Michael Hooper enjoint à l'Australie d'« ouvrir ses frontières »
Année après année, les Wallabies s’enfoncent un peu plus. Éliminée en poule lors de la Coupe du Monde 2023, dernière du Rugby Championship qui vient de prendre fin, l’Australie n’est plus que l’ombre de la grande nation de rugby qu’elle fut jusqu’en 2015, année de sa dernière finale mondiale.
Les anciens internationaux australiens Stephen Hoiles (16 capes) et Michael Hooper (125 capes) ont évoqué lors du podcast Between the Posts, hébergé sur Stan Sports, la nécessité de revoir le système de sélection de joueurs. Selon eux, les joueurs évoluant hors de l’île-continent devraient pouvoir défendre les couleurs ‘green and gold’.
En 2024, le sélectionneur Joe Schmidt n’a retenu qu’un seul joueur basé à l’étranger : Marika Koroibete. L’ailier des Panasonic Wild Knights, au Japon, a participé au deuxième test face aux Springboks au mois d’août.
Sans grand effet puisque Koroibete n’a pas inscrit le moindre point, et les Wallabies sont apparus démunis de force collective. En huit semaines de compétition et six matchs disputés, ils n’ont signé qu’une seule victoire, à l’arraché devant l’Argentine (20-19), et ont surtout concédé la plus lourde défaite de leur histoire (67-27 contre les Pumas à Santa Fe).
Malgré tout, Schmidt reste confiant et estime que son équipe est dans la bonne direction en vue de la tournée d’automne en Europe, avec quatre matchs au programme.
L’an prochain, la tournée des Lions britanniques et irlandais constitue un événement à ne pas rater, et Stephen Hoiles appelle de ses vœux une refonte du son système de sélection. L’ancien 3e ligne juge que le modèle à suivre est celui de l’Argentine ou de l’Afrique du Sud, deux nations qui n’hésitent pas à faire appel aux joueurs qui évoluent hors des frontières nationales.
« Je crois que nous sommes à un stade où le succès des Wallabies reste le facteur N.1 de la popularité du rugby ici », alors que le XV souffre énormément de la concurrence du rugby à XIII et du football australien. « Il faut faire tout ce qu’on peut » pour changer ça, souligne-t-il.
« Qui peut affirmer que ce sont nos 23 meilleurs joueurs qui représentent les Wallabies ? »
« Je ne veux pas paraître irrespectueux, mais quand on voit l’Argentine battre les Wallabies il y a quelques semaines… L’Argentine dispose de ses 23 ou 25 meilleurs joueurs. Ce sont eux qui jouent. »
« Qui peut affirmer sans hésiter que ce sont nos 23 meilleurs joueurs qui représentent les Wallabies chaque semaine ? Je pense qu’il y a beaucoup plus d’expérience à aller chercher à l’étranger.
« Mais si on veut le faire, et si on veut une chance de briller contre les Lions, il faut le faire dès cette tournée d’automne.
« Si cela fonctionne si bien pour les Boks, c’est parce qu’ils passent du temps ensemble et qu’ils n’ont pas trop changé leur plan de jeu. Ils arrivent sur le terrain et savent comment ils vont jouer. »
De tous les Australiens installés à l’étranger, il y en a un qui fait plus parler que les autres depuis que Joe Schmidt est sélectionneur : Will Skelton. Le Rochelais était capitaine lors de la dernière Coupe du Monde, mais il n’a pas effectué la moindre apparition avec son équipe nationale en 2024.
Le géant est pourtant l’un des meilleurs deuxièmes lignes d’Europe depuis plusieurs années maintenant. C’est un maillon essentiel des avants dominants des Maritimes en Top 14 comme en Champions Cup, et le pack est justement une des faiblesses récurrentes des Wallabies.
Wallaby depuis 2014, Skelton ne compte que 30 sélections
L’ancien capitaine Michael Hooper reconnait volontiers que Skelton serait « un apport énorme ». International depuis 2014, l’ancien joueur des Waratahs n’a cumulé que 30 sélections à ce jour car il a choisi de rejoindre les championnats européens depuis 2017 (les Saracens jusqu’en 2020, La Rochelle depuis).
« Il y a un risque, mais la contrepartie c’est que tu sélectionnes des joueurs qui ont l’habitude de disputer de grosses compétitions, avec beaucoup de pression », ajoute Hooper.
« On pourrait avoir la même chose ici avec le Super Rugby, mais on n’a pas été performants… Je crois que ça va changer l’an prochain. On va voir nos franchises mieux jouer et disputer des matchs plus importants.
« Les joueurs vont s’habituer à la pression, avec des matchs à plus haute intensité. Les Néo-Zélandais nous l’ont montré l’autre soir (lors de la dernière journée du Rugby Championship, NDLR), on commet des erreurs qu’eux ne font pas. Ils ont plus de sélections, plus de matchs de Super Rugby dans les jambes.
« Nous, on a très peu de capes internationales, et aussi des gars dans cette équipe qui n’ont pas beaucoup joué en Super Rugby non plus.
« Will Skelton, pour reprendre son exemple, a joué des finales en Top 14 (et en Champions Cup, NDLR). Cette présence, cette expérience de la victoire et le fait de faire partie d’une équipe vraiment compétitive, c’est extraordinaire. Je ne peux m’empêcher de penser que cela apporterait beaucoup à une équipe », soutient l’ancien flanker.
Les dirigeants d’Australia Rugby sont-ils du même avis ?
Cet article a été publié initialement en anglais sur RugbyPass.com et adapté en français par Jérémy Fahner.