Mirco Bergamasco : « Je suis plus bâton que carotte »
Par Jeremy Inson
Mirco Bergamasco est un aventurier. Il a joué dans divers pays et pratiqué trois versions du rugby – le XV, le XIII et le VII. Il compte également 89 sélections avec l’Italie.
Ce n’est donc pas étonnant de le voir passer de l’autre côté de la ligne, ni de le voir emprunter un chemin moins conventionnel.
Il n’a pas demandé à la fédération italienne de rugby (FIR) s’il pouvait prendre en main une sélection chez les jeunes et ne s’est pas non plus tourné vers l’une des franchises d’United Rugby Championship (URC) ni vers le Stade Français ou le Racing 92, les deux clubs de la région parisienne pour qui il a joué en Top 14.
Au lieu de cela, après 17 années d’une carrière achevée en 2018, il a accepté de prendre les commandes du RC Aubenas Vals en Nationale 1, le troisième échelon français, pour se faire la main.
« Il m’a fallu comprendre les forces et les faiblesses des joueurs »
« Lors de ma première année à Aubenas, j’entraînais comme j’aurais voulu être entraîné », a déclaré Bergamasco à RugbyPass. « Le problème, c’est que ça n’a pas marché. J’étais très exigeant et je n’écoutais pas les joueurs.
« Il m’a fallu comprendre les forces et les faiblesses des joueurs que j’entraînais. C’était le point de départ de ma croissance et de ma progression. Cela m’a aidé au fil du temps.
« Les deux premières années ont été compliquées parce que je passais de joueur à entraîneur. Après ces deux ans, je me suis calmé et j’ai commencé à penser comme un coach. »
Depuis, il a vu du pays en France, d’autant qu’il a passé les diplômes nécessaires à l’exercice de sa fonction. Il a quitté Aubenas-Val les Bains, dans le sud-est, pour partir en Charente puis en Loire-Atlantique, où il a coaché le Stade Nantais avant de rejoindre Limoges, où il exerce toujours en Fédérale 1.
« Je trouve le bâton plus efficace pour faire passer mon message. »
« Il faut faire en sorte que les joueurs comprennent comment ils peuvent s’améliorer. Il ne faut pas les ennuyer et s’assurer qu’ils restent concentrés sur ce que l’on attend d’eux.
« Je suis plus bâton que carotte, même si je peux sortir la carotte quand les joueurs le méritent. Quand je prends un groupe en main pour la première fois, je trouve le bâton plus efficace pour faire passer mon message. Je veux que les joueurs comprennent comment je travaille et ce que l’on va tenter d’obtenir. »
Quand il était joueur, Bergamasco évoluait avec une génération de joueurs qui ont tous débuté sous le maillot italien sous les ordres de John Kirwan. On les a ensuite poussés à aller jouer en Angleterre ou en France.
Avec son grand frère Mauro et Sergio Parisse, ils sont partis au Stade Français, où ils ont terminé deux fois champions de France. Mirco est ensuite parti au Racing 92 avant de rentrer en Italie pour jouer à Rovigo et aux Zebre. Il a également fait une pige aux États-Unis, avec les Sacramento Express.
Mais ils n’étaient pas les seuls dans ce cas. Marco Bortolami était capitaine de Gloucester et de Narbonne. Martin Castrogiovanni s’est fait un nom aux Leicester Tigers puis à Toulon. Alessandro Troncon et Gonzalo Canale ont joué à Clermont. Andrea Masi a joué à Biarritz, au Racing et aux Wasps. Leonardo Ghiraldini a, également, évolué à Leicester puis a porté les couleurs de Toulouse, comme Salvatore Perugini et Andrea Lo Cicero.
Une génération dorée pour perpétuer l’avenir
Cette génération a marqué l’Italie. Elle a permis aux Azzurri de décrocher leur premier point à l’extérieur dans le Tournoi des VI Nations en 2006 – un match nul 18-18 à Cardiff contre le pays de Galles.
Ils ont ensuite décroché le premier succès de l’Italie loin de ses bases l’année suivante dans la compétition, à Murrayfield (37-17 contre l’Écosse), puis ont été les premiers à gagner deux fois de suite dans le tournoi, performance rééditée en 2013 puis battue l’année dernière.
La plupart de ces joueurs sont devenus entraîneurs. Bortolami, par exemple, a brillé en menant Benetton aux quarts de finale d’URC et à une demi-finale de Challenge Cup.
Masi et Parisse font partie du staff de Toulon, Mauro Bergamasco a coaché dans les échelons inférieurs du rugby italien, Castrogiovanni dirige des académies consacrées aux entraîneurs et Troncon a travaillé à la fois pour la sélection nationale ainsi que pour les Zebre.
Après le magnifique Tournoi des VI Nations 2024 réalisé par l’Italie – une édition où elle était à quelques centimètres de battre la France – et au vu des conversions réussies de la génération dorée, il y a fort à parier que le rugby italien finira par briser le plafond de verre qui le retient depuis de si nombreuses années.
Cet article a été initialement publié en anglais sur RugbyPass.com et adapté en français par Idriss Chaplain.
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