O’Driscoll analyse les deux paris majeurs du XV de France face à l’Irlande

L’ancien trois-quarts centre de l’Irlande (133 sélections), qui s’était littéralement révélé en 2000 face aux Bleus, analyse deux risques majeurs sur lesquels pourtant capitalise la France pour son match contre l’Irlande le 8 mars à Dublin : le banc en 7-1 et le jeu autour d’Antoine Dupont.

Comme à Rome, le banc français compte sept avants pour un seul trois quarts, le demi de mêlée Maxime Lucu, une rareté au niveau international, et qui limite les options de remplacement en cas de casse dans les lignes arrières.

« Je le répète il y a toujours un risque », a reconnu Fabien Galthié, qui considère cependant ce banc comme le moyen « le plus pertinent pour performer en Irlande ».

☘️ 🇫🇷 Vos Bleus qui défieront l’Irlande, samedi 15h15, à Dublin 💪#IRLFRA #XVdeFrance #NeFaisonsXV pic.twitter.com/Xc9SxrTmAX

— France Rugby (@FranceRugby) March 6, 2025

« Cela me surprend », admet à son tour O’Driscoll dans les colonnes du Midi Olympique. « Le 7-1, je le vois plutôt comme un risque. Si vous avez un blessé derrière, vous êtes déjà en difficulté. Vous faites entrer Lucu mais il ne peut pas couvrir tous les postes. Vous allez donc demander à un autre joueur de performer à un poste qui n’est pas le sien. Et si vous avez un deuxième blessé, les choses sont soudain plus que complexes.

« Vous pouvez vous amuser avec ce genre d’expériences en club, à l’entraînement ou en championnat. Mais le top niveau international, c’est autre chose. Tout est plus dur, tout va plus vite. On ne peut pas improviser ou bricoler, à ce niveau. C’est en ce sens que le 7-1 me semble très risqué. On verra bien si le match leur donne raison.

« La récompense est claire : à la 50^e minute, vous faites entrer 7 avants d’un coup et vous pouvez changer le cours du match. La puissance du banc français est impressionnante et le staff a décidé d’appuyer sur ce point. C’est un pari, cela comporte donc un risque. Je suis curieux de voir quel en sera le bénéfice. »

Un sélectionneur qui est confiant dans ce 7-1, c’est Rassie Erasmus, le sélectionneur des Springboks, qui avait été le premier à tester cette combinaison. « Je suis assez impressionné par la dimension physique des Bleus, ils possèdent évidemment des magiciens mais ils peuvent aussi bien cogner et détruire leurs adversaires comme ils ont su le faire contre l’Italie », a-t-il confié aux journalistes.

« Les règles permettent d’avoir un banc en “7-1” (…) Les Français ont une ligne d’arrières qui leur permettent de couvrir plein de postes. Je ne passe pas pour le mec intelligent, je veux gagner, et c’est ce que les Français ont voulu faire en Italie. »

« Antoine Dupont est en train de changer notre sport »

S’il est risqué de miser tout un banc sur des avants, il l’est tout autant de faire tourner le jeu autour d’un seul joueur, tout Antoine Dupont soit-il.

« Contre l’Angleterre, on a dit cela, qu’il était dans un “jour sans”. La vérité, c’est qu’il a été moins bon que d’habitude, ce qui signifie qu’il a malgré tout était très bon », rappelle Brian O’Driscoll. « Ce match en Angleterre, la France n’aurait jamais dû le perdre, c’est une anomalie et si c’est arrivé, ce n’est certainement pas la seule faute de Dupont.

« Antoine, son niveau de base, c’est 8 sur 10. Voilà, un jour moyen, il a 8 sur 10, peut-être 8,5. Mais le plus souvent, il a plutôt 9 ou 9,5 sur 10. Et dans un grand jour, il a 11 sur 10.

« Il ne change pas seulement le niveau de son équipe, il est en train de changer notre sport. Voilà pourquoi la France a construit son plan de jeu autour de lui, de ce qu’il veut faire et de ses super-pouvoirs. Il voit tout avant tout le monde. Chaque action, il réfléchit déjà à ce qu’il fera dans deux ou trois temps de jeu.

« Il analyse la défense, l’arbitre, il observe où sont placés ses meilleurs porteurs de balle et si un joueur adverse est dans la mauvaise zone. Il scrute les états de forme de tout le monde, éventuellement si un joueur est blessé sur le terrain. En fonction de tous ces paramètres, il acte des choix de jeu pour plusieurs séquences. C’est bluffant à observer. Il me fascine. »

Selon le magicien irlandais, Antoine Dupont, « qui transforme une erreur en issue positive », sera l’une des clés du match. Un pari peut-être risqué, mais bien pensé.