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Les carnets de Tournoi de Morgane Bourgeois (dernier chapitre)

Par Morgane Bourgeois at Allianz Stadium, Twickenham
Morgane Bourgeois @ Parme

Semaine Italie

La cinquième semaine de compétition se fait sentir, et l’intensité des séances laisse des traces. La fatigue s’installe sérieusement, les corps tirent de partout. Certaines tombent malades et l’ambiance est étrange pour notre séance à haute intensité du mardi. Certaines filles vomissent, d’autres souffrent de l’intensité du terrain, le groupe tient mais on sent que ce n’est pas une semaine comme les autres.

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Et pourtant, malgré tout ça, une idée nous tient éveillées : Twickenham. La finale dans un coin de nos têtes, ce rêve qui nous pousse à nous lever chaque matin. L’image d’un stade plein, nos familles en tribunes, un titre sept ans plus tard… Ce match-là, on le veut plus que tout.

Pour moi, ce sera peut-être mon premier Crunch en seniors. Une excitation folle. Mais avant ça, il faut aller gagner en Italie. Pas de relâche. L’Italie est une équipe solide, elle l’a prouvé face à l’Écosse. C’est un match piège. Se déplacer en Italie, ce n’est jamais simple.

Ambiance Ligue des Champions

La semaine est aussi marquée par deux soirées de Ligue des Champions. Quatre affiches à suivre, ça change du rugby. Les quarts de finale animent les débats. Avec certaines filles, on échange, on chambre, on argumente…

Une phrase m’aura marquée : « 1+1 = plus de deux ». Ce n’est pas qu’une formule : c’est un état d’esprit. Une vision du collectif qui dépasse l’addition des individualités.

Ça fait du bien de penser à autre chose, de sortir un peu du rugby à outrance. On vit, on respire rugby toute la semaine, alors ces moments de discussion autour d’un autre sport nous offrent une petite bulle d’air.

Remise des maillots

La colonel Nathalie Picot, commandante de la base aérienne de Bordeaux, nous a fait l’honneur de nous partager son parcours. Ses valeurs font écho aux nôtres, même si nos combats sont différents. Le temps d’échange a duré, beaucoup de questions, beaucoup d’écoute.

Dans son discours, une phrase m’aura marquée : « 1+1 = plus de deux ». Ce n’est pas qu’une formule : c’est un état d’esprit. Une vision du collectif qui dépasse l’addition des individualités.

Sur le terrain, on le vit à chaque instant : une joueuse seule peut être brillante, mais c’est le lien entre les joueuses, les connexions, les regards, les efforts invisibles, qui font basculer un match.

Voyage express en Italie

Pour nous rendre à Parme, on bénéficie d’un vol affrété, où tout est minuté. À l’arrivée, nous nous rendons au stade pour faire le Captain Run. Surprise quand nous avons découvert que nous répéterions nos lancements sur le terrain annexe, derrière. C’est particulier, pas habituel. On sent l’étonnement sur les visages.

Le terrain principal est réservé pour les matchs du lendemain, alors on s’adapte.

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Mais fort heureusement : les buteurs ont eu du temps sur le terrain principal. Une belle opportunité pour moi. La séance était top, concentration maximale, 100% de réussite.

Jour de match – Samedi

Changement d’ambiance. Le stade est assez petit, il y a à peine 2 000 personnes. Ça fait un choc après la semaine précédente. C’est toujours étrange de voir un tel écart de développement entre les nations.

Mais l’envie reste la même : faire le taf, avancer, et gagner. C’est un peu comme une demi-finale que l’on joue face à l’Italie. Que ce fut dur. Le match était serré, tendu, et la tension fut palpable jusqu’au bout.

Rencontre
Womens Six Nations
Italy Women
21 - 34
Temps complet
France Women
Toutes les stats et les données

Alors que j’avais réalisé un Captain Run parfait, avec un 100% face aux poteaux, le jour du match était complètement différent. Un jour sans. Je ne saurais pas l’expliquer. Ça m’est déjà arrivé, quelques fois, et quand ça arrive, il n’y a pas grand chose à faire. Accepter d’être dans l’échec face aux perches, et tout donner dans le jeu pour compenser.

Quelle frustration de ne pas récompenser les efforts de l’équipe qui a tant donné en seconde période. Je m’en veux. L’équipe a fait preuve de beaucoup de caractère, et a su scorer autrement. Quel soulagement.

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À la fin du match, quand la pression retombe, c’est émotionnellement très intense pour moi.

On l’a fait, on s’est offert une finale à Twickenham, non sans difficulté. Nous avons quand même pris le bonus, en Italie, mis 34 points au total, et c’est une belle performance.

Quelle surprise sur le trajet du retour, quand je vais lire mes demandes de message sur Instagram.

Souvent, des messages de félicitations s’y cachent, mais cette fois, c’est tout le contraire. Cette fois s’est glissé un message d’insultes, violent. « Sale grosse pute… Vas bien niquer ta mère salope, va ». Waw.

Un message de haine d’un parieur qui avait perdu son pari, visiblement « à cause » de moi.

Je pensais que le rugby féminin était encore protégé de ça. Que notre humble notoriété n’attirait pas encore cette pression.
C’est peut-être le revers de la médaille. Quoi qu’il en soit, ce message blesse, il est assez perturbant.

Sur Instagram s’est glissé un message d’insultes, violent. « Sale grosse p… Vas bien niquer ta mère s…, va ». Waw. Un message de haine d’un parieur qui avait perdu son pari, visiblement « à cause » de moi.

Je ne sais pas si les gens qui écrivent ce genre de messages savent que nous sommes des êtres humains, avec des sentiments, des émotions, et des défauts.

Que faire d’autre ? Cela ne me perturbera pas pour la semaine à venir. Je connais mes forces, mes qualités, et je saurai rebondir à Twickenham si le staff m’en donne l’opportunité.

Sprint final

La dernière semaine de préparation avant notre départ pour l’Angleterre est placée sous le signe de la fraîcheur et de la légèreté. La charge d’entraînement est considérablement allégée : il s’agit de garder de l’intensité tout en préservant nos corps, pour arriver les plus fraîches possibles à l’heure du rendez-vous tant attendu.

C’est aussi une semaine particulière sur le plan émotionnel : les derniers moments partagés, les derniers repas pris ensemble, renforcent encore un peu plus notre cohésion et font naître une forme de douce nostalgie.

Pour les dernières soirées, le fameux “lol qui rit sort” s’est imposé en salle de vie, une parenthèse de bonne humeur au cœur de cette semaine si spéciale.

Arrivées en Angleterre, le traditionnel “Captain Run” marquait notre première prise de contact avec le stade. L’instant était solennel et minutieusement chronométré. La pelouse, immaculée, ressemblait à un véritable billard, parfaitement entretenue par une dizaine de jardiniers méticuleux que l’on voyait encore à l’œuvre à notre arrivée.

Le temps imparti pour les buteurs était extrêmement court, si bien que je n’ai pu tenter que cinq ou six frappes. C’était bien moins que ce à quoi je suis habituée, mais il a fallu s’adapter, privilégier la qualité à la quantité.

Au-delà de l’aspect purement sportif, ce “Captain Run” a été un moment riche en émotions, notamment grâce à l’hommage fait pour Jean Abeilhou.

Présent pour commenter notre dernier match, il vivait lui aussi une fin de cycle, celle de sa carrière de journaliste sportif. Sa voix, familière et chaleureuse, a accompagné l’essor du rugby féminin pendant de nombreuses années. Le voir ici, au bord du terrain, chargé d’émotion à l’idée de tourner cette page, nous a profondément touchées.

Il est l’une de ces voix qui ont porté notre sport haut et fort, bien avant qu’il ne bénéficie de l’éclairage médiatique actuel. Ce moment partagé avec lui, empreint de respect et de gratitude, restera gravé dans nos mémoires, à l’image de cette semaine si particulière, suspendue entre passé, présent et avenir.

Jour de Crunch

Arrivée : c’est un truc de fou, y’a des gens partout autour du stade, un bain de foule, je croise le regard de mon père qui a presque les larmes aux yeux. Moment fort.

D’ailleurs, je me retrouve un peu spectatrice de l’évènement. Pour mon premier Crunch, je comprends ce que c’est de jouer face à la meilleure nation mondiale pendant les 20 premières minutes. 31-7 au bout de 23 minutes, elles semblent répéter une chorégraphie que l’on n’est pas capable de suivre.

Puis peu à peu, nos égos, nos caractères et notre mentalité nous permettent de réagir, et de revenir. À la pause, on sent dans les regards une grande confiance. Seulement 10 points d’écart, rien n’est fait.

On ne s’avoue pas vaincues, loin de là.

Rencontre
Womens Six Nations
England Women
43 - 42
Temps complet
France Women
Toutes les stats et les données

La deuxième mi-temps est intense, nous courons après le score, on s’essouffle mais on ne rompt pas. L’essai de Jo nourrit d’espoir toute une équipe, un groupe, une famille. Un point. Nous sommes à un point d’un exploit. Dans ma tête, j’envisage la possibilité d’une pénalité de la gagne.

On va y arriver, nous sommes prêtes.

Malheureusement, le temps est trop court et le match se termine ainsi. Nos 20 premières minutes nous auront coûté trop cher. La déception est immense. Si près du but. Les discours sont forcément encourageants.

Nous étions à un point de renverser les numéros un mondiales chez elles, à quelques mois de la Coupe du monde.

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Comments on RugbyPass

J
JW 24 minutes ago
Three former All Blacks assess the playing style adopted against France

Yep Wilson at least does a lot of such research but I think it’s only when it revolves around the All Blacks etc, like he go and find out why Ireland whipped our butt etc, and come back with a view we need to imrpove and do x y z like such and such is.


But none of them are individuals that are a) any sort of quality coach/analyst of the game (NPC the highest), or b) seem to consume stupids amount of rugby for the love of it like people in a similar profession in other top leagues. Johnson is probably the only one I would say comes close to that but is a pure fan, I don’t think he has any pro knowledge.


To be fair to them, the best in say soccer or american football would get paid a hundred times what these guys do, but it’s so hard in those markets that all panelists have to be students of the game just to get a shot. And in the case of Beaver, he is like the Ian Smith of cricket, he’s a knowledgable gu, enough to lead people down the wrong track (they would believe him), but they’re both very obvious in their more parochial opinions that you know to take what Beavers saying with a grain of salt. Wilson, Marshall, and even Mils go off like they think theyre the bees knees,


Admittedly things are changing globably, i’ve glimpsed enough football shows to know the Britsih media are happy, and the fans too soaking it up, getting the most high profile ex players on a show as the best way to increase ratings.

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J
JW 47 minutes ago
Beauden Barrett weighs in on controversial yellow card

It’s an interesting question because a normal diberate knock on is just a penalty offense, an normal infringement like any other, so that’s deemed where the was not a reasonable chance to catch the ball.


But it’s a ruling that can also be upgraded to a foul, and by association, a yellow card, when it’s it was also deliberately trying to deny the ball to another player. For instance, that is why they are just given penalties up the field, because the player has just made a bad decision (one where he had no reasonable chance) and he doesn’t really care if the pass had gone to hand for his opponents or not (he was just thinking about being a hero etc).


So the way the refs have been asked to apply the law is to basically just determine whether there was an overlap (and not to try and guess what the player was actually thinking) or not, as to whether it’s a penalty or a YC.


This is the part Barrett doesn’t like, he’s essentially saying “but I had no idea whether they were likely to score or not (whether there was an unmarked man), so how can you tell me I was deliberately trying to prevent it going to someone, it could have been a blind pass to no one”.


It’s WR trying to make it clear cut for fans and refs, if at the players expense.

But yes, also you must think it entirely possible given both were foul plays that they could both go to the bench. Much the same as we see regularly when even though the play scores a try, they have started sending the player off still.


And while I agree Narawa didn’t knock it on, I think the ball did go forward, just off the shoulder. As his hands were up in the air, above the ball, basically like a basketball hope over his right shoulder, I guess you’re right in that if it did make contact with his hands it would have had to be deflected backwards onto his shoulder etc. Looking at the replay, Le Garrec clearly lost control of the ball forward too, but because Barrett was deemed to have committed a deliberate act, that overrides the knockon from 9.


I just don’t understand how they can consider it a deliberate attempt to block a pass when he actually lost the ball forward!

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