Pays de Galles – France : pourquoi il ne faut pas manquer ce match
Ok, on ne s’attend pas à un miracle : ni la France, ni le Pays de Galles ne remporteront le Tournoi de cette année. Ok, les deux équipes ont été décevantes jusqu’à présent en enchaînant les mauvaises prestations. Ok, ce sera le duel du ventre mou du Tournoi. Mais cette rencontre – la 104e du nom – pourrait bien être celle qui va sonner le renouveau de chaque camp. Voilà pourquoi.
Les deux équipes profondément renouvelées
Cette rencontre entre les deux équipes promet d’être sans équivalent. Car pour la première fois, chaque camp a renouvelé en profondeur son groupe ; fruit d’un post-Coupe du Monde de Rugby côté gallois (retraites et départs des cadres) et de blessures, congés et autres suspensions côté français.
Il n’y a qu’à voir la dernière fois que les deux nations se sont affrontées il y a un an (victoire des Bleus 41-28). Le Pays de Galles comptait alors plus de 1000 sélections dans son équipe avec les puissants Alun Wyn Jones, Gethin Jenkins, Dan Biggar, George North, Stephen Jones, Martyn Williams et Gareth Thomas. Ils sont tous partis et cette fois, on ne compte que 623 sélections à tout casser. Et encore, en incluant le banc !
Et la France ? Quasiment autant avec 620 sélections, banc compris. Plus contraint que forcé, Fabien Galthié a fait tourné son effectif avec pas moins de huit changements dont l’arrivée très attendue et porteuse de beaucoup d’espoir de trois nouveaux : le deuxième-ligne Emmanuel Meafou (à la place de Cameron Woki pas assez en forme), le trois-quarts centre Nicolas Depoortere (qui remplace Jonathan Danty suspendu) et l’arrière Léo Barré (à la place de Thomas Ramos parti à l’ouverture pour la première fois dans un test pour pallier l’absence sur blessure de Mathieu Jalibert).
Pour Warren Gatland et Fabien Galthié, c’est donc le moment de lancer et tester une nouvelle génération de joueurs en vue avec un œil sur la prochaine Coupe du Monde de Rugby 2027 en Australie.
On attendra donc beaucoup des trois titulaires débutants ainsi que du pilier droit Georges-Henri Colombe appelé sur le banc qui pourrait vivre lui aussi sa toute première sélection.
Et ce que l’on va attendre avec impatience du côté des Gallois, c’est de voir comment va se débrouiller la nouvelle paire de centres Owen Watkin – Joe Roberts (38 sélections à eux deux) qui remplace Nick Tompkins et George North (155 sélections à eux deux).
« On voulait tout simplement donner une chance à Joe. Il est également capable de botter du pied gauche et il s’est bien entraîné », a justifié Warren Gatland dans la semaine.
« J’ai trouvé qu’ils (North et Tompkins) avaient été remarquables pendant la Coupe du monde. Encore une fois, c’est l’occasion pour nous de regarder d’autres joueurs.
« George et moi avons eu des discussions franches sur sa participation à la prochaine Coupe du monde (en 2027). Il a commencé très jeune, je crois qu’à 18 ans il jouait pour le Pays de Galles.
« Une partie de nos discussions portait sur la façon dont nous allons le faire évoluer, comment nous allons nous occuper de lui pour la suite. Nous devons veiller à disposer d’une certaine profondeur au poste de 13. Et c’est pour cela que Joe a sa chance.
« Je dois dire que les deux garçons (North et Tompkins) ont réagi très bien après la déception d’avoir été écartés cette semaine. Ils ont été fantastiques dans leur façon de s’entraîner et d’aider l’équipe. »
Galthié-Gatland : un besoin désespéré de gagner
Est-ce que cela suffira pour l’une ou l’autre équipe pour décrocher une victoire dont ils ont chacune cruellement besoin ?
Pour l’heure, la France a l’avantage avec 53 victoires à 47 (trois nuls), dont cinq à la suite. C’est actuellement la plus longue série de victoires depuis les 11 d’affilée entre 1983 et 1993.
Le dernier déplacement des Français à Cardiff remonte à 2022, année du Grand Chelem, où ils étaient repartis avec une victoire 13-9.
Après trois défaites, les Gallois recherchent impérativement la victoire pour ne pas terminer derniers comme en 2003 ; ils ne doivent que leur 5e place actuelle au classement qu’à la différence de points avec l’Italie. Mais la forme n’y est pas. Depuis que Warren Gatland a repris les rênes de l’équipe, il n’a remporté que six rencontres sur les seize jouées, soit 38% de réussite.
Les Français ne sont pas complètement mieux logés à la 4e place avec une défaite, une victoire et un nul. Seulement deux fois dans l’histoire du Tournoi des Six Nations – en 2013 et 2019 – la France a échoué à remporter plus d’une victoire avant la cinquième et dernière journée. Et 2016 est la seule année, jusqu’à présent, où ils ont terminé à la 5e position.
Dans une mauvaise passe lui aussi, Galthié voit ses 80% de succès de son premier mandat fondre comme neige au soleil depuis le début de second mandat ; il n’est plus qu’à 77% de succès après ses 47 rencontres, ce qui reste néanmoins tout à fait honorable.
La petite lueur
Depuis la première journée du Tournoi, l’ailier Damian Penaud n’est plus qu’à deux essais d’égaler le record de Serge Blanco (38 essais), soit le meilleur marqueur d’essais français.
Il n’en a marqué aucun contre l’Ecosse ni l’Italie alors que d’aucuns pariaient qu’il battrait le record sur les deux rencontres. Il n’a pas enchaîné trois tests consécutifs sans marquer d’essai depuis une pénurie de cinq matchs entre 2017 et 2019.