L’un des Crunch les plus importants de l’histoire du rugby
Que garder de la dernière fois que les deux équipes se sont rencontrées à Twickenham le 11 mars 2023 ? Evidemment le souvenir de cette victoire incroyable des Français 53-10 alors que l’Angleterre découvrait son nouveau sélectionneur Steve Borthwick. C’était alors le plus gros résultat des Bleus en 51 ans et leur plus grande marge de victoire en 112 ans.
De quoi marquer les esprits et de constituer un marqueur dans l’histoire du XV de France. D’autant que les Thomas Ramos, Damian Penaud, Thibaud Flament et Charles Ollivon, marqueurs de points il y a un an, sont reconduits pour ce dernier match du Tournoi 2024.
Même si les hommes de Fabien Galthié n’ont pas encore digéré la fin abrupte de leur Coupe du Monde de Rugby 2023, la seule façon de se relever sera de gagner, gagner et gagner encore.
« Quand on se relève, il faut retenir les leçons. C’est nécessaire d’être blessé de temps en temps, dans le sport de haut niveau. Il faut être prêt à ça. L’exigence du sport de haut niveau, c’est la résilience, c’est pas simplement se relever. C’est se relever et être plus fort que la veille », a répété Patrick Arlettaz dans la semaine, l’entraîneur en charge de l’attaque.
Une victoire, même serrée, et leur tournoi sera sauvé. Une défaite et ce sera la crise. On sait comment fonctionnent les Français et ils voudront que des têtes tombent, comme pour exorciser ce que le destin n’a pas accordé à leur équipe.
Lyon à quitte ou double
La France a remporté les trois dernières rencontres sur le sol français, la dernière victoire de l’Angleterre étant celle du Grand Chelem 31-21 en mars 2016.
A Lyon, l’équipe n’a disputé que deux tests auparavant et les deux ont été des matchs à sens unique. Elle a battu l’Italie 60-7 dans cette enceinte lors de la Coupe du Monde de Rugby 2023, mais a subi sa plus lourde défaite à domicile en 100 ans lorsqu’elle s’est inclinée 47-3 face à la Nouvelle-Zélande en novembre 2006 au Stade de Gerland. Un site à quitte ou double.
L’improbable scénario pour gagner
La victoire contre le Pays de Galles conjuguée à la défaite de l’Irlande lors de la quatrième journée a complètement relancé l’hypothèse selon laquelle la France pourrait bien non seulement sauver son Tournoi, mais même le remporter. Carrément. Sortons les calculatrices de ce scénario improbable…
La France a encore une chance mathématique de remporter le titre, même si elle est très mince. Pour cela, elle doit battre l’Angleterre avec un point de bonus et espérer que l’Ecosse, avec laquelle elle est à égalité (11 points) et avec une différence de points identique (+4), batte largement l’Irlande, mais sans marquer de point de bonus. L’Irlande étant à +80, la France (+4) aura donc besoin d’un grand écart de points en sa faveur si elle veut avoir une chance de l’emporter.
Mathématiquement donc, c’est jouable. Mais pour l’Angleterre aussi. Car si l’Irlande s’incline face à l’Écosse sans obtenir de point bonus, l’Angleterre sera sacrée championne grâce à une victoire bonifiée contre les Français.
Et si l’Angleterre ne parvient pas à marquer quatre essais dans ce scénario, le titre se jouera à la différence de points ; l’Angleterre abordant le week-end avec un score de -3, soit 83 points de moins que l’Irlande.
Un œil sur le classement final
De son côté, la France aborde le week-end à la quatrième place à la différence de points avec l’Écosse. La dernière fois qu’elle a terminé en dehors du Top 3, c’était en 2019, à la quatrième place. La dernière fois qu’elle a terminé plus bas que la quatrième place, c’était en 2016, lorsqu’elle était avant-dernière.
La deuxième place serait le meilleur classement de l’Angleterre depuis qu’elle a été finaliste en 2019.
Mais la France reste sur trois matchs à domicile sans victoire (un nul et deux défaites), soit sa plus longue série sans victoire à domicile depuis novembre 2017/février 2018 (quatre matchs).
Points forts et points faibles de la France
Parmi les points forts du XV de France, et ça va faire plaisir à William Servat, entraîneur en charge des avants, sa mêlée. Cinq des 10 essais français ont été marqués à partir d’une mêlée. C’est d’ailleurs la meilleure mêlée de la compétition (90%, avec l’Irlande). Mais pas que.
La France a aussi la moyenne la plus rapide pour la vitesse des rucks (3,47 secondes) et le meilleur taux de réussite des plaquages (91%).
Mais les vieux démons français, la discipline, ont entaché le début de son Tournoi. Le XV de France compte désormais quatre cartons rouges lors de ses 20 derniers tests, dont deux rien que dans le Tournoi 2024 pour Paul Willemse et Jonathan Danty.
L’équipe s’est toutefois montrée très disciplinée contre le Pays de Galles lors de la quatrième journée, ne concédant que trois pénalités, son plus faible décompte depuis 15 ans.
Points forts et points faibles de l’Angleterre
En face, l’Angleterre a la plus grande part d’occupation de toutes les équipes de la compétition (60%) ; elle a visité les 22 irlandais pas moins de 13 fois à Twickenham la semaine dernière.
L’équipe a aussi cette faculté de tout donner en seconde période pour remonter au score – l’Angleterre a concédé deux tiers de ses 90 points en première période. Menée à la mi-temps dans chacun de ses quatre matchs du Tournoi – jusqu’à 20 points cumulés d’écart – elle est revenue en force pour remporter trois de ces matchs. Il faut se replonger dans le Tournoi 1974 pour avoir le souvenir d’une équipe anglaise menée à la pause lors de chaque match.
Malgré tout, sa performance semble s’essouffler au fil des rencontres. La marge de victoire de l’Angleterre ne cesse de diminuer – trois points contre l’Italie, deux contre le Pays de Galles et un contre l’Irlande. Combien contre la France ?
Leur jeu au pied n’est pas optimal lorsqu’il s’agit de prendre les points. Leur taux de réussite de 62% (13/21) devant les poteaux est le pire de la compétition. Les transformations se sont avérées particulièrement problématiques avec seulement trois passées sur neuf.
Enfin, dernier point faible, ses sorties de ruck qui sont les plus lentes du Tournoi (4,41 secondes), laissant le temps à l’adversaire de se replacer et de se préparer.