Mike Tadjer, « bon mec et connard sur le terrain »
On ne peut pas le louper sur un terrain. L’armoire Mike Tadjer, talonneur de 1,80m et 105 kg, à qui on cherche pas de noises. Seule coquetterie, ses crampons colorés – en rose quand il jouait à Massy ! – dont le design est fait à la demande.
On veut l’éviter, c’est lui qui vient chercher. Et il aime ça. « Les mecs détestaient jouer contre toi parce que tu leur retournais la tête », lui balance son vieux complice Mathieu Bastareaud, dans le sixième épisode du BastaShow, disponible exclusivement sur la chaîne YouTube de RugbyPassFR.
« C’est un truc qui m’a suivi toute ma carrière », approuve Mike Tadjer (34 ans, 34 sélections avec le Portugal). « Beaucoup de gens me l’ont dit : quand je suis sur un terrain, je suis un connard. Je parle dans la bouche des mecs… C’était mon truc aussi. Tu tires les mecs, tu les tiens, tu les insultes, tu leur parles… Moi, j’aimais bien faire ça.
« Mais dans la vie, ça n’a rien à voir. Mais c’est vrai que plein de mecs m’ont dit : ‘c’est incroyable comment tu es un bon mec et connard sur le terrain’. »
La grande boucle des clubs
Mike a pris sa retraite en début d’année après une carrière entamée en 2007 qui lui a permis de faire la grande boucle des clubs français, qu’ils évoluent en Fédérale 1, Pro D2 ou Top 14 : Massy, Racing 92 (trois ans alors qu’ils sont encore en Pro D2), Agen, Brive, Clermont, Perpignan, Grenoble et Montauban avant de revenir finir à Massy, là où tout a commencé.
Mais c’est grâce à Patrice Lagisquet, alors sélectionneur du Portugal en vue de la Coupe du Monde de Rugby 2023 en France qu’il connaît son heure de gloire avec la sélection.
« Les petites nations ont pris des gros scores (Roumanie, Namibie…). Nous, on a un peu accroché tout le monde, on n’a pas pris de grosse branlée », raconte Tadjer.
« On envoyait du jeu. On n’avait rien à perdre, on voulait envoyer du jeu partout et ça a fonctionné, ça a plu. »
Os Lobos ont accroché le Pays de Galles (28-8), concédé le nul face à la Géorgie (18-18) – adversaire régulier qu’ils retrouveront en finale du Rugby Europe Championship le 17 mars à Jean-Bouin – se sont inclinés face à l’Australie (34-14) et ont battu les Fidji (24-23) pour la première fois dans l’histoire. Un véritable exploit.
La porte entrouverte
Clairement, le Portugal n’est pas passé inaperçu sur ce mondial et a contesté le statut de chouchou des supporters aux Fidjiens. De quoi attirer les regards et s’ouvrir des opportunités.
Ainsi, le Portugal sera invité à défier l’Afrique du Sud, championne du monde, sur ses terres le 20 juillet 2024, dans un lieu à déterminer. N’est-ce que le début pour le Portugal ?
« Je ne pense pas que ça ait ouvert. Je pense que ça a entrouvert », nuance Mike Tadjer, qui vient de reprendre un club de plage à Saint-Cyprien, mettant un terme définitif à sa carrière dans le rugby.
« Oui on a montré des belles choses. Maintenant, il faut que ça perdure, que ça ne soit pas un coup d’épée dans l’eau. Il faut que ça continue, qu’il y ait des résultats. La Géorgie, ça fait dix ans qu’ils roulent sur le championnat B et ils commencent seulement depuis quelques années à faire des gros matchs.
« J’espère que le Portugal va connaître un avenir à la Géorgie où ça continue à progresser, à monter, dans dix ans, à titiller les grosses équipes en Coupe du Monde. Mais la réalité, c’est comment ça fonctionne, surtout au niveau financier. Si t’as pas d’argent, tu ne peux pas monter d’infrastructures. Sportivement on essaie de montrer de belles choses et de continuer comme ça. »