Tests d'automne : pourquoi les Samoa manquent à l'appel
Un an après la Coupe du Monde de Rugby 2023 en France et alors qu’ils avaient relancé leur saison internationale, les Samoa semblent être stoppés dans leur élan. Ils ne disputeront aucun test-match cet automne, faute de moyens financiers, ce que regrette le pilier samoan Paul Alo-Emile qui s’est entretenu sur la question auprès de l’AFP.
13e nation mondiale au classement World Rugby, les Samoa n’ont disputé que six rencontres depuis France 2023, en juillet, août et septembre derniers avec quatre victoires à la clé sur l’Italie (33-25), l’Espagne (34-30), les Tonga (43-17) et les USA (18-13).
Les Samoans avaient fait trembler l’Angleterre
A France 2023, les Samoa nourrissaient l’espoir de remporter au moins deux matchs et, peut-être, de se qualifier pour les quarts de finale comme ça avait été le cas en 1991 et 1995. Leur victoire écrasante 43-10 contre le Chili lors du premier match a malheureusement été suivie de déceptions.
L’indiscipline a joué un rôle clé, avec quatre cartons jaunes reçus lors des trois premiers matchs. Dans ces conditions, il était difficile d’espérer battre l’Argentine et le Japon, bien qu’une remontée tardive ait failli surprendre les Brave Blossoms.
Toutefois, la Manu Samoa a montré son potentiel face à l’Angleterre, qui a dû trembler jusqu’au dernier moment. Bien que la défaite ait été très serrée, les Samoa ont conclu leur Coupe du Monde sur une note positive, échouant de peu face aux futurs demi-finalistes (18-17).
Mais en juillet dernier, la fédération samoane a pris la décision d’annuler ses trois tests de novembre dans l’hémisphère Nord, expliquant à World Rugby qu’elle était « au bord de la banqueroute ».
Une opportunité ratée
« C’est une opportunité ratée pour nous de jouer contre certaines des meilleures équipes du monde », a regretté Paul Alo-Emile, le pilier droit samoan du Stade français (32 ans, 25 sélections) à l’AFP. « Ces tests de novembre sont un moment de visibilité pour beaucoup de joueurs, particulièrement ceux qui n’ont pas encore fait leur trou dans le rugby professionnel », ajoute-t-il, actuellement en convalescence en Top 14 après une blessure à l’épaule.
Alo-Emile, natif de Nouvelle-Zélande, insiste sur le potentiel inexploité des Samoa : « Je pense qu’il y a beaucoup de talents à découvrir aux Samoa. C’est une nation d’à peine 200 000 habitants, mais elle a produit des joueurs de renom, du redoutable trois-quarts centre Brian Lima aux nombreux membres de la famille Tuilagi, dont Manu qui joue pour l’Angleterre ».
Après la Coupe du monde, la fédération samoane a pris la décision de se séparer de son sélectionneur Seilala Mapusua en début d’année 2024. L’ancien trois-quarts centre avait pris la tête de l’équipe en 2020 et avait intégré des joueurs expérimentés issus de la sélection néo-zélandaise, comme Steven Luatua, Lima Sopoaga ou Charlie Faumuina, après un changement des règles d’éligibilité.
Toujours pas de sélectionneur
« Il avait une vision de l’avenir de notre rugby. Quand ils l’ont laissé partir, j’ai eu le sentiment que le rugby samoan était de nouveau coincé », explique Alo-Emile. « C’était frustrant car j’avais le sentiment que Seilala emmenait l’équipe dans la bonne direction, tant sur le plan rugby que culturel. »
Seilala vient de rebondir dans le staff des Moana Pasifika pour les deux prochaines saisons du Super Rugby Pacific comme l’a repéré RugbyPass.
En mars 2024, Mapusua a été remplacé par Mahnori Schwalger, un autre ancien joueur samoan qui a connu plusieurs succès en été avec des victoires contre l’Italie, les États-Unis et les Tonga. Cependant, il a récemment été suspendu après avoir été inculpé pour des agressions sexuelles sur mineur et n’a toujours pas été remplacé.
Alors que la fédération samoane se prépare à des élections en novembre, Paul Alo-Emile reste sceptique quant à une amélioration de la situation. « C’est la même histoire qui dure depuis que j’ai commencé à jouer, un problème qui persiste depuis longtemps », déplore-t-il, regrettant que le rugby samoan soit « toujours en train de repartir de zéro ».
Lui-même ne se sent plus l’énergie de tout donner pour le maillot. « J’adore jouer pour le maillot des Samoa, j’aime représenter ma famille », confie-t-il. « Mais est-ce que ça vaut le coup de ne pas voir mes enfants pendant quelques mois, de ne pas voir ma famille ? Pour le moment, la réponse est non. »
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