De joueur à vice-président, comment Andrew Mehrtens a pris les rênes de Béziers
Le Sud-Africain d’origine Andrew Mehrtens a officiellement été nommé vice-président de l’AS Béziers jeudi 7 novembre. C’est là, dans cette petite ville de l’Hérault de 80 000 habitants, que s’était terminée sa carrière de joueur et d’entraineur. Et c’est là que va commencer sa nouvelle carrière de dirigeant de club à 51 ans.
Propriété de la ville depuis quatre ans, l’AS Béziers, actuellement 7e de la Pro D2 après neuf journées, a été racheté par des capitaux irlandais dans le cadre d’un projet sportif dirigé par l’ancien demi d’ouverture international (70 sélections avec les All Blacks) et l’ancien troisième-ligne et capitaine des Springboks sud-africains, Bobby Skinstad (42 sélections), champion du monde 2007.
Les négociations ont duré de longs mois avant que l’Autorité de régulation du rugby ne donne son accord. Selon le Midi Libre, les repreneurs ont versé 1,7 million d’Euros à la Ville de Béziers pour devenir acquéreurs du club qui affiche un budget de 9 millions d’Euros. Budget du reste assuré pour la saison en cours, selon ce qu’avait préparé l’ancienne gouvernance.
« On a promis de ne pas réduire le budget de la saison en cours et on cherchera à l’augmenter dans les trois prochaines années », a déclaré le nouveau vice-président Andrew Mehrtens.
De la Formule 1 au rugby
Le nouvel actionnaire majoritaire est donc désormais un fonds d’investissements irlandais, Strangford Capital, cofondé par l’homme d’affaires et ancien patron de la Formule 1 Eddie Jordan – qui a lancé la carrière du septuple champion du monde Michael Schumacher en 1991 – associé à d’autres investisseurs passionnés de sport.
Ce fonds a acquis 75% des parts détenues par la ville à travers une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) créée lors du sauvetage du club en 2021.
Cependant, la SCIC conserve 2 à 3% du capital afin de permettre à la ville de garder un droit de regard sur la gestion du club, à qui elle accorde chaque année environ 1,5 million d’euros de subventions.
Retour de Mehrtens dix ans après
Après avoir joué en Pro D2 avec Toulon (2007-2008) et le Racing 92 (2008-2010), puis en Top 14, Andrew Mehrtens a rejoint l’AS Béziers en Fédérale 1 en 2010 alors qu’il était âgé de 37 ans.
L’ex-star des All Blacks passé par Canterbury, les Crusaders et les Harlequins avant de débarquer en France, voulait alors relever un dernier défi en aidant le club, 11 fois champion de France, à retrouver l’élite, ce qui est arrivé dès la saison suivante. Mais déjà, Mehrtens voyait plus loin car son contrat de trois ans prévoyait qu’il intègre à terme l’encadrement du club.
Après une saison en tant que joueur, il en a été l’entraîneur en charge des arrières avant de, très vite, prendre les rênes de l’équipe après l’éviction de l’entraineur chef Marc Saurel, débarqué au bout d’un mois pour mauvais résultats : 14e au classement et à deux points du premier relégable au bout de dix journées.
Un limogeage que l’intéressé avait mal pris, comparant le club à un « nid de serpents » et chargeant son successeur, coupable de cette situation. « Andrew Merthens, c’est une vipère. Il n’avait pas arrêté de critiquer Anturville (Jean, entraîneur de Béziers lors de la montée en Pro D2 et décédé en 2019, ndlr), il voulait sa place. Puis, (Philippe) Benetton est arrivé et il l’a taillé de partout, le surnommant même “Benecon” sur les réseaux sociaux. Moi, quand je suis arrivé, je l’ai écarté. Mais il m’a mis des bâtons dans les roues, il a fait du lobbying. Il a eu ce qu’il voulait. »
Mehrtens n’avait donc pas laissé que de bons souvenirs à l’époque, au moins jusqu’en 2013 où il est parti en Australie pour entraîner les Waratahs.
Il y a 4 ans, la Ville rachetait le club
Il y a quatre ans, Robert Ménard, maire de Béziers, avait été le principal artisan d’une opération controversée de rachat du club par la ville, après l’échec d’un projet de reprise porté par l’ancien international français Christophe Dominici, en partenariat avec des fonds émiratis.
Là aussi, l’affaire ne s’était pas bien terminée, laissant des cicatrices sur l’histoire du club. Est-ce que ce rachat va permettre d’apaiser une situation tendue depuis tant d’années ?
Mehrtens et Skinstad ont prévenu qu’il ne fallait pas s’attendre à des bouleversements immédiats dans l’effectif et l’encadrement du club.
« En trois ou quatre ans, on peut faire beaucoup. La montée en Top 14, c’est une chose, mais il faut aussi penser aux efforts nécessaires pour s’y maintenir », a précisé l’ancien All Black qui demeure aujourd’hui à Paris, soulignant que le club devra déjà viser à retrouver le sommet de la Pro D2.
Mais « on n’est pas là pour créer un club étranger, il faut qu’il reste un club français », a-t-il insisté en français, avant d’insister : « On va rester un club biterrois ».
Titrée 11 fois championne de France entre 1961 et 1984, l’AS Béziers n’a plus évolué dans l’élite du rugby français depuis la saison 2004-2005.
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