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Sa relation aux médias, l’Australie : Eddie Jones fait son auto-critique

Jim Hamilton et Eddie Jones à Shibuya, Tokyo

Eddie Jones est sans doute l’entraîneur le plus détesté de l’Australie. Même encore aujourd’hui. Il s’était retiré piteusement fin 2023 au terme d’une Coupe du Monde de Rugby désastreuse au cours de laquelle les Wallabies n’avaient pu sortir de leur poule. Une première dans l’histoire. Un séisme, une tragédie pour cette grande équipe alors que la prochaine édition du mondial sera chez eux en 2027.

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Avec l’affaire de son enrôlement dans l’équipe du Japon qui lui a gâché la fin de son mandat, Eddie Jones avait coupé les ponts avec les médias locaux. Au détour d’une balade à Shibuya, à Tokyo, il revient avec Jim Hamilton sur cette année 2023 qui l’aura cloué au pilori.

Un manque de moyens

« La situation était tout simplement trop instable », analyse-t-il pour l’émission Walk The Talk à voir en exclusivité et gratuitement sur RugbyPass TV avant de rentrer dans les détails. « Nous avons eu des changements de joueurs, des changements de dirigeants. Nous avons également tenté de modifier notre style de jeu à court terme.

« Quand un nutritionniste doit s’occuper de six équipes professionnelles, il est évident que les choses ne sont pas optimales et qu’ils manquent simplement de ressources et de moyens actuellement. Il y a toujours de bons joueurs, mais ce qui devient de plus en plus courant, c’est ce manque de ressources.

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Walk the Talk with Eddie Jones – Trailer | RPTV

Eddie Jones reflects on his career, rugby’s growth in Japan, coaching England and Australia, South African rugby and much more. Full episode coming Tuesday 18 June on RPTV

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Eddie Jones reflects on his career, rugby’s growth in Japan, coaching England and Australia, South African rugby and much more. Full episode coming Tuesday 18 June on RPTV

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« De plus, les jeunes joueurs talentueux de 14 et 15 ans, ceux qui savent courir, passer et attraper, sont souvent attirés par le rugby à XIII. Par conséquent, nous perdons des talents et, finalement, des joueurs. Peu importe les efforts fournis, il est essentiel de disposer de talents qui peuvent s’exprimer.

« Je me souviens avoir entendu quelqu’un demander à John McEnroe, il y a une dizaine d’années, pourquoi le tennis masculin américain était si médiocre. Il a donné une explication en disant que, lorsque le tennis est devenu professionnel, tout le monde utilisait des raquettes en bois, ce qui en faisait un jeu de technique. Mais aujourd’hui, avec les raquettes puissantes, tout repose sur le service et le retour, et les joueurs mesurent tous plus d’un mètre quatre-vingt-dix. »

Une ambition démesurée

Eddie Jones répète à l’envi qu’il s’est lancé à corps perdu dans ce défi australien, ne disposant que de neuf mois pour monter une équipe compétitive, après sept années passées à la tête de l’Angleterre.

« D’un point de vue personnel, je suis content de l’avoir fait », dit-il sans regret. « Quelqu’un m’a demandé si je pourrais venir entraîner juste avant la Coupe du monde, pour neuf mois. J’aurais pu ignorer la demande et ne pas répondre. Mais pourquoi ne pas tenter le coup ? J’ai apprécié cette expérience. »

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Déçu de l’état dans lequel il a trouvé le rugby australien, il a pensé – peut-être naïvement ? – qu’il pourrait le redresser en un temps record.

« J’ai cru qu’il y avait une ambition et un réel désir de faire de grands changements – comme en Afrique du Sud – de transformer notre manière de développer les talents. Malheureusement, en raison des circonstances, cela n’a pas été possible », confie-t-il.

« Si j’avais eu plus de temps, j’aurais probablement agi de la même manière. Car au final, il est parfois nécessaire de faire des changements pour assurer la prospérité de l’équipe. Je ne doute pas que Joe Schmidt (l’actuel sélectionneur, ndlr) va apporter des améliorations. Il y a de jeunes joueurs talentueux qui commencent à se démarquer. Ils ont traversé des moments difficiles et parfois, ce qui forge une bonne équipe, c’est la déception d’une campagne décevante. »

Son plus grand regret, dit-il : ne pas avoir trouvé en face le même niveau d’engagement qu’il réclamait.

Renaître des ruines

Positif et optimiste de nature, l’actuel entraîneur des Brave Blossoms au Japon, tente néanmoins de trouver un point positif à son expérience malheureuse : déjà au fond, l’Australie ne peut que se relever.

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« Vous savez, la différence entre être bon et être vraiment bon est si petite, si infime. En tant que joueur, vous devez prendre cette décision vous-même. Et ensuite, si vous avez suffisamment de gars pour prendre cette décision de vouloir s’entraîner un peu plus dur, ça peut devenir intéressant.

« Juste après la Coupe du monde, j’ai pris avec Scotty Robinson (actuel sélectionneur des All Blacks, ndlr) les Barbarians et nous avons joué contre le Pays de Galles. Vous savez comment c’est les barbarians, on s’entraîne le lundi, le mardi et c’est bon. Mais les joueurs des Fidji, après les entraînements, faisaient de la musculation en plus.

« Cela montre qu’il y a eu un changement culturel dans cette nation, dans cette équipe, et qu’ils commenceront à avoir des succès plus durables grâce à cela. Je reviens tout juste d’un tournoi des moins de 20 ans aux Samoa et, une fois encore, ils ont l’air en forme. Ils ont l’air engagés et c’est tout. Le déclic se fait.

« Parfois, il faut remuer un peu le couteau dans la plaie pour que le déclic se produise, ce qui faisait partie du travail que j’avais à faire en Australie. Mais je ne cherche pas d’excuses. Nous n’avons pas eu de succès. »

Comment il voit son engagement médiatique

La fin de son mandat a été largement documentée. Ayant nié pendant des mois qu’il envisageait de s’engager avec le Japon, il a été accusé de jouer un double-jeu et, tel un retour de bâton, de n’être pas assez investi dans le projet australien.

« En quittant l’Australie, je me suis senti un peu abattu et évidemment, comment ça s’est passé avec les médias n’a pas arrangé les choses, c’est vrai. Rétrospectivement, j’aurais probablement agi différemment », concède-t-il.

Sa relation avec les médias est une histoire à elle toute seule. Eddie Jones est le genre de type qui, après la victoire de son équipe, arrive en conférence de presse (toujours l’équipe gagnante après l’équipe perdante), répond aux questions en présence de son capitaine pendant quinze minutes, puis prend une chaise pour répondre en « privé » pendant encore une vingtaine de minutes pour prolonger le débat avec les journalistes, sur un ton plus détendu.

C’est alors qu’une relation privilégiée s’installe progressivement avec les médias qui le suivent régulièrement, comme ça a été le cas pendant sept ans en Angleterre. Sa règle d’or : parler du rugby et l’imposer dans le paysage médiatique. Tout est bon à prendre, du moment qu’on parle du rugby.

« Dans les médias, la chose la plus simple est de ne rien dire, ce qui demande une certaine discipline. Cependant, comme nous devons favoriser le développement du rugby, je crois qu’il est parfois de notre responsabilité d’initier et de stimuler le dialogue avec les médias. Parfois, il est nécessaire de se confronter aux défis, même si cela fait la une des journaux. Du moment que ça crée de l’actu autour du rugby. J’aurais préféré une approche différente, mais c’est ainsi que les choses se passent », considère-t-il.

Sa relation tumultueuse avec les médias

« J’ai beaucoup apprécié l’Angleterre et leur façon désespérée de chercher l’information. Ils viennent tous aux conférences de presse en ayant déjà en tête les gros titres qu’ils veulent faire. Ce que j’aimais faire, c’était ne pas leur donner le gros titre attendu, mais en créer un complètement différent. J’adorais ça.

« Mais en Australie, c’était trop conflictuel, et c’était ma faute. J’ai peut-être été trop intransigeant avec eux. Mais cela faisait partie de l’effort pour susciter de l’intérêt autour du rugby. En y réfléchissant, je réalise que je n’avais peut-être pas autant de contrôle que je l’aurais souhaité sur ma gestion des médias. C’est curieux, vous savez, à 63 ans on pense pouvoir le gérer.

« Mais je voulais impérativement faire ce travail difficile. J’étais tellement, peut-être désespérément, motivé à bien faire pour ce pays que j’aime, que cela s’est manifesté à travers les médias. »

Entre une presse britannique acharnée et passionnée et une presse australienne avec qui il était en conflit permanent, quelle est la presse qu’il préfère ? « La presse japonaise, parce que je ne peux pas la lire… », s’amuse-t-il.

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