Patrick Arlettaz, co-entraîneur des Bleus malgré lui
Patrick Arlettaz est un personnage de l’ombre que rien de destinait à se retrouver dans la lumière bleue. Et pourtant, aujourd’hui, c’est lui qui passe les coups de fil aux joueurs sélectionnés dans le groupe France pour préparer le Tournoi des Six Nations 2024.
En juin 2023, c’est lui qui en a reçu un, de la part de Fabien Galthié, sélectionneur du XV de France, quelques jours après la promotion de son équipe de Perpignan dans le Top 14 après avoir battu Grenoble dans le match d’accession.
Un déjeuner d’avril 2023
Il pensait lever un peu le pied après une bonne partie de sa carrière passée à l’USAP, son club de toujours (il est aussi passé à Narbonne et Montpellier). Il est né à Perpignan (il y a 51 ans), a joué à Perpignan (1992-1996) et a entraîné à Perpignan (2012-2023).
Et c’est à Perpignan que les liens se sont noués avec Galthié au fil des ans, jusqu’à ce déjeuner d’avril 2023 qu’il raconte à L’Equipe. « On était dans un coin là-bas (il pointe une table de l’autre côté du restaurant), on a commencé le repas à midi, on est partis à 18h », raconte-t-il.
« On a sorti les stylos, fait des schémas sur des nappes. Et là, je me suis dit que ça l’intéressait beaucoup quand même, qu’il me posait beaucoup de questions. Nos échanges ont continué et il m’a annoncé la bonne nouvelle en juin. »
Une sélection en passant
Patrick Arlettaz ne s’est pas fait prier pour intégrer le staff des Bleus en remplacement de Laurent Labit, parti au Stade Français Paris, même si absolument rien ne le prédisposait à se rapprocher de l’équipe de France. Il ne compte en effet qu’une seule sélection en bleu, en 1995 contre la Roumanie (il a marqué un doublé).
« C’était une sélection en passant qui venait me remercier, me féliciter pour les quelques saisons que j’avais fait à l’USAP, mais ça s’est arrêté très vite. J’ai toujours été un joueur de club », a-t-il évoqué sur France Bleu Roussillon.
Il a un côté Gérard Darmon, Patrick Arlettaz, accentué par sa façon de prendre du recul sur sa nouvelle vie, lui qui pense encore que Galthié aurait pu « prendre d’autres noms, plus clinquants, plus bankables, plus lisses, plus cadres Fédé… » que le sien, comme il le détaille dans L’Equipe.
Il y confi être « excité, stressé, impatient (…) J’y vais avec beaucoup de modestie, je ne connais pas du tout ce type de fonctionnement ». Il ne connait pas les joueurs intimement, mais parfaitement sur le plan rugbystique. Il espère néanmoins être digne de la mission qui lui a été confiée et c’est, pour lui, le plus important.
Son mantra : ne pas décevoir ceux qui ont confiance en lui
« J’ai toujours fonctionné comme ça : ne pas décevoir les gens qui me font confiance », dit-il encore. « D’un autre côté, je me dis que s’il l’a fait, c’est aussi pour ma personnalité, pour que je vienne en étant moi-même. Ça me va bien cette histoire. »
Amateur de beau jeu – celui des Néo-Zélandais, des Irlandais et des Français, pas celui des Sud-Africains, assure-t-il ; « j’ai une philosophie qui va plus vers la possession, la prise d’initiatives » – on le dit exalté, très humain, courageux, prêt à prendre des risques, magnifique conteur, adoré de ses joueurs et adepte des punchlines, sauce catalane : « Je ne veux voir que des ‘teignous’, il faut aller au maille, fraï ! », rapporte le Midi Libre.
Il se prépare à prendre des coups, comme il en a si souvent pris à Perpignan. « Ce qui m’importe le plus, c’est de convaincre les joueurs. S’ils disent à un moment donné que je ne suis pas au niveau, ça me ferait mal. Les autres, comme je n’ai ni Instagram, ni Facebook, je les laisse commenter », assure-t-il.
Les premiers éléments de réponse seront visibles dès le 2 février lorsque la France recevra l’Irlande à Marseille. Plus sûrement au terme du dernier match du Tournoi 2024 face à l’Angleterre le 16 mars à Lyon.