Pourquoi Kinghorn devrait être l'arrière des Lions
D’une certaine façon, l’auteur de cet article préfèrerait choisir entre son père et sa mère, ou encore son enfant préféré, que de désigner son arrière préféré pour la tournée des Lions.
Choisir entre Blair Kinghorn et Hugo Keenan, c’est presque comme choisir entre son fils et sa fille.
Certes, d’autres joueurs pourraient prétendre à ce poste, comme Marcus Smith, qui évolue en 15 avec l’Angleterre en ce moment, ou encore Freddie Steward, excellent sous les ballons hauts.
Pour nos amis Gallois, on peut aussi parler de Blair Murray, qui s’est montré rassurant ces dernières semaines.
Il y a deux saisons, il aurait été impensable de penser à Kinghorn comme arrière n°1 pour les Lions britanniques et irlandais. Cela fait quatre ans qu’Hugo Keenan prouve toute l’étendue de son talent.
Ses déplacements, son sens du placement, ses plaquages féroces, ses attaques de la ligne : peu de joueurs peuvent se vanter d’avoir un profil aussi complet. Mais tout cela a changé en décembre 2023, quand Blair Kinghorn a décidé de rejoindre Toulouse.
Depuis, rien n’est plus pareil.
À Édimbourg, Kinghorn était un joueur fiable. Il alternait entre l’ouverture et l’arrière et a toujours répondu présent. Mais à Toulouse, il a franchi un cap impressionnant et survole littéralement le jeu.
Pendant le Tournoi des Six Nations, il a montré ce qu’il savait faire dans les airs et s’est montré bluffant, surtout maintenant que les escortes ne sont plus autorisées.
Dorénavant, les arrières ne peuvent plus compter sur trois coéquipiers pour les protéger. Ils ne peuvent compter que sur leurs qualités sous les ballons hauts.
Mais Kinghorn n’est pas qu’une assurance tous risques dans les airs. Il est aussi le joueur le plus rapide du XV du Chardon. Et quand des joueurs solides comme lui ont aussi la chance de courir vite, ça fait des ravages.
Kinghorn a parcouru deux fois plus de distance que tout autre joueur dans la compétition ballon en main (857,9 m). Son premier poursuivant n’est autre que son coéquipier Duhan van der Merwe avec 478 m. Pendant ce Tournoi des Six Nations, il a forcé les adversaires à plaquer à deux sur les extérieurs. Il compte le plus grand nombre de franchissements (9). Soit il cassait la ligne quand les plaquages à deux s’avéraient infructueux, soit il libérait après contact dans le cas contraire – il compte d’ailleurs le plus grand nombre d’offloads dans la compétition (13).
Combinez à cela la précision de Finn Russell sur les passes longues et vous comprenez comment l’Écosse fait pour pratiquer un rugby aussi dynamique. La sélection de ce dernier serait un argument de plus pour emmener Kinghorn en tournée avec les Lions.
Au-delà de la sempiternelle connexion que doit avoir le 10 avec son 9 et son 12, le rugby moderne requiert également une entente parfaite entre l’ouvreur et l’arrière, et le duo Russell-Kinghorn répond présent sur ce plan.
D’aucuns contre-argumentent que Kinghorn n’a pas un profil moderne pour intégrer le triangle arrière. En gros, c’est un 10/15, là où on voit de plus en plus de 15/14/11. Pour une raison que j’ignore, certaines personnes affirment qu’il n’est pas capable de passer de l’aile à l’arrière avec autant de fluidité que les autres joueurs. C’était peut-être vrai à Édimbourg, mais à Toulouse, il évolue régulièrement à l’aile.
Attention, ce billet n’avait pas pour but de dénigrer Hugo Keenan, qui est un joueur fantastique. Dans les faits, ce dernier a d’ailleurs un profil qui semble plus approprié au système d’Andy Farrell.
Mais, au vu de sa forme, de ses stats et des nouvelles règles, Kinghorn devrait avoir sa chance en 15 le 19 juillet, pour le premier match de la tournée, à Brisbane.
Ce texte, publié initialement sur RugbyPass.com, a été adapté en français par Idriss Chaplain.
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