse, les Bleus n’en mènent pas large à ce moment-là. « C’est important de bien terminer ce tournoi, lâchait le sélectionneur d’alors, Philippe Saint-André. […] On aimerait tous sortir avec le sourire et sous les applaudissements du Stade de France. C’est un mauvais tournoi : finir 5e ou 6e, ça n’intéresse personne ».
Les joueurs de PSA termineront bien derniers de l’édition 2013, mais gagneront ce match de la peur 23-16. Pas de quoi sauver la face, la dernière place leur revenant, mais ils avaient au moins terminé sur une bonne note, ce qui avait fait « du bien à tout le monde », jugeait Saint-André.
Douze ans après, la situation se répète. En moins catastrophique toutefois. Le XV de France millésime 2024 est d’ores et déjà assuré de ne pas finir dernier – il peut même encore gagner ce Tournoi – , a déjà signé deux succès en quatre matchs.
Mais à la maison, c’est la panne sèche. Les Irlandais sont venus en balade à Marseille (17-38), tandis que les Italiens doivent encore ruminer d’avoir cédé le match nul à des Français qu’ils tenaient au bout du fusil (13-13). En remontant à la Coupe du Monde et la défaite 29-28 en quarts de finale face à l’Afrique du Sud, l’équipe de France reste même sur trois matchs consécutifs sans victoire sur son sol…
L’idée directrice, pour cette dernière semaine à Marcoussis avant de retrouver les clubs : bien finir ce Tournoi, qui offre une 3e réception aux Bleus (ils s’étaient déplacés trois fois en 2013, pour deux réceptions).
« C’est important de vite retourner au boulot pour recevoir l’Angleterre, qui a fait un très gros match contre l’Irlande. C’est hyper important de pouvoir gagner à la maison », embrayait Romain Taofifénua, quelques minutes à peine après le coup de sifflet final à Cardiff.
« On veut gagner ce match pour terminer ce Tournoi sur deux bonnes notes, être sur une phase ascendante et rentrer chez nous avec le sourire, corroborait Charles Ollivon, mardi lors du premier point presse de la semaine. Ce France – Angleterre, il compte donc beaucoup à nos yeux. »
Dynamique positive ou pas, un Crunch, c’est toujours spécial, rappelle Grégory Alldritt. Ça le sera d’autant plus que les hommes de Steve Borthwick ont sûrement gardé en tête l’humiliation infligée par les Bleus aux Three Lions, sur leurs terres (10-53), l’an dernier.
« Ça va être un gros combat contre l’Angleterre, annonce le capitaine. Ils ont énormément progressé défensivement. On va aussi retrouver notre public à Lyon et on a envie de lui faire plaisir. Il n’a pas forcément été rassasié jusqu’ici dans le Tournoi ». Et ne demandera qu’à s’enflammer, rassuré par le visage montré par les Bleus à Cardiff dimanche dernier.