Nouvelles règles de World Rugby : les réserves de Nigel Owens
L’ancien arbitre international Nigel Owens a demandé des règles plus claires sur les circonstances exactes pouvant conduire à un carton rouge. L’aménagement à la règle qui permet à un joueur exclu d’être remplacé après 20 minutes, est utilisé dans le Super Rugby, et la SANZAAR souhaite les voir introduites dans le monde entier.
Qualifiant ce carton rouge de 20 minutes de « réaction épidermique » qui ne prend pas en compte pas le problème principal, l’arbitre de 52 ans a déclaré : « Nous devons nous asseoir et nous pencher sur ce qui mérite réellement un carton rouge ».
Qu’est-ce qui mérite réellement un carton rouge ?
« Si quelque chose est complètement accidentel ou inconscient et qu’il n’y a pas d’imprudence, qu’il ne s’agit pas d’un acte de brutalité, alors nous devons nous demander pourquoi nous donnons un carton rouge pour quelque chose qui arrive par malchance », a-t-il développé à l’occasion d’une rencontre entre les médias et le panel indépendant de sélection des arbitres de l’URC dont il est membre.
« Si vous foncez dans un ruck, l’épaule la première, les bras derrière vous, directement dans la tête d’un joueur – un acte totalement imprudent et dangereux – alors vous devriez être expulsé et vous ne devriez pas être remplacé au bout de 20 minutes.
« Nous sommes coincés entre le marteau et l’enclume en ce moment et nous ne voulons pas gâcher un match en expulsant quelqu’un qui n’a pas eu de chance et en réduisant son équipe à quatorze hommes.
« Mais ma question est la suivante : si quelqu’un n’a pas de chance, pourquoi lui donne-t-on un carton rouge ? Nous devons donc déterminer ce qui justifie un carton rouge. »
Haro contre les porteurs d’eau
Nigel Owens souhaite également que World Rugby soit plus sévère à l’égard des entraîneurs et des porteurs d’eau qui pénètrent sur le terrain de jeu et remettent en question les décisions des officiels.
Le week-end dernier, l’entraîneur adjoint du Pays de Galles, Neil Jenkins, a été vu en train de sermonner l’arbitre français Mathieu Raynal lors du dernier match du Pays de Galles contre l’Italie.
Certains prétendent aussi que Williams Servat lui-même, entraîneur-adjoint de l’équipe de France qui agissait en tant que porteur d’eau lors du match contre l’Italie, aurait traversé le champ de vision du buteur italien Paolo Garbisi alors qu’il s’apprêtait à tirer une pénalité qui aurait pu être décisive pour le match, à Lille, à la fin de la troisième journée.
Nigel Owens, qui a arbitré plus de cent matchs internationaux, dont la finale de la Coupe du Monde de Rugby 2015, a appelé à des sanctions contre les porteurs d’eau et les entraîneurs qui ont agi de manière inappropriée sur le terrain de jeu.
« La valeur du respect dans le rugby est extrêmement importante », a-t-il insisté. « C’est une chose dont nous sommes fiers, en particulier ici à l’URC. Et lorsque cette ligne est franchie et qu’elle devient inacceptable, alors des sanctions doivent être prises.
« Je n’ai pas vu l’incident impliquant William Servat, mais j’étais à Cardiff samedi et j’ai entendu les commentaires entre Neil Jenkins et Mathieu Raynal, et j’ai trouvé que Mathieu Raynal avait très bien réagi sur le terrain.
« Je ne pense pas qu’il faille venir dire à l’arbitre de faire ci ou ça. Ce n’est pas leur rôle. Mais si vous venez dire quelque chose de pertinent, je n’aurais pas trop de problèmes avec ça. Mais quand les gens interviennent et s’en prennent aux arbitres, ce n’est pas acceptable et il faut s’en occuper.
« Je suis sûr que la WRU (Welsh Rugby Union) ou même Gats (Warren Gatland, le sélectionneur du Pays de Galles) va parler à Jenks et lui dire que ce n’est pas correct, qu’il y aura peut-être des excuses et qu’on passera à autre chose. C’est ce qui me semble important. »